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la grace qu'il me life, & qu'il me donne fon jugement, auquel je déférerai beaucoup; car j'ai eu l'honneur de le voir ici, & j'ai bien fenti qu'il étoit fort habile en mathématiques. Je fuis avec beaucoup de reconnoiffance & de refpect, Votre, &c.

J'A

LETTRE I V.

AU ME ME.

Paris, 16 Octobre 1732.

'Ai reçu, Monsieur, votre lettre du 24 Janvier 1731, par un jeune Gentilhomme Allemand, en qui j'ai trouvé effectivement le mérite que vous m'annonciez. J'ai reçu en même temps la traduction de l'Hiftoire des Oracles, & je continue à fentir très-vivement toute la reconnoiffance que je dois à un Traducteur qui me fait autant d'honneur que vous. Je crois vous avoir déja mandé, que j'ai fait voir vos autres traductions à quelques perfonnes qui entendent votre Langue, & qui ont été trèscontentes de la fidélité & de l'exactitude.

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Je fuis ravi que ce que je me fuis hafardé de vous écrire fur l'Allemand, que je n'entends point du tout, fe foit trouvé un peu fenfé. Mon principe eft que, malgré toutes les différences que les Langues doivent indifpenfablement avoir entre elles, il y a quelque chofe de commun où elles fe réuniffent; ce qui dépend uniquement de la raison commune à tous les peuples. Sur ce pied-là, on peut réformer tout ce qui eft contraire à cette raifon, & on en viendra à bout, quoique peut-être il y faille bien du temps, parce que d'anciennes habitudes des Nations font difficiles à vaincre. Le projet de votre nouvelle Académie eft donc très-beau; & j'ofe affurer qu'il réuffira, & que votre nom, Monfieur, fera à la tête d'une révolution heureufe & mémorable qui fe fera dans votre Langue. Nous fommes dans un fiècle où la raifon commence à prendre plus d'empire qu'elle n'en avoit eu, du moins depuis long-temps. Cela me paroît par ce que vous me mandez, que vos Gens d'Eglife commencent à fe dégoûter des diableries. Celle des Oracles étoit fi peu fondée, que vous avez rendu un fervice à votre

Nation, d'empêcher que la traduction du Pere Baltus ne fût imprimée. Pour moi, mon intérêt particulier ne m'empêcheroit pas de le laiffer traduire dans toutes les Langues du monde.

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Je vous rends très-humbles graces des nouvelles traductions dont vous m'avez honoré dans la réimpreffion des anciennes. Je fuis ravi que vous ne vous repentiez pas des faveurs que vous m'avez faites. Je vous fupplie de compter que j'y fuis extrêmement fenfible', & que je défirerois fort des occafions de vous en marquer ma reconnoiffance. Je fuis avec respect, &c.

P. S. Permettez-moi, Monfieur, de faire ici mes très-humbles complimens à M. Haufen.

AVIS DE L'ÉDITEUR fur le morceau fuivant.

Les deux Lettres qu'on vient de lire, ont été imprimées plus d'une fois en Allemagne, en différens Recueils, fur les copies qu'en avoit données M. Gottfched. J'en fus inftruit, & je priai M. Formey, Secrétaire perpétuel de l'Acadé

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mie de Pruffe, de vouloir bien me les procurer. Il s'adreffa, pour cet effet, à M. Gottfched lui-même, qui lui en envoya deux nouvelles copies, & je les fecus en 1759. La même année, M. Formey les inféra dans un Journal qu'il publioit alors à Berlin, intitulé, Lettres fur L'état préfent des Sciences & des Mœurs, tom. 1, pag. 401. Il y parle de la demande que je lui avois faite de celles de M. de Fontenelle à M. Gottsched.

En 1764, la premiere de ces deux Lettres fut encore inférée dans le tome 4 d'une collection imprimée à Nuremberg, par les foins de M. Ufilc, Profeffeur en Droit à Francfort-fur-l'Oder, & intitulée, Sylloge nove Epiftolarum varii argumenti, &c. c'eft-à-dire, Nouveau Recueil de Lettres fur divers fujets. Les Auteurs de la Gazette Littéraire de l'Europe, M. l'Abbé Arnaud, de l'Académie des Belles Lettres, & M. Suard, ont parlé de ce Recueil, N° 13 de cette Gazette, Mercredi 16 Mai 1764, article III, pag. 292. On y trouve un paffage de cette premiere Lettre, avec quelques notes critiques des Journalistes, & les voici. Ne fuffent-elles pas toutes juftes, elles font du moins très-ingénieuses

Elles feront donc plaifir aux Lecteurs ; & de mon côté j'aurai donné une preuve d'impartialité.

Extrait de la Gazette Littéraire de l'Europe.

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Il y a dans ce Volume (Sylloge nove, &c.) difent les Journalistes, une Lettre de M. de Fontenelle à M. Gottfched, fur le caractere des Langues Françoife & Allemande, où celui du génie de cet Académicien eft admirablement confervé.

» Je ne fais, dit M. de Fontenelle, fi l'Allemand eft plus dur que le Fran»çois; car je me défie toujours un peu » de cette dureté ou douceur préten» due (g); le chant pourroit peut-être

(g) M. de Fontenelle & M. de la Motte ne confidéroient dans les mots, que l'expreffion de l'idée; vraisemblablement tous les fons affectoient également leur oreille. Ils jugeoient, dit un Philofophe Italien *, de l'Eloquence & de la Poëfie indépendamment de l'oreille & des paffions, comme on juge des corps indépendamment des qualités fenfibles.

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* L'Abbé Conti: Lettre au Marquis Maffei, dans le Journal Estanger, Août 1761.

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