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dien qui nomme les trois au→ tres Orphneus, Ethon & Dycteus noms qui marquent tous quelque chofe de ténébreux & de funefte. On donne auffi le nom d'Alaftor à certains efprits malins qui ne cherchent qu'à nuire.

ALABANDUS, fondateur d'une ville de Carie nommée Alabanda, devint la première divinité de fes citoyens & y fut honoré d'un culte particulier.

ALBION & BORGION, deux géans, fils de Neptune, contre lefquels Hercule combattit, & qu'il eut beaucoup de peine à vaincre : il avoit déja épuifé tous les traits, & il couroit grand péril de fa vie faute d'armes, quand Jupiter fon père lui envoya une grêle de groffes pierres, dont Hercule fe fervit pour terraffer ces géans. Le champ où les pier res tombèrent, fut depuis appellé le champ de pierres, campus lapideus; c'eft aujourd'hui Lacraux, petit pays de Provence à l'embouchure du Rhô ne, qui a fept à huit lieues de circuit & qui eft tout couvert de cailloux.

ALBUNÉE, étoit tout enfemble le nom d'un bois, d'une fontaine & d'une divinité de la montagne de Tibur. Horace n'en parle que comme d'une fontaine : Et domus Albunea refonantis, Od. 7, lib. 1. Virgile, comme d'un

bois & d'une fontaine, En. lib. 7, v. 81. D'autres enfin ont dit qu'Albunée étoit la dixième des Sibylles, & qu'on l'honoroit à Tibur, aujour d'hui Tivoli, comme une Déeffe. Son fimulacre, difoit-on, avoit été trouvé dans le fleuve Anis, un livre à la main ; d'autres ont dit que c'étoit dans la fontaine même du fleuve ; & que de-là on éri→ gea la fontaine en divinité, & on lui confacra un bois & un temple, où elle rendit des Oracles. Le Sénat de Rome lui inftitua des facrifices dans le Capitole.

ALCATHÉES, fêtes qu'on célèbroit à Micénes en l'honneur d'Alcathous.

ALCATHOUS, fils de Pélops, fut père de Pérybée, femme de Télamon, de qui elle eut Ajax. Alcathous ayant été foupçonné d'avoir fait affaffiner fon frère Chrifippe chercha un afyle chez les Mé gariens, & époufa la fille du Roi de Mégare, après avoir délivré le pays d'un lion fu→ rieux qui y faifoit de grands ravages. Il régna à Mégare après fon beau-père, & méri ta d'y être honoré comme un héros. Outre les monumens héroïques qu'on lui éleva, il eut encore des fêtes annuelles. Voyez Chrifippe.

ALCEE, fils de Perfée, époux d'Hipponome, fut père d'Amphitrion & ayeul d'Her

cule,

cule, qui en prit le nom d'Alcide. Voyez Alcmène, Amphitrion.

ALCÉE, fils d'Hercule & de Malis; c'eft de lui que defcendoient les Heraclides. Voyez Hercule, Omphale. ÁLCESTE, fille de Pélias & d'Anaxabie, étant recherchée en mariage par un grand nombre d'amans, fon père, pour fe défaire de leurs pourfuites, dit qu'il ne la donneroit qu'à celui qui pourroit atteler à fon char deux bêtes féroces de différente espèce, & promener Alcefte deffus. Ádméte, Roi de Theffalie, qui étoit fort amoureux de la Princeffe, eut recours à Apollon: ce Dieu avoit été autrefois fon hôte & en avoit été bien reçu : : auffi fe montra-t-il reconnoiffant en cette occafion; car il donna à Adméte un lion & un fanglier apprivoilés, qui traînèrent de compagnie le char de la Princeffe.

Alcefte accufée d'avoir eu part au meurtre de Pélias, fut pourfuivie par Acafte fon frère, qui fit la à Admé

guerre te, le prit prifonnier & alloit venger fur lui le crime des filles de Pélias, lorfque la généreufe Alcefte alla s'offrir volontairement au vainqueur pour fauver fon époux. Acafte emmenoit déja à Yolchos la Reine de Theffalie, dans le deffein de l'y immoler aux manes de fon père, lorfqu'Her

Tome I.

cule, à la prière d'Adméte, ayant pourfuivi Acafte, l'at teignit au-delà du fleuve Achéron, le défit & lui enleva Alcefte pour la rendre à fon mari. La fable dit qu'Alcefte mourut effectivement pour fauver fon mari, & qu'Hercule ayant rencontré la Mort, combattit contr'elle, la vainquit & la lia avec des chaînes de diamant, jufqu'à ce qu'elle eût confenti de rendre Alceste à la lumière du jour. Allégorie affez jufte: car délivrer une perfonne prête à perdre la vie, n'eft-ce pas l'arracher des bras de la mort? on parle ainfi tous les jours fans fiction. Mais ce qui aidoit encore à la fable, c'eft qu'Alceste avoit déja paffé le fleuve Achéron avec Acafte, lorfqu'Hercule la délivra. D'autres ont dit qu'Hercule defcendit jusqu'aux enfers, & en arracha cette Princeffe, pour la rendre à la vie. Ce fut dans ce voyage qu'il enchaîna Cerbère, & l'entraîna fur la terre. Homere furnomme Alcefte la divine; fans doute, dit madame Dacier, parce qu'elle aima son mari jufqu'à vouloir mourir pour lui fauver la vie. Euripide qui nous a donné une Tragédie, dont le fujet eft le dévouement d'Alcefte à la mort pour fon mari, traite autrement cette fable. Adméte, ditil, fauvé par Apollon qui avoit trompé les Parques, en

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forte qu'il ne lui étoit plus libre de mourir, fut contraint de chercher une autre victime de la mort tous les proches refufèrent de l'être, il ne reftoit qu'Alcefte: elle se dévoue, & les Parques l'acceptent. Sur quoi Platon (a) fait cette réflexion fingulière; Alcefte feule eut le courage de mourir pour fon mari, quoiqu'Adméte eût fon père & fa mère, que l'étrangère furpaffa tellement en amour, qu'elle fit bien voir qu'ils n'étoient liés à leur fils que de nom, & qu'ils étoient véritablement étrangers à fon égard. Buchanan a traduit, en beaux vers latins, la Tragédie Grecque d'Alcefte; nous en avons deux Françoises; l'une de la Grange qui a paru en 1709, & l'autre de Boiffi en 1727. Alceste a fourni encore le fujet d'un Opera à Quinault. Alcefte eut d'Adméte un fils nommé Eumélus.

ALCIDE, premier nom d'Hercule, qui veut dire fils d'Alcée ce ne fut qu'après qu'Alcide eut étouffé dans le berceau deux ferpens que Junon avoit envoyés pour le dévorer, qu'il fut appellé Hercule, c'eft-à-dire, la gloire de Junon: comme pour marquer que les perfécutions de cette Déelle devoient le rendre recommandable à la poftérité. Il

(a) Dans fon Banquet.

y a un Opéra de Campistron, donné en 1693, intitulé Alcide. Voyez Hercule. ALCIMÈDE, mère de

Jafon.

ALCINOÉ, fille de Polybe le Corinthien, & femme d'Amphilocus, avoit employé, chez elle, une femme à certains ouvrages, moyennant un prix convenu. L'ouvrage fini, Alcinoé refusa de payer tout ce qu'elle avoit promis. La femme pria Minerve de la venger: fa prière fut exaucée; Alcinoé, par les foins de la Déeffe, devint fi éperduement amoureuse d'un certain Xanthus, qui logeoit chez elle, qu'elle abandonna fa maison, fes petits enfans, & s'embarqua avec lui. Pendant le voyage, elle vit toute la noirceur & toute l'inhumanité de fon crime, & se précipita dans la mer.

ALCINOUS, Roi des Phéaciens, dans l'Ile de Cor

cyre, aujourd'hui Corfou, étoit fils de Naufithoüs, & petit fils de Neptune & de Péribée. Il époufà Arete fa niéce, fille unique de Rhenexor, fils de Naufithous. Il en eut cinq fils & une fille nommée Nauficaa. Homère fait de grands éloges de la mère & de la fille. Le même poëte fait une ample description du palais & des jardins d'Alcinous: jamais les

arbres n'étoient fans fruit, & les fruits y étoient les plus excellens de l'univers ; on n'y connoiffoit d'autre faifon que le printemps; tous les poetes en ont parlé à l'envi. Ils n'ont pas moins célébré la vie voluptueufe des fujets d'Alcinous. Enrichis par le commerce, on ne voyoit chez eux que fêtes, danfes & feftins accompagnés de mufique. Mais tout cela n'empêchoit pas qu'ils ne fuffent agiles & bons marins, & qu'Alcinous ne fût un Prince très-jufte. Il reçut avec beaucoup d'honnêteté Ulyffe, que la tempête avoit jetté fur fes côtes, (voyez Nausicaa,) & ne lui cacha point que, dans fes états, on aimoit les repas, la mufique, la danse, le changement d'habits, les bains & le lit. Voyez Ulyffe. Voyez auffi Abfyrthe.

ALCIONE. V. Alcyone. ALCIPPE, fille de Mars, étoit aimée d'Allyrothius, fils de Neptune. Allyrothius ne pouvant rendre fenfible fa maîtreffe, lui fit violence: Mars irrité contre ce téméraire, lui ôta la vie. Mais Neptune, défefpéré de la mort de fon fils, appelle Mars en jugement. Les plus graves Athèniens s'étant affemblés fur une affaire fi férieufe, le déclarérent innocent, & le purgèrent à la manière accoutumée: ce qui fit dire que Mars avoit été abfous par le jugement des

douze grands Dieux. Voyez Aréopage, Mars.

ALCIS, nom fous lequel les Macédoniens & les Germains honoroient Minerve. ALCITHOE, fille de Minyas. Voyez Minéides. ALCMÈNE, femme d'Amphitryon, & mère d'Hercule. Elle étoit fille d'Electrion, Roi de Mycènes, & fils de Perfée. Les auteurs varient fur sa mère: les uns lui donnent Anaxe, fille d'Alcée, fils de Perfée ; d'autres lui donnent Lyfidice, fille de Pélops & d'Hippodamie ; d'autres enfin la font fortir d'Amphiaraus & d'Eriphyle. L'hiftoire de fon mariage avec Amphitryon oblige de repiendre les chofes de plus haut.

Meftor, fils de Perfée, & par conféquent frère d'Electryon & oncle d'Alcmène, avoit époufé Lyfidice, dont il eut une fille nommée Hippothoë, qui fut enlevée par Neptune,& menée dans les Ines Echinades. Elle en eut un fils nommé Taphius. Ce Taphius établit une colonie dans Taphe, proche de l'Acarnanie, & en nomma les habitans Teleboes. Il eut un fils nommé Ftérélaüs, qui fut père de fix garçons & d'une fille. Ces fix garçons allèrent à Mycènes redemander à Electryon, le royaume de Meftor fon frère, & leur tris-ayeul. Il est affez étonnant que Electryon ait été attaqué par les arrière

petits-fils de la fille de fon frère Mestor; mais rien n'arrêtoit l'imagination des poëtes. Il y en a cependant qui retranchent ici une génération. Ils difent que le fils de Neptune & d'Hippothoë fe nomma Ptérélas ou Prérélaus; qu'il eut deux fils, Teleboas & Taphus, qui allèrent demander à Electryon les biens d'Hippothoë leur ayeule.

Quoi qu'il en foit, Electryon n'accorda rien : les héritiers de Meftor pillèrent fon pays, & tuèrent tous les fils d'Electryon. Celui-ci réfolut d'aller tirer vengeance de la mort de fes fils, & laiffa le foin de fon royaume & d'Alcmène fa fille entre les mains d'Amphitryon fon neveu, avec ferment, de la part de celui-ci, de refpecter la vertu de la Princeffe fa coufine. Ceux qui avoient accompagné les enfans de Ptérélaüs dans leur expédition, avoient emmené en Elyde les troupeaux d'Electryon. Amphitryon les racheta ; & dans le temps qu'il les remettoit entre les mains de leur maître, il eut le malheur d'être la caufe de fa mort. Une des vaches du troupeau voulant prendre la fuite, Amphitryon lui jetta une maffue qu'il tenoit à la main; l'animal, avec fes cornes, lança cette maffue à la tête d'Electryon, qui mourut fur le champ. Sthénelus, fils de Perfée & frère d'Es

lectryon, profita du trouble que cette mort caufa à Mycènes, pour s'emparer du trône, au préjudice d'Alcmène fa niece, & la força, ainfi qu'Amphitryon, de fortir de Mycènes. Ils fe retirèrent à Thèbes, où Créon, qui en étoit Roi, fit à Amphitryon les cérémonies de l'expiation. Alcmène, uniquement occupée de venger la mort de fes frères, publia qu'elle n'épouferoit que celui qui lui donneroit cette fatisfaction. Amphitryon prit en conféquence le parti d'aller faire la guerre aux Téléboes. Il eft bien fingulier qu'elle oubliât la mort de fon père, pour ne fonger qu'à celle de fes frères; & que ce fut le meurtrier de fon père qu'elle choifit pour punir le meurtre de fes frères: auffi d'autres Auteurs ont dit qu'Electryon fut tué avec fes fils dans le combat contre les Téléboes; & que ce fut à la vengeance de la mort de fon père qu'Alcmène attacha le don de fa main.

Quoi qu'il en foit, Amphitryon marcha contre Ptérélas, dont il ravagea les terres ; & s'empara de tous fes états, comme on le dira à fon article. Cependant les charmes d'Alc

mène avoient fait une violente impreflion fur le cœur de Jupiter: mais ce Dieu, refpectant la vertu de la Princeffe, craignant d'ailleurs que la per

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