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5o A l'archidiacre-prévôt de Sainte-Marie appartenaient quelques paroisses dans la ville d'Utrecht, le pays de l'Ablassenwaerd, des parties de Drenthe et du comté de Cuylenburg.

En dehors de la cité épiscopale il y avait, avons-nous vu, quatre prévôts-archidiacres que nous allons faire connaître:

6o Le prévôt de la collégiale d'Emmerick avait un petit ressort, situé au-delà de la rive droite du Rhin et renfermant, entre autres, Terborg, Ghenderingen, Brienen, Zevenaer, Overelten, Nederelten, Westervoort.

7° L'archidiaconé du prévôt de Deventer était plus étendu. Le pays de l'Yssel, avec les villes Kampen, Zwolle, Zutphen, Duysbourg, etc., en faisaient partie.

8° L'archidiaconé du prévôt d'Oldenzael renfermait Twenthe, les villes d'Enschedé et de Goor avec les paroisses avoisinantes.

9o L'archidiaconé d'Arnhem, connu avant le XIVe siècle sous le nom de prévôt de Tiel ou Thyl, renfermait une partie de la Betuwe, le Tielerwaerd, le Bommelenwaerd et le pays d'Heusden (1).

Les deux archidiaconés suivants étaient surveillés par des chanoines du Dom d'Utrecht.

10. Le plus petit des archidiaconés était celui du chorévêque (choor-bisschop) d'Utrecht (2). Il ne renfermait que quelques paroisses peu éloignées de la ville, Jutphaes, Harmelen, Kamerik, etc. Le chorévêque était lui-même soumis au grand-archidiacre du Dom. Outre les droits archidiaconaux qu'il exerçait, il devait, en certaines circonstances, assister l'évêque diocésain dans les offices du chœur en qualité d'archi-sousdiacre.

11o Le dernier, mais non le moins étendu des archidiaconés était celui de la Westfrise. Il renfermait le pays entre Alkmaar et Medemblik, les villes de Medemblik, de Hoorn, d'Enckhuyzen, avec une foule de villages considérables. Le prélat qui était à la tête de

(1) Le prévôt de la collégiale de Sainte-Walburge à Tiel dut aller résider à Arnhem vers l'an 1314 et prit depuis lors le nom d'archidiacre d'Arnhem, quoique la ville d'Arnhem appartint elle-même à l'archidiaconé du prévôt de Saint-Pierre.

(2) Ce chorepiscopus n'était pas un episcopus regionis et villarum, comme il y en eut autrefois, mais un episcopus chori, et encore ce titre était-il abusif comme le disaient les Statuta Ecclesia Ultrajectinæ.

ce ressort, était official du chapitre cathédral et exerçait juridiction épiscopale endéans les limites de son ressort. Aussi devait-il, tous les sept ans, appeler l'un ou l'autre évêque-consécrateur (wybisschop) à son choix, pour la consécration des églises et des autels, ainsi que pour d'autres fonctions propres à l'ordre épiscopal.

Les prévôts des Cinq Chapitres étaient élus par les chanoines leurs collègues; mais pour exercer les fonctions d'archidiacre attachées à leur titre, ils avaient besoin de l'agréation de l'évêque diocésain.

Les onze archidiaconés se subdivisaient chacun en un nombre plus ou moins grand de provisoriæ, dénomination équivalente à celle de décanies rurales. La nomination des provisores ou doyens ruraux émanait parfois directement de l'évêque, mais le plus souvent de leur archidiacre-prévôt respectif. S'ils devaient préalablement être agréés par le pouvoir civil, au moins sous Charles-Quint et Philippe II, c'est qu'outre l'autorité religieuse ils avaient aussi une juridiction en plusieurs causes civiles dans les limites de leur ressort spirituel (1).

Les évêques d'Utrecht ne portaient pas, comme ceux de Liége, le titre de Prince ni d'Altesse; mais, comme eux, ils avaient une temporalité ou souveraineté territoriale,simple seigneurie relevant du Saint-Empire Romain. Ce petit état, connu sous le nom de Sticht van Utrecht, se composait du Neder-Sticht, correspondant au pays proprement dit cu la province d'Utrecht, et de l'Over-Sticht ou l'Overyssel, et une petite partie des provinces actuelles de Groningue et de Drenthe.

Cette temporalité, très-légitime d'ailleurs dans ses origines, n'a pas été en tout temps un bienfait pour la religion dans ces pays. De même que les princes-évêques de Liége, les seigneursévêques d'Utrecht étaient soumis à toutes les obligations et servitudes que le régime féodal imposait aux vassaux ecclésiastiques et laïques. Pour garder leur térritoire, ils eurent de fréquentes luttes à soutenir avec les comtes de Hollande, leurs voisins (2). Puis, l'importance que la seigneurie attachait au siége épiscopal, le faisait

(1) Van Heussen, Hist. Episcop. Leovardiensis, pag. 33.

(2) Les comtes de Hollande exerçaient une grande influence sur le Sticht, depuis le règne de Florent V, vers l'an 1255.

rechercher avec ardeur par les personnages les plus considérables, et bien des fois les princes des environs et les Empereurs d'Allemagne s'efforcèrent de faire donner mitre et crosse à quelqu'un de leurs parents ou affidés, afin d'augmenter leur propre influence. Malheureusement, on s'occupait beaucoup plus des convenances de la politique que des qualités personnelles du sujet. Aussi élevait-on parfois sur la chaire vénérable de saint Willebrord des hommes qui eussent beaucoup mieux fait de demeurer jusqu'à la fin de leur vie dans l'état laïque. De là aussi, principalement à l'époque des investitures laïques par la crosse et l'anneau, des intrigues et des cabales qui se renouvelaient à presque chaque vacance, et il n'était pas rare que les prétendants se rendissent coupables de simonie, afin de réussir dans leur ambition.

La Providence mit fin à ce triste état des choses. L'évêque Henri de Bavière, fils du comte palatin Philippe, et les Cinq Chapitres durent finir par céder la seigneurie à Charles-Quint, qui la convoitait pour arrondir ses Etats. La cession solennelle se fit, le 21 octobre 1528, entre les mains d'Antoine de Lalaing, comte d'Hoogstraeten, et fut ratifiée, le 20 août de l'année suivante, par le pape Clément VII (1). Les nombreuses pièces relatives à ce grand acte peuvent se lire au tome III des Analecta Belgica de Hoynck van Papendrecht, archiprêtre de Malines.

Nous devons, pour terminer cette étude, ajouter un mot sur la partie Belge du diocèse de COLOGNE.

L'archidiaconé de Xanten qui comptait parmi les grands ressorts archidiaconaux de ce vaste diocèse, se composait de cinq Conciles ou Décanies rurales: Xanten, Suchtelen, Duisburg, Gelder ou Stralen, et Zieflick ou Nimègue. Toutes les paroisses des Conciles de Suchtelen, de Gelder et de Zieflick qui étaient situées dans le duché de Gueldre, ont été incorporées à l'évêché de Ruremonde, lors de son érection en 1559 (2).

P. CLAESSENS, chan.

(1) Voir David, Vaderlandsche Historie, IX, 401-407.

(2) Habets, Geschiedenis van het bisdom van Roermond. t. 1, p. 590.

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Dans l'appréciation des œuvres du grand fabuliste, nous nous sommes, jusqu'ici, arrêtés à la forme; étudions à présent le fond.

« Brisons l'os, et suçons la substantifique moëlle » comme disait le curé de Meudon. La fable, en effet, n'est pas seulement un conte, elle est aussi une moralité de là vient son nom d'apologue.

Malheureusement nous devrons refuser au moraliste les louanges. que nous avons accordées au poëte. La morale de La Fontaine est, le plus souvent, lâche, égoïste, utilitaire; elle est ou bien franchement mauvaise, ou bien d'une vertu restreinte par la prudence; quand elle est bonne, elle est dictée par l'intéret.

Je sais, dit-il, que la vengeance est un morceau de roi. Appliquons donc la loi juive: œil pour ceil, dent pour dent; soyons sans miséricorde, car

Etre bon aux méchants, c'est être sot.

Si nous sommes assez forts pour cela, ne confions pas à un tiers le soin de nous venger; nous payerions ce service de notre liberté.

Quel que soit le plaisir que cause la vengeance,

C'est l'acheter trop cher que l'acheter d'un bien

Sans qui les autres ne sont rien.

Il faut cependant,suivant les circonstances, changer de tactique: que rien ne nous arrête, puisque

Le sage dit, selon les gens,

Vive le Roi! Vive la Ligue !

Que ferez-vous donc si ceux qui vous attaquent sont plus forts que vous ?

Irez-vous

Les maltraiter? Vous n'êtes pas peut-être

Assez puissant: il faut les engager

A s'adresser à qui peut se venger.

Voici encore quelques maximes d'une haute moralité politique :

Tenez toujours divisés les méchants.

La sûreté du reste de la terre

Dépend de là. Semez entre eux la guerre
Ou vous n'aurez avec eux nulle paix.

Proposez-vous d'avoir le lion pour ami,
Si vous voulez le laisser croître.
Il faut de ce lion conserver l'amitié,
Ou s'efforcer de le détruire.

Les deux moyens sont également bons. Cependant, je crois que La Fontaine préfère le dernier, car après tout.

Notre ennemi, c'est notre maître.

Voilà tout un petit code politique que Machiavel et Catherine de Médicis n'auraient pas désavoué. L'intérêt doit être le seul guide de nos actions. Soyons fourbes, s'il le faut..... Soyons même vertueux, si cela peut nous être utile: non point afin d'être vertueux.

car

car

Il faut autant qu'on peut obliger tont le monde,

On peut avoir besoin d'un plus petit que soi.

Il ne se faut jamais moquer des misérables

Car qui peut se flatter d'être toujours heureux.

Si tu veux qu'on t'épargne, épargne aussi les autres.

En ce monde il se faut l'un l'autre secourir

Si ton voisin vient à mourir,

C'est sur toi que le fardeau tombe.

C'est à peine si, dans quelques circonstances exceptionelles, on peut faire le bien pour le bien, avec désintéressement. Mais il faut y regarder à deux fois, y mettre de la prudence, et être bien sûr de n'en retirer au moins aucun désagrément. Un villageois trouve un serpent engourdi, l'emporte en sa demeure, et, voyez le sot! sans considérer quel sera le loyer...

Le réchauffe, le ressuscite. ...

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