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I. ESSAI sur le Bulime tronqué. Observations prises depuis l'accouplement jusqu'à l'état adulte; avec l'explication des diverses troncatures de la Coquille, suivies de deux planches explicatives du texte. Par M. B. GASSIES.

INTRODUCTION.

Maintenant que toutes les sciences marchent, que chaque ville a ses nomenclateurs et ses savants, tous ceux qui s'occupent d'histoire naturelle locale, doivent autant qu'il est en leur pouvoir, offrir le résultat de leurs observations, au jugement des personnes, qui peuvent les accueillir et les apprécier avec bonté.

Notre département revendique les noms à jamais célèbres des Palissy, des Lacépède, des Bory-de-SaintVincent et de tant d'autres moins renommés qu'eux dans la science, mais qui lui ont néanmoins rendu de grands services.

Cependant aucun ne s'est occupé sérieusement de donner des notions partielles sur les productions du pays, et à part deux ou trois ouvrages généraux sur la botanique et la géologie, nous n'avons eu rien qui s'étendit sur des faits intéressant notre sol, si apte par lui-même, à recevoir toute impulsion, pour ce qui se rattache aux études de la nature. Placé dans les conditions les plus heureuses, entre deux mers, ni trop chaud, ni trop froid, il reçoit par son fleuve le tribut des espèces pyrénéennes, tandis que ses coteaux et ses plaines peuvent rivaliser, par leurs productions, avec les pays les plus favorisés.

La botanique, la cryptogamie et la géologie ont eu leurs représentants à Agen; et, lorsque toutes les sciences progressent, il en est une qui est restée en dehors du progrès c'est l'étude des mollusques et de leurs coquilles. Et pourtant que de faits nouveaux à observer sur les habitants de nos champs et de nos cours d'eau.

Tandis que les amateurs font venir à grands frais les coquilles des Tropiques, ils ignorent ou dédaignent celles qui vivent si près d'eux. Trouvent-ils par hasard une mulette fluviatile, ils s'extasient sur sa ressemblance avec la moule comestible. L'anodonte leur en offre encore davantage, car sa charnière est la même, dépourvue de dents, et retenue seulement par un li– gament corné. Les néritines exotiques diffèrent aussi fort peu de la néritine de nos fleuves; les turbos et les buccins ont des analogies frappantes avec les cyclostomes et les bulimes et beaucoup d'autres encore que ce court essai ne me permet point d'énumérer.

Pensant que mes observations pourraient être de quelque utilité pour la conchyliologie du Lot-et-Garonne, j'ai recueilli les conseils dont la bienveillante amitié de plusieurs auteurs et amateurs a daigné m'honorer. J'ai étudié avec soin et conscience les individus répandus tant sur le sol que dans nos rivières et marais, et j'espère en donner plus tard un catalogue descriptif.

Si j'essaie aujourd'hui de donner l'histoire d'une espèce, c'est parce que j'ai pu l'étudier avec fruit et qu'elle m'a ouvert un champ plus fertile pour mon essai.

J'ai choisi dans le genre Bulime, l'espèce la plus grande et la plus répandue dans les environs d'Agen.

Le Bulime tronqué (1) est très-commun sur le versant Sud et Sud-Ouest de nos coteaux. Cette coquille est fort remarquable par la troncature qui existe au sommet de la spire opposée à l'ouverture. Cette singularité n'a échappé à personne et a été décrite par Brisson dans les mémoires de l'Académie Royale des Sciences, pag. 99, 7 Décembre 1759, sous ce titre :

(1) Je n'adopte point pour indiquer cette espèce, le nom que lui ont imposé plusieurs auteurs, Bulime décollé : Linné place les individus qu'il décrit, sur la tête, qu'il nomme base, tandis que la spire finit en sens inverse qu'il nomme sommet. Ce serait donc là que serait le cou? Mais la coquille n'a point de cou, puisqu'on a même supprimé le nom impropre de bouche, que l'on appliquait à la base, pour lui donner sa véritable dénomination d'ouverture.

Le mot tronqué me paraît donc plus acceptable, d'autant que je me base, pour mon opinion, sur l'autorité de Férussac, Cuvier Sowerby, etc., etc.; qui ont nommé plusieurs coquilles exotiques par ce même mot.

Observations sur une espèce de limaçon terrestre, dont le sommet de la coquille se trouve cassé sans que l'animal en souffre.

M. Brisson ignorait alors l'existence de plusieurs autres mollusques dont les coquilles sont également tronquées au sommet ; elles sont toutes exotiques. Entr'autres, je citerai, la Pirena spinosa; la Melania amarula; le Cerithium fluviatile; la Melania troncatula, et Melania atra (1).

Il est facile de voir que plusieurs de ces coquilles sont dites tronquées, tandis qu'aucune ne se nomme décollée.

Pendant que j'habitais Paris, je lus par hasard le mémoire de M. Brisson; il n'eut alors pour moi que l'attrait de la curiosité, parce que, à cette époque, je ne m'étais pas encore occupé de conchyliologie. Je me rappelai avoir vu le Bulime tronqué sur les coteaux d'Agen, à l'ermitage, et je pris quelques notes afin de constater, lorsque je serais de retour, la justesse des observations avancées par Brisson.

C'est après plusieurs années, consacrées à étudier les invertébrés de l'Agenais, que je me hasarde à dé– crire ce singulier mollusque, et je m'engage à n'avancer que des faits exacts et à ne parler que d'après ce que j'aurai vu et bien examiné moi-même.

Je joins à mon opuscule deux planches explicatives du texte; j'ai pris mes mollusques depuis l'œuf jusqu'à l'état parfait et je les ai mis en regard avec le Bulime tronqué de Bougie, de taille gigantesque.

(1) Toutes font partie de ma collection.

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