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l'Helosciadium intermedium et sur le mode de reproduction des mucédinées (tom. XIV, pag. 264[et 273), par M. Lespinasse titulaire.

Tout en nous occupant des plantes indigènes, si longtemps négligées et qui fixent heureusement aujourd'hui l'attention de tous les botanistes, nous n'avons pas néanmoins négligé ces belles plantes qui font l'ornement des jardins et des parterres, des orangeries et des serres chaudes, ni ces végétaux qui se recommandent par leur utilité et qui augmentent les ressources de notre agriculture. L'honorable distinction que vient d'obtenir de la Société Royale d'Horticulture, la 4. édition de la Flore de la Gironde (1) et le rapport de M. le V.te Héricart de Thury, sur cet ouvrage, le prouvent assez.

Quant à l'agriculture, sans parler ici de tout ce que la Société a publié dans les dix derniers volumes de l'Ami des Champs et dans les huit premiers du journal l'Agriculture, nous citerons le mémoire de M. Losivy, correspondant, sur cette question : « L'Agriculture du Midi est-elle inférieure à celle du Nord? » (Acles, tome IX); les travaux relatifs à la synonymie de la vigne (tom. X et XI, dont le champ d'étude, grâces aux soins de MM. Bouchereau frères, est toujours prospère dans leur domaine de Carbonnieux; le mémoire sur la vigne, couronné en 1846 et dont l'auteur M. le docteur Lafargue est entré depuis dans la Société ; le compte-rendu de la mission remplie par notre honorable collègue, M. Petit-Lafitte, auprès du Congrès réuni à Orléans (tom. XIV, pag. 17).

Tel est, Messieurs, l'ensemble de vos travaux en botanique pendant cette nouvelle dizaine d'années, couronnée par votre troisième Fête décennale. (Voir les détails de cette fête dans l'AMI DES CHAMPS de Décembre 1847).

(1) Voyez les Annales de la Société Royale d'Horticulture de Paris, Juillet et Octobre 1847.

IV. QUELQUES Considérations anatomiques et physiologiques sur les racines du Viscum album; par le docteur EUG. LAFARGUE, membre titulaire.

MESSIEURS,

Le Gui, cette plante parasite, qui faisait jadis l'objet de la vénération payenne chez les anciens Gaulois, que les Druides allaient chercher avec des sentiments de respect, et à qui les Germains attribuaient des vertus si merveilleuses, est regardé aujourd'hui d'un œil bien différent par nos propriétaires, qui s'efforcent de le détruire, d'après le mal qu'il produit aux végétaux sur lesquels ils croit.

De nos jours, si le Viscum album n'attire pas l'attention bienveillante des gens qui soignent et entretiennent scrupuleusement les vergers, du moins dans l'esprit du botaniste physiologiste, cette plante demeure un végétal singulier dont l'origine, le développement et la germination ne peuvent être assez approfondies. Malpighi, Tournefort, Boerhaave, Linné, etc., ont successivement porté leurs observations sur cette plante. Plus tard, Du Hamel, en 1740, publia dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, des considérations très-curieuses sur les diverses phases de son existence, et depuis lors jusqu'à aujourd'hui, toujours les physiologistes n'ont cessé d'admirer la végétation si singulière de ce végétal parasite.

Permettez-moi, Messieurs, de vous exposer en peu de mots le résultat de mes recherches sur les racines du Viscum album.

D'après les dissections que j'ai faites avec soin sur divers sujets de cette plante, je me suis convaincu qu'il n'existait anatomiquement parlant, qu'un seul ordre de racines, que

je vais tâcher de décrire, en faisant passer sous vos yeux quelques-unes des diverses coupes que j'ai pratiquées sur les branches du Robinia pseudo-acacia pour mettre à nu les racines de la plante dont nous nous entretenons.

Partant du point où la graine s'est fixée, les racines du Gui se dirigent toujours suivant l'axe longitudinal de la branche sur laquelle la plante vit, soit en haut, soit en bas. Très-superficielles d'abord, on les voit s'approcher du cœur de l'arbre à mesure que l'on s'éloigne du lieu de leur départ; de sorte que le plus ordinairement, les radicules qui primitivement sont en rapport avec le derme, consécutivement se trouvent être dans le liber, et celles qui à leur point de départ sont dans le liber, à leur point d'arrivée ou de terminaison sont en rapport avec l'aubier ou le bois proprement dit. Leur longueur varie et se trouve en rapport avec la souche du Viscum; ordinairement elles sont longues de un à dix centimètres environ. Elles sont toujours une, c'està-dire que dans leur trajet, elles ne se ramifient pas. Faisons observer ici que les racines du Gui suivent ordinairement dans leur marche la direction des fibres ligneuses de la branche qui le nourrit; mais ajoutons que si elles trouvent un obstacle, elles se dévient d'abord, pour reprendre ensuite, l'obstacle étant franchi, leur première direction. La couleur des racines superficielles est d'un beau vert foncé, celle des profondes est d'un vert-jaunâtre. Les unes et les autres, à leur terminaison, offrent une couleur plus claire que celle qu'elles ont offert dans leur trajet. Leur grosseur varie de 1 à 4 et 5 millimètres de diamètre, et, est en général en rapport avec le développement de la plante.

Les racines vertes sont d'un tissu mou et uniforme, celles qui sont jaunâtres sont plus denses et présentent un rayonnement transversal plus ou moins marqué selon qu'elles sont plus ou moins anciennes. Ces rayons que l'on aperçoit

très-bien en fesant une coupe transversale, sont formés par un corps plus dense que le tissu proprement dit de la racine.

Une lamelle excessivement mince, regardée au microscope ne donne chez elle la présence d'aucun vaisseau; par contre épreuve, une lamelle de branche mise sous le microscope, laisse découvrir des vaisseaux très-apparents. Ce qui fait supposer combien sont ténus les vaisseaux des racines.

Après avoir fait l'anatomie des racines du Viscum album, disons quelques mots sur leurs fonctions.

Anatomiquement parlant, ai-je dit il n'y a qu'un instant, le Guy n'a qu'un seul ordre de racines; d'ailleurs, c'est une règle générale pour tous les végétaux, mais physiologiquement parlant, en est-il ainsi?

La graine du Viscum album, par la matière gluante qui l'environne étant fixée à une branche, suivant Edmond Barrel, commencerait en Mars et en Avril à fournir dans l'air, un petit jet vert foncé qui bientôt se recourberait vers la branche pour rentrer en elle, et formerait ainsi une petite arche dont la longueur serait de quelques millimètres. Ce phénomène serait accompli vers le mois de Mai ou de Juin. Plus tard, sans suivre la plante pas à pas, ses racines commencent à se développer et se ramifient dans les fibres les plus superficielles, c'est-à-dire dans le derme et le liber; mais comme les années suivantes ce qui était derme devient liber, et ce qui était liber devient aubier et ainsi de suite, les racines qui étaient primitivement dans l'écorce se trouvent postérieurement dans l'aubier et dans le bois. D'après cela, nous devons donc dire une seconde fois, qu'il n'y a qu'un seul ordre de racines, puisque ce sont les mêmes qui passent d'une couche superficielle à une couche profonde.

Mais sous le rapport de la nutrition de la plante, ces racines différemment situées, diffèrent elles aussi dans leurs fonctions? Examinons.

Commençons par celles qui sont épanouies dans les parties qui constituent l'écorce.

Évidemment celles-ci puisent des sucs qui ont été élaborés par les feuilles et les parties vertes de la plante de laquelle le Gui tire sa nourriture; aussi la chrómule dominet-elle chez elles et sont-elles vertes comme les tiges; elles se rapprochent tellement de celles-ci, que j'ai vu certaines racines présenter un gonflement au-dessus de l'épiderme qu'elles avaient déchiré pour se montrer à l'extérieur, et fournir des feuilles par cette partie mise à l'air libre.

Celles, au contraire, qui sont en rapport avec l'aubier et le bois, apportent à la plante une sève non élaborée qui suivra la route ordinaire de l'élaboration; aussi, voit-on ces dernières présenter une couleur jaunâtre et une densité plus grande que les premières.

Les racines de Gui, dans leurs fonctions, diffèrent donc essentiellement les uns des autres, et, je le crois fortement, éloignent cette plante de la règle générale sous le rapport de son accroissement.

Le Gui, en effet, comme toute plante exogène, croît-il uniquement de dehors en dedans par superposition de couches? Je ne le crois pas. Je pense qu'avec l'accroissement dû à toutes les plantes de cette catégorie, c'est-à-dire le changement successif de liber en aubier, et de ce dernier en bois proprement dit, il en est un autre qui consiste dans le dépôt des molécules élaborées, puisées par les racines vertes du Viscum album dans l'écorce de la branche sur laquelle est implanté le végétal parasite. Ce dépôt a lieu dans l'ascension de la sève.

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