Page images
PDF
EPUB

Voici, en effet, ce que nous lisons dans l'ouvrage de M. Noisette (1):

« Littée, Littæa (Thaliab) de l'hexandrie monogynie de Linné, famille des liliacées de Jussieu (2). Corolle de » six parties relevées; étamines à filaments érigés, plus longs que la corolle, à anthères versatiles. Du reste, » mêmes caractères que les Agave.

» Littée à fleurs géminées. Littæa geminiflora (Thaliab); » Yucca Boscii (Desf.); Dracea filamentosa (Hort. ital.) » du Brésil, feuilles très-nombreuses, étroites, longues, pendantes, roulées, filamenteuses, hampe de huit à dix » pieds; fleurs géminées, vertes en dehors, violettes en » dedans (3), avec les filets des étamines de la même >> couleur ».

[ocr errors]

Si la description de l'espèce est assez satisfaisante, celle du genre est au moins singulière; que nous dit, en effet, M. Noisette que les Littaa ont une corolle divisée en six parties; que leurs étamines ont des filaments érigés, plus longs que la corolle, et que les anthères sont versatiles. Mais tous ces caractères, sans en excepter un seul, appartiennent aux Agave. Je les trouve tous dans le Linné français de M. Vicq d'Azir (4), et on ajoute à l'énumération de ces caractères: Du reste, mêmes caractères que les Agave. En vérité, il faut que le désir d'innover soit bien fort chez certains auteurs, pour leur inspirer d'aussi futiles créations.

(1) Supplément au Catalogue des plantes cultivées dans les jardins, p. 58.

( 2 ) C'est une erreur; cette plante appartient à la famille des Narcisses, puisqu'elle a l'ovaire infère et que celui des liliacées est supère.

(3) Ce caractère n'appartient nullement à l'individu que nous avons observé.

(4) T. II, p. 8.

Si l'on s'en rapporte au Dictionnaire classique d'histoire naturelle, c'est le botaniste Brunhof qui aurait donné le premier au Bonapartea de la Flore du Pérou, le nom de Littaa geminiflora (1).

Telles sont, Messieurs, les recherches dont j'ai cru utile de vous faire connaître les résultats. Il suit de ces recherches que le Littaa geminiflora et l'Agave geminiflora, et peut-être plusieurs autres prétendues espèces, ne sont qu'une seule et même plante. Que cette plante a été rarement observée et mal décrite par la plupart des auteurs, qu'il convient en conséquence d'en publier une description complète; c'est par là que je vais terminer, en plaçant sous vos yeux, un dessin dû au crayon exercé de M. Gérand aîné.

Agave geminiflora Ker. Littoca geminiflora de (Brunhof, de Thaliab, de Brig) hexandrie monogynie de Linné; endogènes phanérog., famille de Narcissoïdes.

GENRE.- Périgone à six divisions profondes, légèrement révolutées, lancéolées, d'un jaune verdâtre en dehors et brunâtre au dedans.

Etamines Six filaments filiformes, droits, s'élevant d'environ 0,03 au-dessus du périgone; anthères plus courtes que les filaments, sillonnées, versatiles; ayant environ 0,02 de longueur, supportées horizontalement par le filet.

:

Pistil Un seul, ovaire oblong, infère; style beaucoup plus gros que les étamines, imparfaitement cylindrique, (presque triangulaire), plus petit que les étamines dans les premières fleurs, et aussi grand qu'elles, lorsque la floraison est plus avancée; stigmates en tête et trifides.

Inflorescence Fleurs en épi terminal, très-nombreuses (de 6 à 700 environ), géminées s'épanouissant d'abord à

(1) Dict. classique d'Hist. naturelle, t. IX, p. 465.

TOME XVI.

8

environ 1.m 12 du sommet de la tige et s'épanouissant successivement au-dessus des premières quand celles-ci sont flétries.

ESPÈCE. - Tige, haute d'environ 0m, 25 d'un diamètre d'environ 0,12 dans sa partie la plus développée; formée d'écailles imbriquées, provenant de la base des feuilles; feuilles très-nombreuses, jonciformes, les extérieures pendantes, les intérieures droites, présentant à leur extrémité supérieure une épine qui, lorsqu'elle est tombée, laisse paraître des filaments provenant des filets que renferme la feuille; ces feuilles ont de 40 à 45 centimètres de longueur.

Après un certain nombre d'années, une lampe s'élève avec rapidité du centre de ces feuilles; cette hampe atteint dans l'espace d'un mois, une élévation d'environ 3 mètres; son diamètre toujours le même, ne dépasse pas 0,03 centimètres environ.

Cette plante remarquable a fleuri deux fois à Paris, et à Bordeaux, pour la première fois, en Novembre en 1849, dans une des serres du Jardin botanique.

Au moment où nous terminions cette notice, M. Rantonnet, horticulteur à Hyères (Var), nous écrit que le Littæa geminiflora, vient aussi de fleurir pour la première fois à Hyères où elle supporte un froid de 3 degrés Réaumur audessus de zéro. Sa hampe a atteint en sept semaines une hauteur de 5 à 6 mètres. Les fleurs du Littæa étaient entièrement épanouies le 25 Novembre à Hyères, précisément le lendemain du jour où elles se montraient à Bordeaux dans toute leur beauté.

VII. EXTRAIT d'une Lettre de M. CAZENAVETTE, Secrétaire-général de la Société Linnéenne, à M. LATERRADE père, Directeur de ladite Société.

MONSIEUR LE DIRECTEUR,

La Société dans son avant-dernière séance générale m'a chargé de lui faire un rapport sur un mémoire que lui a transmis M. H. Brochon fils, concernant une nouvelle Pyrule fossile qu'il a trouvée dans les faluns de Léognan, et qu'il a dédiée à notre honorable Président, sous le nom de Pyrula Moulinsii.

Aujourd'hui que la Géologie a fait de si grands progrès, que les divers terrains, et surtout celui de Léognan, ont été explorés avec tant de soin et de persévérance, c'est vraiment une découverte des plus intéressantes que celle d'une coquille aussi remarquable par sa taille que par sa bonne conservation. C'est une véritable bonne fortune pour la science en même temps qu'un grand bonheur pour celui qui a trouvé cette pièce, et je ne doute pas que la Société Linnéenne ne soit désireuse de porter ce fait à la connaissance de ses nombrenx correspondants en votant l'impression dans ses Actes, du mémoire de M. H. Brochon.

Outre l'attrait attaché à la constatation d'une espèce nouvelle, les personnes qui lisent les Actes de notre Société jouiront du plaisir que ne pourra manquer de leur procurer une dissertation intéressante sur les

deux genres Pyrule et Fuseau. Toutes n'adopteront pas sans doute les conclusions de l'auteur, car plusieurs auteurs pensent, en effet, que ces deux genres n'en doivent former qu'un seul, et que les Pyrules peuvent tout au plus être considérées comme une subdivision des Fuseaux. Ils s'appuient surtout sur ce que les animaux se ressemblent dans un grand nombre d'espèces appartenant à l'un et à l'autre genre, et c'est là très certainement une considération puissante dont, malheureusement, le géologue ne peut tirer aucun parti. On pourrait peut-être dire que pour toutes les Pyrules, excepté celles qui constituent la division des Ficoïdes, il existe un sinus particulier qui ne se trouve pas dans les Fuseaux; mais il est difficile de se prononcer quand on songe que Lamarck avait placé dans les Pyrules des coquilles dont on fait aujourd'hui des Fuseaux, telles que les Pyrula ternatana, elongata, etc., et que même il avait mis dans les Murex quelques espèces que l'on fait aujourd'hui rentrer dans le genre Fusus.

Quelle que soit l'opinion qu'on adopte à ce sujet, on ne pourra s'empêcher de rendre justice à la sagacité avec laquelle l'auteur du mémoire dont il s'agit ici a fait ressortir les motifs qui le portent à considérer ces deux genres comme essentiellement distincts. On y verra jusqu'où peut aller l'intelligence jointe à un travail constant, dans un âge encore tendre, et l'on ne pourra qu'applaudir à l'écrit de M. H. Brochon. L'insertion de ce mémoire dans nos Actes pourra d'ailleurs être un puissant stimulant, je ne dis pas pour ce jeune adepte des sciences naturelles auxquelles il se

« PreviousContinue »