côté du midi. Le diamètre de ce conduit n'est guère que de 5 centimètres; il met en communication le pavimentum de la tour avec celui de l'enceinte octogone. L'axe de ce conduit correspond, du côté du nord, avec la brèche faite dans la tour et, par delà la brèche, avec une coupe dans le mur octogone. La dimension de cette coupe permet de supposer qu'un tuyau en poterie la remplissait et qu'elle pouvait donner lieu, soit à l'introduction, soit à la sortie de l'eau. Le côté du midi, au contraire, ne présente pas de trace d'une pareille échancrure; c'est sur ce point cependant que se trouve la déclivité du sol. Il est remarquable que les rainures du pavimentum octogone, que nous supposons avoir été destinées à porter des cloisons, se présentent dans un état irrégulier vis-à-vis de la tour. A l'est, la rainure passe à plus d'un mètre de la tour, a 35 centimètres au midi; à l'ouest, elle est débordée par le mur de la tour de 4 à 5 centimètres; au nord, il n'y a pas de rainure, les deux qui viennent du midi aboutissent au mur octogone. Nous terminerons cette exposition par deux réflexions: la première c'est que l'établissement romain de la Salle et de la Martellerie était dans une magnifique exposition à mi-côte, dominant un immense horizon encadré à droite par les dunes de Monts et de Riez, à gauche par les coteaux lointains qui bordent la Vie. Dans ce vaste cercle l'œil dominait les cimes ombreuses de la forêt de la Garnache, aujourd'hui réduite à une infime proportion, puis la vaste surface du marais dont il serait difficile de préciser l'état alors que florissait notre villa. Cette large plaine était-elle déjà une prairie verdoyante, étaitelle une baie où se déployait le flux de la marée, était-elle dans une condition indécise et transitoire? Nul ne l'a dit, et la conjecture doit-être sobre de conclusion absolue. La seconde réflexion que nous inspirent ces ruines, c'est que, dans une enceinte de 300 mètres de long se présentèrent au moins deux. édifices construits avec un grand luxe de matériaux venus de loin et appareillés avec un soin minutieux en même temps qu'ils étaient soumis à un plan large et splendide. : Ces monuments ne remplirent qu'une partie restreinte de l'enceinte quelles constructions occupèrent le reste, c'est ce qu'il n'est pas aisé de décider à la vue d'un sol ainsi arasé. Peut-être de nouvelles fouilles préciseront-elles davantage un jour les présomptions qui surgissent naturellement à la vue des premiers objets découverts. L'occupation gallo-romaine de notre département n'a pas trouvé de place chez les histeriens, ni chez les géographes; aucun n'en a parlé, et leur silence a fait dire à quelques auteurs modernes que notre contrée était à peine peuplée à l'époque dont il s'agit. M. de la Bretonnière qui, au commencement de ce siècle, ébaucha, le premier, une statistique de la Vendée, y dit positivement qu'aucune trace de la domination romaine n'a été constatée. Édouard Richer, écrivain si recommandable à tant d'égards, croit devoir convenir qu'au Ixe siècle, les collines de Beauvoir et de Saint-Gervais n'étaient encore qu'un désert, et, depuis, un autre Vendéen studieux a cru devoir admettre le même système en un article remarquable qu'a publié la Revue des Provinces de l'Ouest. Mais, aujourd'hui la lumière a jeté ses rayons sur ce chaos, récent encore. Les vestiges galloromains surgissent de toutes parts. La splendeur du peupleroi se manifeste dans ses œuvres matérielles non moins que dans ses victoires. D'innombrables et riches monuments attestent l'accomplissement des paroles du poëte, énoncées avant la fondation de ces édifices sur nos rivages, Imperium Oceano, famam qui terminet astris. CH. MOURAIN DE SOURDEVAL. PISCICULTURE VENDÉENNE NOTE SUR LES PHOLADES OU DAILS. L'Aquarium du jardin d'Acclimatation rend aujourd'hui vulgaires des choses dont, jusqu'à présent, il n'était donné qu'à peu de monde de se faire une idée. Dans le bassin no 12, a été déposée une pierre & pholades, envoyée par moi. Au premier coup-d'œil, cette pierre semble n'être qu'une simple pétrification; mais si on examine plus attentivement, on remarque, à la surface, un trou fort petit; c'est par là que le coquillage a pénétré. On ne doit pas néanmoins juger de la petitesse de l'animal par celle de l'entrée tubuleuse; chaque individu acquiert un développement de 8 centimètres de longueur. En voici la description: la Pholade (Ascidia), vulgairement nommée Dail, est une coquille bivalve, oblongue, de couleur blanchâtre, dont la forme rappelle celle de la moule. Elle perce l'argile, le bois ou la pierre, pour se loger et se mettre à l'abri de ses ennemis. Cette faculté de s'introduire dans les corps les plus durs, unie à une apparence de stupidité, a été de tout temps un sujet d'étonnement pour les philosophes et les naturalistes. C'est dans leur très-jeune âge que les pholades commencent à attaquer le corps qu'elles ont choisi pour se creuser une demeure. Dès qu'elles ont pu en entamer la surface, elles parviennent bientôt à s'établir commodément à l'intérieur. A mesure qu'elles grandissent, elles fouillent plus profondément, et rendent plus spacieuse l'éternelle retraite qui sera leur tombe, comme elle a été leur berceau. La pholade n'a cependant, pour accomplir ce travail d'art, de patience et de persévérance, qu'une sorte de langue charnue, large, molle, quoiqu'un peu rugueuse en dessus, taillée en losange. C'est là son unique instrument de taraudage. Une fois terminée, la mystérieuse demeure ressemble assez à une pipe à fumer, dont le tuyau représente le canal par lequel l'habitant est entré. Les pholades sont pourvues de deux ouvertures qu'elles allongent ou raccourcissent à volonté, et d'où elles font jaillir l'eau, à l'approche des visiteurs importuns ou dangereux. Elles sécrètent en outre une liqueur phosphorescente qui répand une lueur vive dans l'obscurité, et communique la même propriété à tout ce qu'elle atteint. Miroir trompeur, piége séduisant, cette lumière attire l'abondance chez le solitaire, aux dépens de la curiosité ou de la coquetterie qui, le croirait-on, pénétrent même au sein des mers. On trouve parfois des rochers entiers, perforés par ces animaux en tous sens et d'outre en outre. C'est près d'Ancône, en Italie, et principalement en France, sur les côtes du 4o arrondissement maritime, entre Rochefort et les Sables-d'Olonne, que l'on voit le plus de pholades, et aussi les plus belles et les meilleures espèces, entre autres la Pholade Dactyle. Ce coquillage est un comestible très-délicat et fort recherché, particulièrement celui qui a vécu dans l'argile. Mais on comprend que la récolte en soit difficile, puisqu'il faut briser sa demeure pour l'en extraire. Comme il ne se rencontre, en général, que sur les fonds que la mer laisse rarement à découvert, on doit déployer une activité et une force considérables pour en recueillir une certaine quantité. Le pêcheur se sert de pics en fer, avec lesquels il cogne à coups redoublés sur le roc: aussi quelles que soient sa gourmandise et son ardeur, est-il promptement fatigué. Le banc, d'où provient le bloc du jardin zoologique, repose près de la Rochelle. Il offre le spectacle curieux d'une perforation continue, à un mètre de profondeur, sur une étendue de plusieurs hectares. Au moment des fortes marées équinoxiales qui, chaque année, mettent ce rocher à sec pendant une ou deux heures, on voit souvent trois ou quatre cents travailleurs piocher à l'envi, pour arracher le précieux mollusque. RENÉ CAILLAUD. |