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LETTRE XXXII.

DE MADAME DE STAAL

Sceaux, 28 Juillet.

mon arrivée ici, Monfieur, j'ai trouvé les deux Lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire. Dans l'une, eft une remontrance fort douce pour quelqu'un qui fait des vifites à heure indue; l'autre me marque une inquiétude obligeante fur mon filence. J'ai vu dans toutes les deux de l'amitié qui me touche fenfiblement de votre part; trouvez bon que je vous en remercie. Je vous dirai en même. temps des nouvelles de M. l'Abbé de Bragelongne, dont vous êtes en peine. J'ai trouvé auffi une Lettre de lui du 9 Juillet; elle eft de quatre pages; mais il marque qu'il a été quatre jours à l'écrire, & me fait une defcription déplorable de fon état; ce qui eft certifié par fon écriture un peu changée & de travers en beaucoup d'endroits. Il ne parle point de fon retour, & paroît

A mon ici,

fort frappé de l'idée d'une mort prochaine (?).

Je n'ai rien dit à Madame la Ducheffe du Maine de ce que vous me mandez pour elle, de peur de réveilfer le chat qui dort; s'il s'éveille, je ferai valoir votre compliment & vos excufes. Elle eft incommodée; elle avoit même hier un peu de fièvre; mais je crois que nous n'en partirons pas moins Jeudi prochain pour Anet. Ne m'oubliez pas, je vous prie, Monfieur, pendant cette longue abfence, & foyez sûr d'un très-tendre fouvenir de ma part.

(z) M. l'Abbé de Bragelongne, né en 1688, mourut en 1744. On trouvera fon Eloge, par M. de Fouchy, dans l'Hiftoire de l'Académie des Sciences, même année, & ci-après une de fes Lettres à M. de Fontenelle.

LETTRE

E

LETTRE X XXIII.

De M. l'Abbé DE BRAGE LONGNE, de l'Académie des Sciences.

Brioude, 25 Avril 1742.

CE ne font point les embarras

Monfieur & très-cher ami, qui m'ont empêché de vous écrire; on quitte tout avec empreffement & même avec plaifir, pour s'entretenir avec une perfonne comme vous. Une fanté, non pas foible ni languiffante, mais tout-à-fait délabrée, a été la cause de mon filence, qui m'a fait fouffrir beaucoup. J'ai cru même pendant plusieurs jours, que j'allois être condamné à un filence perpétuel, ou au moins à parler comme ces gens qui ne font pas tout-à-fait muets, mais qui ne font que des fons, fans aucune articulation. J'ai eu une attaque le 7 Mars, à laquelle on donnera le nom qu'on voudra, mais qui avoit tout l'air d'une paralyfie imparfaite fur la langue. Il me refte encore beaucoup de difficulté à parler dans de certains momens, & l'on m'af Tome XI.

I

fure qu'il n'y aura que les eaux qui la feront évanouir. Dieu veuille que cela foit. Tout cela avoit été précédé de quantité de maux dont l'énumération feroit trop longue & trop ennuyeuse; ainfi je la fupprime, pour vous demander de vos nouvelles, pour lefquelles vous favez que je m'intéreffe infiniment. Je vous prie de m'en donner le plus fouvent que vous pourrez; ce fera une oeuvre de charité toute des plus méritoires. Vous fatisferez un véritable & fincere ami, & vous confolerez un pauvre exilé, qui regrette & regrettera toute fa vie ces heureux momens que nous avons paffés ensemble, tantôt à Auteuil, tantôt dans le quartier Saint Roch, & tantôt dans la rue & le fauxbourg Saint-Honoré. Mes refpects, je vous prie, à Madame du Tort (a), fi

(a) Madame la Marquife du Tort, Sœur du Comte de Nocé. Ils avoient pour pere le Comte de Fontenay, Sous-Gouverneur de M. le Duc de Chartres, depuis Duc d'Orléans & Régent du Royaume.

Voyez les Mémoires de l'Abbé Trublet fur M. de Fontenelle, pag. 181, & le Tome X des Euvres de M. de Fontenelle, pag. 404, où sont fes vers pour le portrait de Madame du Tort:

C'eft ici Madame du Tort, &c,

élle eft à Paris; mille amitiés à M. d'Aube, & bien des complimens à tous nos autres amis, dont vous favez affez, fans que je m'explique, que M. de Mairan eft à la tête.

LETTRE XXXIV.

De M. DE PONTCHARTRAIN.

J'A

Verfailles, 2 Décembre 1705.

'Ar rendu compte au Roi du Mémoire qui a été donné au fujet des Recueils & des Ouvrages du Pere Plumier, Minime; & Sa Majefté jugeant que perfonne ne peut mieux que vous les mettre dans leur perfection, m'a ordonné de vous écrire d'y travailler, voulant bien vous donner, pendant le temps que vous y travaillerez, la gratification annuelle des fix cens livres. qu'elle accordoit à ce Religieux (b). Je fuis, Monfieur, tout à vous,

PONTCHARTRAIN:

(b) M. de Fontenelle, trop occupé par le Secrétariat de l'Académie des Sciences, ne put fe charger de ce nouveau travail.

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