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en raison compofée des forces & des inftans, c'est-à-dire, que dv=fdt; d'où il fuit de néceffité que le corps acquiert d'autant moins de l'actuofité des forces, que fon mouvement fe trouve déja plus accéléré, ou qu'il eft plus proche de fon terme. Les démonftrations qu'on tire de la compofition des mouvemens, font fingulieres; il ne fe dit rien là fur les forces, qui ne convienne parfaitement aux vîteffes fig. 8. Il fuit donc que les vîteffes font comme des carrés des vîteffes. Il est d'ailleurs fort remarquable que, pour faire plier les quatre refforts par deux dégrés de viteffe, il lui faille changer abfolument ces deux dégrés en quatre. La phyfique des ballons me paroît fort peu développée auffi ; & il y auroit des remarques à faire fur ce qu'on fait venir le principe de la réaction du reffort (comme s'il n'y avoit pas de la réaction dans les résistances paffives), & fur plufieurs autres chefs. J'ai de l'impatience de voir ce que M. de Mairan aura dit dans le tome qui s'imprime de vos Mémoires.

Je me fuis acquitté de la commission à l'égard de M. Gottfched. Il eft fort

glorieux de favoir que fes traductions n'ont pas déplu à des perfonnes intelligentes à qui vous les avez données à lire, quoiqu'il tombe d'accord qu'il est bien difficile de donner à ces fortes de traductions autant de perfection qu'il leur faudroit, pour ne pas tomber trop au-deffous des originaux ; car, pour les égaler, il n'y faut pas penfer. Cela dépend d'un fecret qu'on trouvera avec la quadrature du cercle. J'ai l'honneur d'être, &c.

LETTRE XLIII.

De M. l'Abbé DE la Pilloniere (M).

Londres, 30 Juin 1730.

MONSIEUR,

Voici la premiere occafion qui s'eft présentée de vous témoigner la reconnoiffance que je conserve pour les bon

(m) Cette Lettre eft d'un homme fi connu par fes écarts, que j'ai cru pouvoir la publier fans aucun danger pour les Lecteurs

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tés dont je vous ai déja remercié. Le porteur est un Libraire de cette ville, qui va (comme il vous le dira lui-même) publier inceffamment une explication très-abrégée, & pourtant trèscomplette, des principes de M. Newton, composée par un de mes amis que je confidere beaucoup. Il ne fut jamais néceffaire, Monfieur, de vous recommander les bons Ouvrages. Cependant jofe vous prier d'appuyer celui-ci, dont le Secrétaire de notre Académie des Sciences donne un jugement trèsavantageux, & qui certainement eft très-capable de répandre de la lumiere fur une philofophie auffi peu dévelop pée, que digne d'être entendue; j'ai pensé dire auffi parfaitement inacceffible, fans un fecours de ce genre.

Je ne vous envoie pas encore, Monfieur, la traduction que vous avez vue, quoique je l'aye depuis long-temps toute imprimée chez moi, parce que je ne la rends pas encore publique (n).

Puifque nous en parlons, je vous dirai (ce qui pourra vous surprendre)

(n) Ceft une traduction de la République de Platon. Voyez la Préface de la traduction du même Ouvrage par le P. Grou, Jéfuite. 1762

que les Malebranche, les Platon, les Newton, font reculés d'un rang dans mon efprit. Comment eft-il poffible, me direz-vous? Les Paracelfe, les Van-Helmont, les Bafile-Valentin, les RaymondLulle, mille autres grands Prêtres de la nature, vrais thaumaturges en plus d'un genre, les ont auffi fait paffer derriere eux. Initié par ces derniers maîtres aux plus hauts myfteres de la Médecine, je n'ai pu voir, fans une vive compaffion pour mes femblables, l'impunité avec laquelle les Héros du Malade imaginaire coupent les bourses, & tuent ceux qui fe confient en eux. J'ai donc, par un Livre, très-férieufement averti chacun de prendre garde à soi.

Le fort des hommes n'eft-il pas déplorable, Monfieur? Les deux tiers, par leur belle faute, font faciles à tromper ; & l'habileté du refte confifte prefque uniquement à favoir profiter, pour leurs fins, de l'ignorance & de la crédulité publique. Ce que je dis de la Médecine s'applique parfaitement à la Religion. L'une & l'autre font-elles refponfables de l'abus qu'on en fait? A Dieu ne plaife! puifque l'homme, fans elles, eft fans contredit de toutes les

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créatures la plus miférable. Mais, à parler en général, il eft certain qu'elle n'ont point de plus grands ennemis, de plus mauvais ferviteurs, dans tous les pays, que les Médecins & les gens d'E glife.

Ce double paradoxe fait le fujet du Livre nouveau dont je vous parle. Il eft en Anglois; fans quoi je me ferois un devoir de vous l'envoyer.

Je vous fupplie de m'honorer toujours de votre bienveillance, & de me croire avec une parfaite eftime, &c.

P. S. Si vous avez la bonté de donner un mot de Lettre à ce Libraire, ou de dire un mot en fa faveur à M. l'Abbé Bignon, vous m'obligerez extrême

ment.

les

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