LETTRE XLIV. DE M. CHAUVELIN, GARDE DES SCEAUX, &c. 17 Avril 1732. E voudrois, Monfieur, avoir des Jeccafionis plus effentielles que celles dont vous me remerciez, pour vous montrer que je fais toute la justice & tous les égards que vous méritez. Je me ferai toujours une gloire & un devoir de m'intéreffer pour ce qui regarde la République des Lettres, & les perfonnes à qui elle eft fi redevable. J'ai à me plaindre de vous de ne vous pas connoître davantage, & je défire fort que vous mettiez ce reproche à profit pour moi. Ne doutez pas, Monfieur, que je n'aye pour vous tous les fentimens que vous méritez. CHAUVELIN LETTRE 4 * e e e & 72 ne je -0 as, วus N. TRE LETTRE XL V. De M. DE FONTENELLE à M. DE vous courez mon Dde, Monfieur, eft grazd halard fi de tous les complimens que j'ai prić qu'on vous fit pour moi, on vous en a fait un feul, & il feroit fort naturel que vous m'euffiez à peu près oublié. Mais il fe préfente une jolie occafion de vous en faire fouvenir; je dis jolie au pied de la lettre, jolie aux yeux, & qui plaira certainement aux vôtres. C'est pour vous recommander Mademoifelle Sallé, bannie de notre Opéra par oftracifme. N'allez pas lui dire ce mot-là; elle croiroit que je l'accufe de quelque chofe d'effroyable, & fe défefpéreroit. Mais il eft vrai que c'eft oftracifme tout pur. La danfe charmante, & fur-tout les moeurs très-nettes de la petite Ariftide, ont déplu à fes compagnes, ce qui est dans l'ordre, & même aux maîtres, ce qui feroit infenfé, s'ils n'avoient pas eu des maîtreffes parmi fes compagnes. Tome XI. Elle fe réfugie en Angleterre, & vous. allez jouir de notre perte; mais je vous avertis que vous n'aurez que fa danse; & en vérité ce fera bien affez. Il me vient une penfée. On dit que vous êtes fort bien auprès de la Reine, & je l'euffe prefque deviné; car il y a longtemps que je fais combien elle a de goût pour les gens d'efprit, & combien elle eft accoutumée à ceux du premier ordre, témoin M. Newton; & j'en ai même dit mon fentiment en parlant de lui (o). Si la Reine vouloit faire apprendre à danfer aux Princeffes fes filles par une perfonne propre à leur donner l'air convenable à leur naiffance, & digne en même temps de cet honneur par fa conduite, elle feroit trop heu (0) Il fut plus connu que jamais à la Cour » fous le Roi Georges. La Princeffe de Galles » aujourd'hui Reine d'Angleterre, avoit affez de » lumieres & de connoiffances pour interroger » un homme tel que lui, & pour ne pouvoir. » être fatisfaite que par lui. Elle a fouvent die » publiquement qu'elle fe tenoit heureufe de » vivre de fon temps, & de le connoître. Dans combien d'autres fiècles & dans combien d'au tres nations auroit-il pu être placé, fans ❤trouver une Princeffe de Galles « Eloge de M. Newton, mort le 20 Mars 1728. reufe que la fortune lui eût envoyé Mademoiselle Sallé. Enfin je vous demande votre protection pour elle en toute Occafion, ou plutôt je ne vous demande que de la voir un peu, après quoi le refte ira tout feul. Ne repafferez-vous point par ici en allant à Conftantinople, ou à Ifpaham, ou à Pekin? Vous donneriez beaucoup de joie à tous vos amis, quelque courte qu'elle dût être ; & je puis vous affurer que j'y ferois des plus fenfible. ft. LETTRE XLVI. De M. LE CAT & M. DE FONTENELLE. FRUL SI C9504 119 T MONSIEUR, Rouen, 1740: A Las villende Rouen commenceman avoir honte de ne fe diftinguer que par le commerce de fes Marchands. Les Savans em tout genre,qu'elle av fournis aux plus illuftres Académies, lui perfuadent qu'elle eft encore capablei d'un commerce plus noble, & non moins utile. Quelques Amateurs des Sciences ont formé le deffein de réveiller les autres de leur affoupiffement. Ils ont commencé à former un jardin de Botanique, dans lequel ils avoient des conférences fur cette matiere. Le nom-1 bre des Affociés groffiffant, on a bâti une belle ferre qui a attiré des Curieux, Phyficiens, Mathématiciens, Anatomiftes, dont la Société s'est enrichie. Bientôt la Botanique eft devenue un champ trop refferré pour cette Compagnie. Elle a étendu fes vues à proportion des talens des nouveaux Aggrégés, & peut-être même, car j'ai un peu le droit de le dire, au-delà de ces talens. Enfin elle a conçu le vaste projet de s'ériger en Académie. Elle s'eft affemblée à ce deffein; elle s'est affocié de nouveaux Membres; elle a fait des ftatuts fur le plan de ceux des Académies de Paris. Elle les a communiqués aux premiéres Puiffances de la Province, qui leur ont accordé leurs approbation & leur protection. Nous voici, Monfieur, à l'époque la plus flatteuse pour notre Académie naiffante, Elle a le bonheur de vous avoir pour compatriote, & elle vous compteroit, |