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de refpect & de reconnoiffance,

coup Votre, &c.

LETTRE VII.

AU MÊME.

Paris, 19 Janvier 1734.

MONSIEUR,

Trouvez bon que je me joigne à tous ceux de mes compatriotes, qui ont l'honneur d'être de votre Société Royale, & que je vous représente avec eux, que M. l'Abbé de la Grive mériteroit cette grace. Il a d'autres témoignages plus importans & plus décififs que le mien. Je vous fupplie feulement de vouloir bien faire attention à leur valeur. J'ai pris avec joie cette occafion, ou peut-être ce prétexte, de vous faire fouvenir de mon nom, & de vous renouveller les affurances du refpect avec lequel je fuis, &c.

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LETTRE VIII.

A M. BOULLIER.

J'AI

Paris, 13 Novembre 1736.

'Ar reçu, Monfieur, votre Livre (n) par M. de Gennes; & je ne puis trop vous remercier de l'honneur que vous m'avez fait, de mettre mon nom à la tête d'un fi excellent Ouvrage. Il n'y a que la gloire de l'avoir fait que j'aimaffe mieux. On voit qu'il part d'une tête bien philofophique, pleine de réflexions fines & profondes, & qui est bien plus fur les bonnes voies du raifonnement, que n'y font la plupart de ceux qui font profeffion de raifonner. Comme vous m'avez trop loué dans votre Epitre, je tâche de ne me pas laiffer emporter à une reconnoiffance où ma vanité auroit part, & j'ai attention à ne vous rendre pas trop de louanges pour les vôtres. Je veux demeurer au-deffous de ce que vous mé

(n) L'Efai philofophique fur l'ame des bêtes dédié à M. de Fontenelle. 2 vol. in-12.

ritez, & vous me paroiffez digne par votre caractere, qu'on en ufe ainfi avec

vous.

Le Traité de la Certitude morale est trèsbon, bien penfé, bien écrit, feulement un peu diffus fur des chofes que les Lecteurs du commun entendroient prefque fans explication. Il y a tout au contraire des endroits, mais en petit nombre, qui demanderoient d'être plus expliqués. Un article entier, par exemple, où je vous renvoie, pag. 121. Je crois appercevoir votre idée; mais il falloit, ce me femble, ou la fupprimer, ou la développer.

Tout ce que vous dites fur la véracité de Dieu, eft bien vrai, & la Métaphyfique eft obligée d'aller jufques-là, pour aller jufqu'au bout; mais je croifois qu'après avoir établi ce principe, ib n'eft pas néceffaire de le rappeler fouvent, parce que la plupart des gens ne font pas Métaphyficiens, & qu'ils croiront Jules Cefar bien démontré, fans faire aucune attention à la véracité de Dieu.

De plus, cette véracité n'eft pas toujours fi aifée à expliquer. Je vous foutiendrai, fi je veux, qu'elle n'eft point

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bleffée, quand la bonté ne l'eft point. Les bêtes ont toutes les marques poffibles d'avoir une ame, & elles n'en ont point; quel mal me fait cette erreur? Mais Dieu m'y fait tomber; oui, mais il ne m'importe aucunement d'y être tombé, & cette erreur-là eft la fuite de quelque ordre que je ne connois point (0). Tous les hommes ne croyentils pas les objets colorés, &c.? Ne croyent-ils pas la lune auffi grande que le foleil; &, ce qui eft plus fort, Dieu lui-même ne l'a-t-il pas dit aux hommes, ou à peu près? En un mot, quand la vérité de mes jugemens n'intéreffera point la bonté de Dieu, fa véracité ne s'oppofera point à mes erreurs, parce qu'on pourra toujours fuppofer que ces erreurs entrent dans quelque ordre in

connu.

Votre Traité de la Certitude morale ne va point jufqu'à la Religion, & il eft vrai qu'il ne le devoit pas; cela vous eût jetté trop loin, & peut-être même

(0) C'eft une réponse que M. de Fontenelle prête ici aux partifans du fyftême de Descartes fur l'ame des bêtes, fyftême qu'il étoit très-éloigné d'adopter, quoique Cartefien zélé fur d'auLres points..

n'eft-il déja que trop ample pour ce qu'il vous falloit. Pour le mettre en entier, je ne fais s'il n'eût pas fallu le renvoyer à la fin de l'Ouvrage; car il y fait une tête dont on ne voit pas trop d'abord la néceffité, & il y auroit fait une conclufion bien amenée. Quoi qu'il en foit, je vous exhorte fort, Monfieur, à continuer l'édifice dont vous avez jetté les fondemens. J'attends de vous une difcuffion exacte & philofophique, comme vous la faurez bien faire, fur la différence des faits purement humains, & des faits miraculeux; fur leurs différentes preuves, leur égalité de certitude, &c. C'est là que la Métaphyfique'fe déployera bien davantage; parce que les attributs de Dieu, & les confidérations des deux ordres, tant physique que moral, y entreront perpétuellement.

Mon raisonnement fur les bêtes, que je donnai à M. Vernet pour vous, n'auroit guère ajouté aux vôtres; mais je crois votre fcrupule exceffif. Je ne vois par mes yeux nulle proportion entre une étincelle de feu, & la force d'un boulet de canon; mais indépendamment des raisonnemens phyfiques, je fais par mille expériences ce que peut

la

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