On attend de leurs nourrissons Des dons que le printemps étale O vous pour qui les dieux ont des soins si pressants, Conti, par qui sont effacés Les héros des siècles passés; Conservez l'un pour l'autre une ardeur mutuelle. N'en sortez point, c'est un état bien doux, Prince et princesse, entreprenez l'affaire. Vous ne changerez point. Ecoutez Calliope; Pratiquer tous les agréments Apollon m'apprit l'autre jour XXVI. - La Ligue des Ruts. Une souris craignoit un chat Qui dès longtemps la guettoit au passage. Que faire en cet état? Elle, prudente et sage, Consulte son voisin: c'étoit un maître rat, Dont la rateuse seigneurie Et qui cent fois s'étoit vanté, dit-on, Ni coup de dent, ni coup de patte. Dame souris, lui dit ce fanfaron, Ma foi! quoi que je fasse, Seul je ne puis chasser le chat qui vous menace : Mais assemblons tous les rats d'alentour, Je lui pourrai jouer d'un mauvais tour. La souris fait une humble révérence; Et le rat court en diligence A l'office, qu'on nomme autrement la dépense, Où maints rats assemblés Faisoient, aux frais de l'hôte, une entière bombance. Il arrive, les sens troublés, Et tous les poumons essoufflés. Qu'avez-vous done? lui dit un de ces rats; parlez. En deux mots, répond-il, ce qui fait mon voyage, C'est qu'il faut promptement secourir la souris; Car Raminagrobis Fait en tous lieux un étrange carnage. Ce chat, le plus diable des chats, S'il manque de souris, voudra manger des rats. Chacun dit: Il est vrai. Sus! sus! courons aux armes! Quelques rates, dit-on, répandirent des larmes. N'importe, rien n'arrête un si noble projet : Chacun se met en équipage; Chacun met dans son sac un morceau de fromage; Gronde, et marche au-devant de la troupe ennemie. A ce bruit, nos très-prudents rats, Font, sans pousser plus loin leur prétendu fraças, Une retraite fortunée. Chaque rat rentre dans son trou : Et si quelqu'un en sort, gare encor le matou. XXVII. - Daphnis et Alcimadure. Imitation de Théocrite. A MADAME DE LA MÉSANGÈRE. Aimable fille d'une mère A qui seule aujourd'hui mille cœurs font la cour, Sans ceux que l'amitié rend soigneux de vous plaire, Et quelques-uns encor que vous garde l'amour, Je ne puis qu'en cette préface Je ne partage entre elle et vous Un peu de cet encens qu'on recueille au Parnasse, Et que j'ai le secret de rendre exquis et doux. Je vous dirai done.... Mais tout dire Ce seroit trop; il faut choisir, Ménageant ma voix et ma lyre, Qui bientôt vont manquer de force et de loisir. Jadis une jeune merveille Méprisoit de ce dieu le souverain pouvoir; Fier et farouche objet, toujours courant aux bois, Et ne connoissant autres lois Que son caprice; au reste, égalant les plus belles, Ne lui fut accordé par ce cœur inhumain. Las de continuer une poursuite vaine; Il ne songea plus qu'à mourir : Le désespoir le fit courir A la porte de l'inhumaine. Hélas! ce fut aux vents qu'il raconta sa peine; On ne daigna lui faire ouvrir Cette maison fatale où, parmi ses compagnes, Joignoit aux fleurs de sa beauté Les trésors des jardins et des vertes campagnes. Mais je vous suis trop odieux, Et ne m'étonne pas qu'ainsi que tout le reste Mon père, après ma mort, et je l'en ai chargé, Doit mettre à vos pieds l'héritage Je veux que l'on y joigne aussi le pâturage, Mes compagnons fondent un temple << Daphnis mourut d'amour: Passant, arrête-toi, >> Pleure, et dis: Celui-ci succomba sous la loi >> De la cruelle Alcimadure. >>> A ces mots, par la Parque il se sentit atteint : On voulut, mais en vain, l'arrêter un moment Pour donner quelques pleurs au sort de son amant: Menant dès ce soir même, au mépris de ses lois, Le dieu tomba sur elle, et l'accabla du poids : Une voix sortit de la nue, Écho redit ces mots dans les airs épandus : Tout l'Erèbe entendit cette belle homicide XXVIII. - Le Juge arbitre, l'Hospitalier, et le Solitaire. Trois saints, également jaloux de leur salut, Portés d'un même esprit, tëndoient à même but. » Ce sont ses amis; il nous laisse. >>> Ces plaintes n'étoient rien au prix de l'embarras Où se trouva réduit l'appointeur de débats. Aucun n'étoit content; la sentence arbitrale A nul des deux ne convenoit : A leur gré la balance égale. De semblables discours rebutoient l'appointeur; Il court aux hôpitaux, va voir leur directeur. Tous deux, ne recueillant que plainte et que murmure, Affligés, et contraints de quitter ces emplois, Là, sous d'apres rochers, près d'une source pure, Ils trouvent l'autre saint, lui demandent conseil. Troublez l'eau: vous y voyez-vous? La vase est un épais nuage Qu'aux effets du cristal nous venons d'opposer. - Mes frères, dit le saint, laissez-la reposer, Pour vous mieux contempler, demeurez au désert. Il fut cru; l'on suivit ce conseil salutaire. Ce n'est pas qu'un emploi ne doive être souffert. Puisqu'on plaide et qu'on meurt, et qu'on devient malade, Ces secours, grâce à Dieu, ne nous manqueront pas : Vous que doivent troubler mille accidents sinistres, Cette leçon sera la fin de ces ouvrages : |