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le calcaire lui-même n'admette point d'alumine en quantité notable dans sa composition chimique, il est à remarquer que pendant le dépôt de ce calcaire, il s'est formé dans certains endroits de petits amas d'argile qui s'y présentent en masses limitées et peu considérables. On peut observer un gisement de cette nature, consistant en une marne trèscalcarifère d'un gris bleuâtre-clair, très-finement et trèsnettement stratifiée, intercalée dans le calcaire concrétionné, à mi-hauteur environ du côteau élevé situé au S.-O. du bourg de Lormont.

Si l'on examine avec soin les côteaux des environs de Lormont, on voit, à mesure qu'on s'élève, le calcaire perdre la structure concrétionnée, devenir généralement plus dur et présenter des fossiles de plus en plus abondants. Ainsi, on peut recueillir des Scutelles et des Echinolampes dans le calcaire qui entoure la masse argileuse ci-dessus mentionnée; un peu plus haut, certaines parties de la roche sont criblées de moules de Modioles. Mais si l'on vient à quitter les environs de Lormont en se dirigeant vers le Carbon-Blanc, on peut voir sur la partie la plus élevée des côteaux, immédiatement au-dessous de la nappe de cailloux roulés, des couches d'un calcaire très-dur, sub-spathique, contenant une grande quantité de Polypiers branchus. Cette dernière assise est principalement caractérisée par un Cardium voisin du Cardium aviculare ( Cardita avicularia, Lam.), du calcaire grossier de Paris. Cette couche à polypiers rameux se retrouve sur les hauteurs de St-André-deCubzac, aux environs de Castillon-sur-Dordogne et au sommet de presque toutes les éminences de la vallée de l'Isle entre Guîtres et Libourne, où elle recouvre constamment la molasse.

Bordeaux, le 15 Décembre 1847.

CHARLES DES MOULINS; AUG. Petit-LafitTE ; P. M. PEDRONI, fils; JOSEPH DELBOS, rapporteur.

XI. NOTE sur le Fumaria muralis, SOND.; par M. l'abbé REVEL, correspondant.

Le genre Fumaria a depuis quelques années fixé l'attention de plusieurs botanistes éminents. M. Ph. Parlatore, de Florence, en a publié, en 1844, une monographie. Ce travail est très-remarquable. Il contient dix espèces, avec des descriptions détaillées de chacune d'elles sans parler des genres formés au dépens du genre Fumaria. tel que le Platicapnos établi en 1855 par Bernhardi pour le F. spicata de Linné. En 1845, Koch a proposé en Allemagne deux nouvelles espèces du genre dont il est ici question le F. muralis, ainsi appelé par Sonder, et le F. Wirtgeni. De son côté, M. Al. Boreau, directeur du Jardin Botanique d'Angers, dont la sagacité a enrichi la Flore Française d'un si grand nombre d'espèces nouvelles, ne tarda pas, vers la même époque, à s'apercevoir qu'une espèce, confondue avec les autres dans presque tous les herbiers, n'avait pas été distinguée par le savant monographe italien; je veux parler du F. media (Bastard, non Lois. ).

Après avoir fait une étude approfondie de ce genre, M. Boreau est arrivé à des résultats analogues à ceux de M. Parlatore, et de plus, il s'est convaincu que le F. media (Bast.), pouvait former une espèce parfaitement distincte. Dans un travail intitulé Revue des espèces du genre FUMARIA appartenant à la Flore de France, qu'il a publié l'année dernière, le savant botaniste d'Angers a donné à cette plante le nom de F. Bastardi ( F. media Bast. non Loisel. ), en lui rattachant comme variété le F. capreolata. (Smith.). Il

a reconnu depuis que la plante de Smith était tout-à-fait distincte et qu'elle appartenait au F. muralis (Sonder). Dans un voyage que j'ai fait à Angers il y a peu de temps, j'ai communiqué à M. Boreau une plante de la Dordogne, que, trompé par les descriptions de M. Koch, j'avais pris pour le F. agraria (Lagasca). M. Boreau a de suite reconnu en elle le F. muralis (S.). La conformité de notre plante avec un échantillon qu'il possède, venant de M. Sonder lui même, est parfaite. Nous possédons par conséquent une plante très-peu connue en France sous son vrai nom. Ceci m'engage à entrer dans quelques détails. Je commencerai d'abord par en donner une description.

FUMARIA MURALIS. Sonder in Koch, Syn. éd. 2, p. 1017 (1845). Ex specimine authentico à Cl. Boreau mecum communicato ( F. capreolata Smith. F. Bastardi, B. major Boreau, Revue, etc., 3, 1847).

F. Radice subsimplici; caule glabro, flexuoso, ramoso. angulato; foliis tripinnatis; foliolis bi-tri-partitis, subrotundis; partitionibus bi-tri-fidis, obovato-cuneatis; laciniis mucronulatis; racemis elongatis, oppositifoliis, folio longioribus, erectis, subvigintifloris; pedicellis fructiferis erectopatentibus, rectis; bracteis brevibus, oblongo - linearibus, cuspidatis. vix quintam pedicelli partem æquantibus; floribus amplis, dilutissimè roseis, vel dilutè carneis, apice atro-purpureis; sepalis ovatis, acutis, crenulatis, dimidiam corollæ partem non attingentibus; fructibus globosocompressiusculis, obtusis, non depressiusculis! utrinquè apice faveola notatis, evidenter rugulosis? Maio. Maures, canton de Villamblard, Dordogne. Nous devons la découverte de cette plante à M. de Dives.

Le F. muralis diffère du F. capreolata (L.), par ses pedicelles dressés ou étalés non recourbés, par ses fruits

rugueux non lisses; du F. Bastardi (Bor.), par ses fleurs moitié plus grandes, d'un rose plus prononcé, très-foncé au sommet, par ses feuilles à divisions plus courtes et plus arrondies; du F. agraria ( Lag.), par ses bractées beaucoup plus courtes que ses pédicelles, par ses capsules obtuses, n'étant pas munies d'une pointe distincte avant la maturité; du F. officinalis (L.) par ses fruits arrondis nonéchancrés au sommet; diffère enfin du F. Vaillanti (Lois.), du F. micrantha (Lag.) et du F. parviflora (Lam.), par les laciniures des feuilles élargies non étroitement linéaires.

C'est à tort que M. Koch prétend (Syn. loc. cit.), que l'espèce dont je viens de parler a les fruits lisses: l'échantillon qui m'a été communiqué, venant de l'auteur luimême, les a évidemment rugueux.

Bergerac, 11 Avril 1848.

J. REVEL, Prêtre.

XII. TROISIÈME MÉMOIRE relatif aux Causes qui paraissent influer particulièrement sur la croissance de certains végétaux dans des conditions déterminées.

1.0 DISCUSSION DE QUELQUES OBJECTIONS;

2.0 EXAMEN DE LA QUESTION AU POINT de vue des PLANTES PRAIRIALES ET MESSICOLES;

Par M. CHARLES DES MOULINS, Président.

(Le premier Mémoire est imprimé dans le Tome Ier des Mémoires de l'Institut des Provinces, classe des Sciences, 1847. Voir le 2. Mémoire à la page 173 du présent volume, 1848 ).

MESSIEURS,

L'année dernière à pareille époque et presqu'à pareil jour, à l'ombre des chênes qui nous protégeaient contre l'atmosphère embrasée des plaines sablonneuses de Cestas, je vous proposais un plan d'études.

Je vous demandais qu'après une œuvre accomplie (le recensement de nos richesses végétales), nous entrassions dans une nouvelle carrière plus rapprochée de l'application des sciences naturelles, dans une nouvelle phase de nos travaux d'investigation, en examinant les rapports des plantes avec le sol qui les porte, et les lois, s'il en est réellement, qui limitent ces rapports dans des conditions dépendantes de la constitution minéralogique de ce sol.

A cette étude, je vous proposais de joindre celle des conditions afférentes à la météorologie, à l'hygroscopie, à l'hypsométrie.

TOME XV.

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