LA ROSE ET LE BUISSON D'ÉPINES. UNE rose croissait à l'ombre d'un buisson, Et cette rose, un peu coquette, Ne s'accommodait point de son humble retraite ; Des animaux rongeurs tu ne crains nul outrage; Il n'est pas beau, mais il est sûr. La rose est indignée, elle n'en veut rien croire. Un bûcheron paraît. Accours, dit-elle, ami! 6 Le manant 4 empressé n'en fait pas à demi; Elle va donc s'épanouir, 5 Charmer tous les regards, attirer autour d'elle Rose, on va l'appeler des roses la plus belle; Rêve ainsi le bonheur, et vit d'enchantements, 1 je t'épargne les feux du midi, I shelter you from the heat of a midday sun. 2 grâces à, for the sake of the measure, by poetical licence, intead of grâce à. 3 encor.-See page 24, note 7. 4 manant, obsolete for paysan (peasant). 5 n'en fait pas à demi, does not do it by halves (does not stop halfway). 6 partant, therefore.-plus de, no more. 7 La rose de s'en réjouir.-For this construction, see page 42, note 7. Voilà qu'une chenille affreuse1 A découvert sa tige, y grimpe lentement, Dans le chagrin qui la dévore, Elle songe au buisson; mais regrets superflus! Qu'arrive-t-il enfin ? La rose Se fane, tombe et meurt, hélas! à peine éclose! LE BAILLY. L'HERMINE, LE CASTOR, ET LE SANGLIER. UNE hermine, un castor, un jeune sanglier, Quittèrent leur forêt, leur étang, leur hallier. Où s'offrent à leurs yeux ravis Tous les trésors de la nature, Des prés, des eaux, des bois, des vergers pleins de fruits. Nos pèlerins, voyant cette terre chérie, Éprouvent les mêmes transports Qu'Énée et ses Troyens en découvrant les bords Mais ce riche pays était de toutes parts 1 Voilà que, Lo and behold! 2 partant, therefore. 3 Énée et ses Troyens, Eneas and his Trojans. 4 Lavinie, Lavinia. Il fallait le passer; et nos trois voyageurs En arrière elle fait un saut, En disant Mes amis, fuyons en grande hâte ! Et moi je suis si délicate, Qu'une tache me fait mourir.— Ma sœur, dit le castor, un peu de patience! Quinze jours! ce terme est bien long, 4 Au plus fort du bourbier, s'y plonge jusqu'au dos, Jetant à ses amis un regard de dédain, LE MEUNIER SANS-SOUCI. SUR le riant coteau par le prince 1 choisi, 3 y tournait son aile, et s'endormait content. 7 Il lorgna du voisin le modeste héritage. On avait fait des plans, fort beaux sur le papier, Des bâtimens royaux l'ordinaire intendant Il nous faut ton moulin; que veux-tu qu'on t'en donne ?— 1 le prince; that is, Frederick II., King of Prussia, called the Great. 2 That is, 'free from care.' 3 vivre au jour le jour, to take no thought for the morrow. This expression more frequently means, to live from hand to mouth.' 4 aile, sail [of a mill]. 5 Fort bien achalandé, Having good custom. 6 caractère, temper, disposition. 7 lorgna, coveted. 8 est à moi, belongs to me (is mine). 9 Allons, Come. 10 prends-y garde, be careful. Voilà mon dernier mot. Ce refus effronté Les rois malaisément souffrent qu'on leur résiste. 8 Le monarque, à ce mot, revint de son caprice. Charmé que sous son règne on crût à la justice, Il rit, et se tournant vers quelques courtisans: Ma foi,9 messieurs, je crois qu'il faut changer nos plans. Voisin, garde ton bien; j'aime fort ta réplique. ANDRIEUX. LE CHIEN. A LEUR tête est le chien, aimable autant qu'utile, 1 mon Potsdam, à moi, my Potsdam.-Potsdam, a town in Prussia, possessing a large palace where the royal family sometimes reside. 2 Tenez, Here. 3 Il faut vous en passer, You must go without it. 4 l'humeur, ill humour. 5 Parbleu de ton moulin c'est bien être entêté, Indeed you are very obstinate about your mill! 6 Je suis bon, It is foolish enough of me. 7 je pourrais bien, I could easily. 8 revint de, abandoned. 9 Ma foi, Really. |