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LIV

Accepteriez-vous sans réserve ce jugement sur Mme de Sévigné exprimé dans la Correspondance de Grimm (19 juin 1754): << Je trouve que son esprit baisse avec l'âge; ses dernières lettres n'ont plus la même chaleur : elles ont la plupart un air triste qui intéresse quelquefois et ennuie presque toujours? >>

LV

Examiner cette affirmation de Sainte-Beuve (Lundis, VIII, p. 112): « La réunion d'un certain art et du naturel au sein de l'imagination la plus vive n'aura lieu que chez Mme de Sévigné. »

LVI

Le même critique (Port-Royal, t. V, p. 507) esquisse une comparaison entre Mme de Sévigné et la Fontaine : « Je sais quelqu'un qui n'appelle jamais Mme de Sévigné que la divine railleuse, et la Fontaine que le divin négligent. La Fontaine et Mme de Sévigné, au xvIIe siècle, sont les deux écrivains qui ont au plus haut degré et qui communiquent le plus aisément ces deux choses involontaires, la joie et le charme. » En prenant ce jugement pour point de départ, marquer les traits communs entre les deux esprits, et aussi les traits distinctifs.

LVII

Dans un de ses opuscules (Connaissance des beautés et des défauts de la poésie et de l'éloquence dans la littérature française, 1749), Voltaire traite des lettres familières, renouvelle les critiques dirigées dans le Temple du gout contre Balzac et Voiture, et n'est pas loin de condamner Mme de Sévigné elle-même dans le passage suivant :

<«< Les lettres familières, écrites avec négligence, et d'un style approchant de la conversation, vous pourront donner l'usage de cette manière libre et dégagée dont on converse et dont on écrit à ses amis; mais ce n'est pas dans la lecture de tant de recueils de lettres imprimées qu'il faut chercher la véritable éloquence. On ne les lit d'ordinaire qu'à cause des petites anec

C. de Litt. - MADAME DE SÉVIGNÉ.

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dotes qu'elles renferment; et si on retranchait des lettres de Mme de Sévigné ce grand nombre de petits faits qui les soutiennent, et qui sont racontés avec tant de vivacité et de naturel, je doute qu'on en pût soutenir la lecture. »

Que pensez-vous de ce jugement?

LVIII

Mme de Sévigné écrit à Mme de Grignan, au sujet de sa petitefille Pauline: « Je la ferais travailler, lire de bonnes choses, mais point trop simples. » D'autre part, l'auteur du Parallèle des anciens et des modernes, Perrault, écrit: «< Rien ne dispose davantage à bien faire ce qui est aisé, que l'habitude à faire les choses difficiles. » La pensée de Perrault n'éclaire-t-elle pas en partie celle de Mme de Sévigné? Précisez-en le sens et la portée.

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COURS

DE

LITTÉRATURE

XI. LA BRUYÈRE

SOCIÉTÉ ANONYME D'IMPRIMERIE DE VILLEFRANCHE-DE-ROUERGUE

Jules BARDOUX, Directeur.

DE

LITTÉRATURE

A L'USAGE DES DIVERS EXAMENS

PAR

FÉLIX HÉMON

PROFESSEUR DE RHETORIQUE AU LYCÉE LOUIS-LE-GRAND
LAUREAT DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE

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