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Nous avons tâché de recueillir dans cette note toutes les données qui peuvent fournir à la critique un fondement solide pour la détermination de l'année de la mort de saint Lambert. Nous n'y sommes pas parvenu assurément à un résultat tout à fait précis ; mais au moins ces données amènent une triple conclusion qui n'est pas sans importance. D'abord, il faut définitivement renoncer à la date de 707, 708 ou 709, généralement adoptée sur l'autorité de quelques grands critiques modernes. Ensuite, il n'y a plus à tenir compte, dans les recherches relatives à cette question, du témoignage de la vie contemporaine de saint Hubert. Enfin, on n'apporte aucun texte ancien ni aucun argument indirect de quelque valeur, qui soit en contradiction avec la tradition consignée dans les chroniques du moyen âge, d'après laquelle la date de la mort de saint Lambert doit être fixée à la fin et, plus précisément encore, à une des trois dernières années du septième siècle.

Ch. DE SMEDT, S. J.

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La mort du fameux chef des Mormons, Brigham Young, annoncée par les journaux des Etats-Unis, a appelé l'attention du public sur l'horrible secte qu'il avait fondée, dans l'Utah, près du LacSalé. C'est avec une sorte de soulagement que le peuple des EtatsUnis a appris cette nouvelle; car les Mormons, les saints des derniers jours, comme ils s'appelaient, en réalité les rénégats de la civilisation, étaient depuis longtemps un danger pour leurs voisins et pour tout le far-west de l'Amérique.

Le danger, il est vrai, n'était plus aussi grand que pendant les premières années de leur établissement. En 1853, et jusqu'à 1862, ils auraient pu créer des embarras sérieux même au gouvernement fédéral; mais depuis que le désert occidental est traversé par des chemins de fer, l'immigration des Mormons s'est ralentie, et l'audace de ces étranges sectaires est comprimée. Leur isolement faisait leur force en entretenant leur fanatisme; l'ouverture des relations sociales a opéré un changement plus durable que tout ce qu'on aurait pu obtenir par la force des armes. Cependant Brigham Young refusa jusqu'à la fin de reconnaître la diminution de sa puissance; et comme il était aussi violent qu'habile, il pouvait encore, à un moment donné, soulever ses aveugles adhérents et troubler sérieusement la paix publique. Il avait perdu quelque peu de son ancien prestige, mais il possédait encore une influence énorme sur des milliers d'hommes infatués, et, dans un pays faiblement pourvu de soldats, il était encore à craindre.

D'ailleurs, des crimes affreux étaient dénoncés de temps à autre; des massacres mystérieux avaient ensanglanté le territoire, et le chef des Mormons était accusé d'avoir trempé dans ces horreurs. Le gouvernement des Etats-Unis paraissait disposé à faire bonne justice de ces brigandages, et même à profiter de l'occasion pour abolir la honteuse polygamie dont se glorifient les Mormons, lorsque la mort de leur chef a fait cesser toute appréhension. En effet,

le nouveau chef, Joh Taylor, est loin d'exercer sur la secte l'autorité de son prédécesseur : nul ne pouvait remplacer Brigham Young. Il est le fondateur de la colonie mormonne, il est le prophète de la secte impure, et, depuis Mahomet, aucun faux prophète n'a exercé une pareille fascination sur des hommes doués de raison. Ses rêveries étaient reçues comme des oracles, ses volontés étaient obéies comme des décrets du ciel. Il nous rappelle le Vieux de la Montagne. Comme celui-ci, il pouvait commander le crime, sans avoir à craindre aucune hésitation.

Voilà jusqu'à quel point de dépravation peuvent descendre des hommes qui ont entendu la voix du Christ! Ils refusent la liberté que leur apporte la Vérité, et ils se font esclaves d'un séducteur corrompu. Puisse leur exemple servir de leçon !

J. B.

LES MALADIES

DANS LA VALLÉE DU BAS-DANUBE. (1)

Une particularité des guerres nombreuses qui ont eu pour théâtre le cours inférieur du Danube, c'est l'extension considérable que la maladie ne tarde pas à prendre parmi les troupes qui opèrent dans cette contrée, notamment parmi celles provenant des pays septentrionaux; cette fréquence des maladies a été souvent plus décisive pour l'issue de la campagne que le gain ou la perte d'une grande bataille.

Pendant longtemps, on considéra les conditions sanitaires de la région baignée par le cours inférieur du Danube, conditions communes d'ailleurs à diverses contrées, surtout dans les pays tropicaux, comme le résultat inévitable des lois ou plutôt des caprices de la nature; on se croyait fatalement condamné à subir leur inexorable rigueur; la possibilité de s'en défendre n'était pas admise. Mais la science, basée sur des principes, s'est mise à rechercher expérimentalement les causes de ces effets, et, poursuivant dans cette voie, est déjà parvenue à amender notablement le caractère pernicieux de cette influence funeste. Aujourd'hui, il est démontré que des mesures rationnellement appliquées à chaque cas spécial donnent le moyen de réduire le degré de nocuité des causes morbifiques.

Mais, pour arriver à éviter, ou du moins à diminuer les dangers résultant

(1) Nous empruntons l'étude suivante au Militair Wochenblatt de Berlin; la guerre Turco-Russe nous semble donner un intérêt tout spécial d'actualité à ces remarques qui nous font mieux comprendre les événements militaires.

des conditions inhérentes à telle ou telle localité, la première chose à faire, est de s'enquérir des causes de ces dangers.

Il y a quatre facteurs qui exercent leur influence sur les conditions sanitaires d'une armée opérant sur le Bas-Danube, en Roumanie comme en Bulgarie; ce sont la nature du sol, l'eau, l'alimentation en usage dans le pays, la température.

Les Karpathes au nord, les Balkans au sud, par les masses énormes de neige qui couvrent leurs sommets, une grande partie de l'année, et fondent ensuite sous l'action de la chaleur solaire, constituent un riche réservoir pour l'alimentation de nombreux fleuves, rivières et ruisseaux. Tous ces cours d'eau, petits ou grands, qui, du versant des montagnes, affluent au Danube, entraînent d'innombrables parcelles de sable ou de limon, et déposent la plus grande partie de ces détritus pendant leurs cours à travers la plaine. C'est ainsi qu'en Bulgarie aussi bien qu'en Valachie s'est constitué un assolement peu compacte, conservant pendant une partie déterminée de l'année, une grande humidité, pour la perdre complétement plus tard sous l'action d'une température atteignant parfois 40° Réaumur. Beaucoup de cours d'eau, très-abondants au printemps, tarissent complétement en été.

Dès le premier jour du printemps, au mois de mars, ce sont les pluies, plus tard, en juillet, c'est la fonte des neiges dans la montagne, qui alimentent richement tous les cours d'eau et le Danube lui-même; les rivières débordent alors et inondent les plaines basses qu'elles parcourent.

Quand ensuite le fleuve rentre dans son lit, il laisse dans les alluvions voisines les traces de son passage, en les transformant tout le long de ses rives en vastes marécages, remplis de cadavres de poissons, de détritus en putréfaction et de débris organiques animaux et végétaux de toute sorte.

Dans ce sol léger, humide, les conditions climatériques générales du pays provoquent une plantureuse végétation,qui, sous l'influence d'un soleil brûlant, périt rapidement.

Cette masse de détritus organiques qui, chaque année, reste fixée à la surface du sol et fermente, transforme les couches les plus superficielles et l'assolement en une sorte d'humus, tandis que le sous-sol rocheux, traversé par des stratifications calcaires et salines, leur fournit des éléments minéraux.

Le sol, comme on vient de le dire, détrempé au printemps, se dessèche entièrement ensuite à la chaleur du soleil, se fendille, se fissure et favorise ainsi l'émission des miasmes putrides qui se sont formés. D'autre part, l'eau des rivières et des ruisseaux est saturée de particules de limon, de principes organiques et de substances salines.

En raison de ces conditions topographiques, chaque printemps et chaque automne, le sol produit des fièvres intermittentes et typhoïdes, et les eaux insalubres donnent la diarrhée et la dyssenteric.

L'alimentation en usage dans le pays est aussi de nature à déterminer des maladies chez les nouveaux venus qui ne sont pas faits au nouveau genre de vie de la population autochthone. L'aliment le plus répandu dans le pays est le

kukurus ou maïs, consommé principalement soit sous la forme d'une bouillie faite avec des grains ramollis par la cuisson (mamaliga); soit sous la forme d'un pain mal lié et incomplètement levé (mamaloï). Le maïs, il est vrai, en ce qui concerne la proportion des principes albuminoïdes, ne le cède en rien ni au seigle ni au froment: mais il est quatre fois aussi riche en corps gras que ces céréales, et par conséquent fort indigeste.

Les fruits du pays tentent beaucoup les habitants du Nord; on en use, on en abuse, et les troubles intestinaux qui en résultent prédisposent à la maladie, dont l'éclosion se trouve encore favorisée par les vins acides et mauvais du pays, qui se trouvent à profusion et à vil prix.

Enfin, aux circonstances qui exercent une notable influence, s'ajoutent les conditions thermométriques de la contrée et surtout les grandes oscillations de la température diurne et saisonnière.

La température passe souvent brusquement d'un degré de chaleur très élevé à un froid très sensible. A la fin de mars 1852, par exemple, la température s'éleva d'une manière tout inattendue à 20° Réaumur, à l'ombre, s'y maintint pendant 15 jours; puis, le 8 avril, tomba subitement dans l'excès inverse, au point qu'à Pâques le pays était couvert d'un pied de neige.

Au milieu de l'été, des nuits très froides succèdent, le plus souvent, à des journées torrides; dès le crépuscule, qui est de courte durée, une forte rosée pénètre les vêtements et le couchage de l'homme endormi au dehors, comme le ferait une forte pluie.

De plus, le moindre vent, qui vient à souffler de la montagne couverte de neige, amenant une réfrigération subite et surprenante de l'atmosphère, il se trouve que les contrées situées au pied des montagnes ressentent souvent ce brusque revirement de température, de sorte que cette zone, pour être moins exposée aux fièvres que les régions riveraines de la zône d'alluvion proprement dite, est en revanche fertile en maladies catarrhales.

La chaleur intense de l'été détermine très-fréquemment aussi une sorte d'insolation, qui peut amener une mort foudroyante, ou, dans les cas moins graves, donne lieu à une série d'accidents nerveux: syncope, délire, convulsions, vomissements, le tout accompagné d'une augmentation énorme de la température du corps, des palpitations très-fortes et d'accélération des mouvements respiratoires.

Les mesures propres à réduire, autant que possible, l'influence dangereuse exercée sur la santé par les causes qui viennent d'être décrites, peuvent être ramenées à trois chefs: mesures relatives à l'équipement des troupes, mesures relatives au service intérieur, mesures relatives à la conduite des opérations.

Les mesures relatives à l'équipement des troupes se rapportent tout d'abord à l'habillement. En raison des conditions thermométriques et climatériques, le soldat, pendant les marches fournies aux heures si chaudes de la journée, doit avoir un costume aussi léger que possible; la nuit, il doit être préservé contre le froid. Mais comme, dans la pratique, pour mille raisons, il n'est pas

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