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introduit de votre main. Je fais par la voix de l'Europe, quelle eft la Princeffe à qui je dois une fi précieuse faveur. Votre augufte naissance, vos talens, votre goût, vos lumieres, dont vous ne tirez aucune vanité, tout cela tourne au profit de la mienne. Je fuis, &c.

LETTRE

XXVIII.

Réponse de Madame la Margrave DE BAREITH.

Bareith, 4 Mai 1747.

Es perfonnes qui poffedent autant de mérite que vous, Monfieur, ne doivent point être furprifes, quand on défire d'avoir leur portrait. C'est une efpéce d'hommage qu'on rend à ces génies rares & univerfels, que la nature n'enfante qu'avec peine, & qui, comme vous, ont la faculté d'unir le bon goût & la vivacité d'efprit au folide favoir. Quoique je n'aye pas la fatisfaction de Vous connoître perfonnellement, je fuis depuis très-long-temps zélée admi

ratrice de vos Ouvrages. Puiffiez-vous, Monfieur, les continuer encore, & devenir aussi fameux par le nombre de vos années, que vous l'êtes déja par vos talens fupérieurs ; j'y prendrai en mon particulier une part infinie, ne fouhaitant que de trouver les occafions de vous convaincre de ma parfaite estime.

WILHELMINE.

LETTRE XXIX.

A M. FORMEY, en réponse à celle par
laquelle il avoit notifié à M. DE FONTE
NELLE fon affociation à l'Académie de
Pruffe.

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Paris, 11 Janvier 1750.

A Lettre dont vous m'avez honoré, Monfieur, eft pour moi une circonftance bien glorieufe & bien agréable de la grace que votre Académie m'a faite. Il y a long-temps que je connois votre nom illuftre dans la Littérature, la grande étendue & la grande variété de vos connoissances,

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& enfin, ce qui dit tout, le choix qu'un Roi, grand connoiffeur en tout genre, & qui eft en grande vénération à toute l'Europe, a fait de vous, pour être un Acteur principal dans une Académie dont il eft le pere, & un pere très-tendre. Il eft vrai que cette Lettre, qui me touche tant, eft beaucoup trop obligeante & trop flatteufe; ma vanité même ne peut s'empêcher d'en convenir. Il faut en rabattre, & j'en rabats en effet, bien perfuadé cependant que je n'en rabats pas affez. Il y a au contraire un article que je voudrois groffir en ma faveur; c'eft celui où vous me faites fentir de l'eftime pour les gens de Lettres qui auroient des moeurs. J'avoue que je ferois très-flatté de n'être pas tout-à-fait indigne de la vôtre par cet endroit-là; mais comme vous auriez raison de la tenir à un haut prix, je ferois peut-être trop téméraire d'y afpirer. Du moins ferai-je toujours avec beaucoup de res connoiffance & de respect,

MONSIEUR,

Votre très-humble, &a

EXTRAIT des Mémoires de Madame DE STAAL, Tome I, page 246, pour fervir d'éclaircillement aux deux Lettres fui

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vantes.

» Une aventure à laquelle je ne devois prendre aucun intérêt, me fit » fortir inopinément de la profonde > obfcurité dans laquelle je vivois. Une jeune fille, nommée Mademoifelle Tetar, excita la curiofité du Pu»blic par un prétendu prodige qui fe paffoit chez elle. Tout le monde y alla. M. de Fontenelle, engagé par M. le » Duc d'Orléans, fut auffi voir la mer» veille. On prétendit qu'il n'y avoit pas porté des yeux affez philofophi» ques: on en murmura, & Madame la » Ducheffe du Maine, qui ne s'avifoit guère de m'adreffer la parole, me dit: Vous devriez bien mander à M. de > Fontenelle tout ce qu'on dit contre lui fur Mademoiselle Tetar. Je lui écrivis en > effet, fans fonger à autre chofe, qu'à > m'attirer une réponse qui pût fervir à fon apologie. Il fe trouva le même » jour

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jour chez le Marquis de Laffay, où les » gens qui y étoient lui firent plufieurs plaifanteries fur ce fujet. Ne les trouvant pas bonnes, il leur dit : En voici » de meilleures ; & il leur montra ma Let tre. Elle réuffit. C'étoit l'affaire du jour on en prit des copies, & elle courut tout Paris. Je ne m'en doutois » pas; & je fus fort étonnée quelques jours après, qu'étant venu beaucoup de monde à Sceaux pour voir jouer » une Comédie, chacun parla à Madame la Ducheffe du Maine de cette Lettre. Elle ne fe fouvenoit plus de ce qu'elle m'avoit dit, & ne favoit de quoi il étoit queftion. Elle me de» manda fi c'étoit moi qui l'avois écri◄ te; je lui dis que oui. Auffi-tôt qu'elle » m'eut parlé, tout ce qui compofoit la compagnie, vint à moi; & pour lui faire fa cour, m'accabla de louanges: puis retournant à elle, on la fé»licitoit d'avoir quelqu'un dont elle pouvoit faire un ufage fi agréable. Jufques-là pourtant elle n'y avoit pas fongé. Elle voulut voir la Lettre, & » me la demanda. Je n'en avois pas de copie; mais tous ceux qui étoient chez elle l'avoient dans leur poche. Tome XI.

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