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M. Baudry a mis à découvert tout près de son église une nouvelle partie des bains antiques du Bernard. Il a suivi sur une longueur de 40 mètres l'aqueduc qui alimentait l'établissement. Beaucoup de menus objets ont été ramassés parmi les cendres, qui attestent une destruction violente. Il suffit de citer un bronze de Constantin et un débris de vase rouge vernissé avec la marque CARVSSA.

A Troussepoil, deux nouveaux puits funéraires ont été explorés. Il y en a un qui s'est trouvé être plus important par ses dimensions et plus curieux par son contenu qu'aucun de ceux qui avaient été vidés auparavant. La fosse descendait jusqu'à la profondeur de 9m,35. Elle présentait par sa coupe la la forme d'un fourreau d'épée. Ouverte d'un mètre 30 cent. à son orifice, elle arrivait à ne plus conserver au fond que la largeur nécessaire pour contenir une sébile de bois. Elle était indiquée sur le sol par un tas de pierres et de tessons de tuile et de poterie.

Jusqu'à la profondeur de plus de 5m, on ne trouva que du remblai de cailloux, de gravois et de pots cassés. A 5,30 on commença à distinguer les couches. Elles étaient au nombre de six, d'une puissance de 66 centimètres chacune, y compris la terre glaise qui formait les séparations. Dans la première apparut tout d'abord la tête d'un petit chêne ébranché qui, comme on ne tarda pas à le reconnaître, traversait les six couches par le milieu. A chacun des étages, les objets étaient disposés autour du tronc et garantis par des pierres et par des tuiles à rebords. Du charbon était répandu dans toutes les couches, mais en plus grande abondance dans la cinquième.

La première contenait les os presque au complet d'un bœuf et d'une vache avec beaucoup de coquillages, tels que huîtres, moules, vis, limaçons. Ces objets qui n'avaient pas subi l'action. du feu, reposaient cependant dans de la cendre.

La deuxième couche était encore de cendres. Elle contenait un grand pot noir grossier de façon, et contenant dans sa pâte de petits grains de quartz. La capacité de ce vase est de trois

litres et demi. Il était plein d'une matière pulvérulente pareille å du limon desséché, où l'on distinguait les corsages et les ailes d'un grand nombre de scarabées.

Dans la troisième couche se montrèrent un bois de cerf, une flûte en os et une écuelle vide d'une pâte fine et rose recouverte d'un vernis rouge pâle. Dans la quatrième, un seau et un baril de bois cerclés en fer, un fuseau pareil à celui des femmes bretonnes, une quenouille et de petits outils à dévider. Un grand bronze d'Antonin reposait près du seau.

La cinquième couche offrit les os d'un corps humain qui avait été originairement renfermé dans une caisse, car il restait de celle-ci les clous et une poignée en bronze. Aux ossements adhéraient des courroies, des débris de cuir et une lame en fer recourbée de 30 centimètres de long. De l'autre côté du tronc de chêne il y avait une tasse à anse en terre rouge, et dans ce vase un petit os à moitié brûlé, quatre lêles de musaraignes, un corsage d'insecte irisé et les ailes d'un autre insecte noir. La cendre qui formait la couche contenait en outre les mâchoires d'un sanglier, celles de deux blaireaux ou renards, une corne de chevreuil, une de bélier, le squelette d'un volatile supposé être une poule.

C'est dans la sixième et dernière couche que le chêne avait son appui. Il était posé debout sur une pierre qui recouvrait la sébile du fond. Celle-ci contenait des châtaignes, des noix, des noisettes, deux têtes de belettes et un squelette de petit oiseau.

Tel est le curieux ensemble reconnu par M. l'abbé Baudry. Il ajoute aux notions qui résultaient des premières fouilles de Troussepoil, en ce qu'il montre la variété des objets employés comme symbole dans ce rite funèbre; il semble témoigner aussi d'une religion qui s'adressait aux produits de la nature entière. On ne saurait donner trop d'éloges à l'antiquaire qui, par la consciencieuse attention avec laquelle il opère, a mis la science en possession de pareils faits.

La description du souterrain de Réaumur est également pour

M. Audé la continuation d'une étude spéciale qu'il a entreprise sur les refuges du même genre. Ce souterrain était connu pour avoir été rencontré en creusant un puits; mais, au lieu de l'explorer, on avait mieux aimé forger dessus les contes les plus absurdes. C'est par le puits que M. Audé y est descendu.

L'ensemble des galeries présente, comme toujours, un dédale dont il faut chercher le motif dans le soin qu'on a eu de ne creuser que les filons les plus tendres de la roche. Les couloirs aboutissent à des salles voutées, les unes en plein cintre, les autres en berceau brisé. Des trous d'aération de 10 à 12 centimètres de diamètre existent dans toutes les parties. Les tailles, encore visibles sur les parois et sur les voûtes, indiquent l'emploi d'outils de bonne trempe, et peu différents de ceux qui sont encore à l'usage des terrassiers.

M. Audé me paraît être dans le vrai lorsqu'il attribue cet ouvrage au douzième siècle. Il regrette de n'avoir aucun texte à rapprocher d'un genre de monuments si communs qu'il en connaît déjà sept dans le seul département de la Vendée. Je lui conseille de lire les chansons de gestes. Il verra que les trouvères ont parlé souvent des souterrains-refuges sous le nom de crottes et de boves. Il recueillera même la preuve que plusieurs de ces retraites peuvent remonter plus haut que le moyen-âge, car il y en a dans les poëmes dont je parle qui sont considérés comme l'œuvre des Sarrasins, c'est-à-dire des païens. Il serait bon aussi de tenir compte des recherches que l'abbé Leboeuf avait commencées sur les boves de Picardie. Elles ont été résumées dans le tome XXVII des Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

J. QUICHERAT,

Membre du Comité.

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Président, DE PUIBERNEAU, membre du Conseil général. Secrétaire général, MERLAND (Constant), docteur en médecine. Secrétaire-Adjoint, Fabre, ancien payeur de la Vendée. Trésorier, LEROY DE LA BRIÈRE, receveur général.

SECTION D'AGRICULTURE.

Président, PERVINQUIÈRE, membre du Conseil général, juge de paix, à Napoléon.

Secrétaire, MERCIER (Emmanuel), propriétaire, à Napoléon.

SECTION D'HORTICULTURE.

Président, MERLAND (Charles), avocat, à Napoléon.
Secrétaire, GUILLEMÉ, pharmacien, à Napoléon.

SECTION DES LETTRES, SCIENCES ET ARTS.

Président, Léon AUDÉ, secrétaire général de la Vendée.
Secrétaire, L'abbé BAUDRY, curé du Bernard.

MEMBRES HONORAIRES.

MM.

BOBY DE LA CHAPELLE, 0., ancien préfet de la Vendée, fondateur de la Société d'Emulation, préfet de la HauteVienne, à Limoges.

AMÉDÉE THIERRY, C., sénateur, membre de l'Institut, viceprésident du Comité des travaux historiques et des Sociétés savantes, à Paris.

Le comte DE NIEUWERKERKE, C., directeur des musées impériaux, à Paris.

L. DE LA SAUSSAYE, 0., recteur de l'académie de Lyon, membre de l'Institut.

Le vicomte DE CAUMONT, O., correspondant de l'Institut, à Caen.

GUSTAVE ROULAND, ex-secrétaire général du Ministère de l'Instruction publique et des Cultes, receveur général, å Niort. JULES QUICHERAT, professeur d'archéologie à l'École impériale des Charles, à Paris.

DE LA VILLEGILLE, secrétaire du Comité des travaux historiques et des Sociétés savantes, à Paris.

AUDINET, inspecteur de l'académie, à Poitiers.

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ALASONIÈRE, vétérinaire au Dépôt impérial d'étalons, à Napoléon.

AMAND (Désiré), propriétaire,

ibid.

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