Page images
PDF
EPUB

COLLIERS. Les perles de colliers font partie du mobilier funéraire de l'antique nécropole du Bernard. Leur nombre est relativement considérable. Elle sont, ou en os, ou en verre, ou en cristal de roche; les perles en os sont unies ou sillonnées dans tous les sens par des lignes qui forment le damier. Quelques-unes des perles en verre sont polies; la plupart sont rugueuses et chargées de bosses qui brillent comme des pointes de diamants, d'autant plus que la pâte du verre est assez souvent irisée. Pour la couleur, on trouve chez les uns le blanc, chez les autres le bleu foncé ou le bleu clair semé de paillettes blanches que l'on serait tenté de prendre pour une poussière d'argent. Enfin, les perles en cristaux de roche sont transparentes et offrent à l'œil huit facettes taillées régulièrement sur leurs flancs. Ces diverses perles n'avaient pas toutes la même forme, ni la même grandeur. Plusieurs imitent le baril et sont marquées de raies qui les cerclent aux extrémités. Elles ont beaucoup de ressemblance avec les perles mérovingiennes trouvées par l'abbé Cochet, à Envermeu, bien que nous les croyons du moyen-âge (Pl. II).

ÉPINGLES, ATTACHES, etc.— Un tombeau gallo-romain nous avait fourni l'année dernière, une épingle en cuivre doré, à tête de vis ronde, portant deux rainures diamétrales, coupant à angle droit, d'une longueur de 0 mètre 05. L'épingle s'est rencontrée aussi dans nos tombeaux chrétiens. Nous mentionnons l'épingle à cheveux trouvée sur un crâne, dans l'une de nos tombes, et dont nous avons déjà dit un mot. Elle est en bronze et a conservé son brillant vernis; sa tête est formée par deux anneaux qui se rabattent parallèlement de chaque côté de la tige. Sa longueur est de près de 0 mètre 07 (Pl. III, fig. 6).

Le cimetière du Bernard présente encore des objets de cuivre et de bronze de forme aplatie, qui se composent de deux lances liées ensemble au moyen de deux autres petits clous. Il suffit de les considérer pour comprendre que des bandelettes de cuir ou d'étoffe y étaient engagées, et qu'ils étaient destinés à fixer les vêtements. Ils appartiennent à l'époque mérovingienne. Nous

donnons le dessin de trois de ces objets sur le premier, haut de 0 mètre 04, est gravé en creux un cachet de fantaisie; le second, long de O mètre 05 et demi, se termine par un cœur enflammé ; le troisième, de 0 mètre 06, a pour ornementation une guirlande formée par des lignes en ziz-zag; un quatrième objet en bronze et d'un seul morceau, taillé en forme de hachette et percé de trois trous, nous semble de la même date. (Pl. III, fig. 9).

L'usage de ces attaches remonte à la plus haute antiquité, puisqu'on les trouve chez les Francs, chez les Germains, chez les Romains et chez les peuples orientaux (1).

[ocr errors]

MÉREAU. Nos fouilles ont mis au jour un autre objet en plomb, qui a beaucoup de ressemblance avec la rouelle gauloise, mais que nous croyons être le méreau du moyen-âge. Le méreau était une rondelle percée au milieu, qu'on distribuait aux chanoines pour leur assistance aux offices. On s'en servait aussi comme d'une marque qui donnait le droit d'assister à une distribution, de même qu'aujourd'hui on donne des bons de pain. Les protestants se servirent du méreau au xvre siècle, comme d'une espèce de cachet qu'on donnait à ceux qui voulaient communier. Rien ne nous dit à quel usage était destiné le méreau que nous avons trouvé. Nous nous bornons à constater son existence.

SCEAUX OU CACHETS. La distance du Bernard à Talmond, où se trouvait le doyenné, est de 14 kilomètres, et, pour y arriver, il faut traverser trois paroisses celles d'Avrillé, de St-Hilairela-Forêt et de St-Hilaire-de-Talmond. Cependant du xe ou xve siècle, le Bernard fut une annexe de Talmond. Presque tous les revenus de doyen étaient au Bernard; les terres en portent encore aujourd'hui le nom, aussi quelques savants de la province.

(1) L'abbé Cochet cite neuf textes de divers auteurs qui rendent ce fait incontestable. — Voy. La Norm. souterr. p. 264.

y

ont-ils écrit que le doyenné fut primitivement au Bernard, et qu'il ne fut transféré à Talmond qu'au moment de l'invasion Normande. Quel qu'il en soit, il est constant que les doyens de Talmond, pendant le cours du moyen-âge, tenaient leurs assises au Bernard, qu'ils y habitaient, et qu'ils voulaient quelquefois avoir leur sépulture. Nous avons reconnu l'un d'entre eux, au sceau en bronze qui accompagnait ses dépouilles mortelles. Ce sceau appartenait à Guillaume de la Peyratte, mort dans le xine siècle. Nous n'avons que la partie supérieure du cachet. Dans le champ, buste de face de St-Pierre, patron de Talmond, entre deux fleurs qui nous semblent le comn.encement de deux fleurs de lis. La tête de l'apôtre est encadrée dans un nimbe. De la main droite il tient les clefs du royaume des cieux, et de la gauche le livre des évangiles. La légende dont il nous reste un fragment était (SIGILLUM GUILLELMI DECANI THALLEMONDENCIS ) (Pl. III, fig. 4). Ce sceau est brisé, preuve qu'au moyen-âge on brisait quelquefois le sceau en signe de deuil. La même chose avait lieu pour l'épée, comme l'attestent un bon nombre de sépultures de guerriers.

Nous avons trouvé dans le cimetière, mais en dehors des cercueils, un autre sceau en bronze du XIVe siècle. C'est le sceau de la cour du Bernard, quand le doyen de Talmond y tenait ses assises. On voit dans le champ St-Martin, patron de la paroisse, monté sur son coursier et tourné vers un pauvre nu, auquel il s'apprête à donner la moitié de son manteau. La légende, précédée de deux trèfles, se lit ainsi : S × curie decani Thallemondencis. (Sigillum curie decani Thallemondencis). — (Pl. III, fig. 5).

Nous mentionnons un troisième sceau du XVIe siècle, réprésentant un aigle barré.

:

Les champs de Troussepoil nous ont fourni eux aussi un cachet chrétien c'est celui d'un prêtre du XIIIe siècle, appelé Pierre ou Paul Tahar.- S: P: TAHAR CL'I. (Sigillum P. Tahar, clerici). Les armes sont parlantes: c'est un fer à cheval, plus

une roue, avec le soleil et la lune, signe de la passion de Jésus-Christ.

Nous terminons cette série d'objets par les monnaies.

MONNAIES. 1° Bronze de Constantin parfaitement conservé, d'un peu plus de 0 mètre 02 de diamètre et du poids de 6 grammes.

D. Tête nue du prince, avec une bandelette au milieu de sa chevelure, profil à droite. Légende IMP. CONSTANTINVS P. F. (Pius felix).

R. Mars gradivus, avec la légende MARTI PROPVGNATORI. Exergue P. T. R. (percussa Treviris): c'est une pièce de Trèves.

2o Autre bronze du même prince, avec la légende : SOLI INVICTO COMITI.

3o Petit bronze de Constant, remarquable par la figure du prince qui profile à droite et est des plus gracieuses.

Ces trois bronzes se sont trouvés parmi les ossements dont les têtes étaient tournées vers le couchant, qui encombraient les abords des bains romains. Nous en avons parlé plus haut.

Nous n'avons point de Triens mérovingiens, bien que nous possédions des vases et des attaches de cette époque. Nous sommes tenté de croire que c'est la faute des ouvriers, qui nous ont avoué eux-mêmes que, dans le commencement des travaux, ils avaient égaré, ou distribué à droite et à gauche, une quantité de petites monnaies dont ils faisaient peu de cas.

40 Denier d'argent de Louis-le-Débonnaire, rare.

D. Croix cantonnée de quatre besans. Légende HLVDOWICVS IMP.

R. Temple surmonté d'une croix, avec la légende XRISTIANA RELIGIO. (Pl. III, fig. 2).

Deux autres deniers d'argent du même empereur. Même légende. Cette légende indique leur origine qui est ecclésiastique. Le corps des évêques posséda de bonne heure des ateliers monétaires (1).

5o Magnifique denier de Charles-le-Chauve, frappé à l'hôtel monétaire de Melle en Poitou (Pl. III, fig. 1).

6o Obole anonyme des comtes de Poitou, sortie du même atelier (Pl. III, fig. 2).

70 Denier de Richard-Coeur-de-Lion, frappé à Poitiers, avec la variété du clou, au-dessous de PICTAVIENSIS.

8o Denier d'argent de Philippe-Auguste.

R. ARRAS CIVIS (frappé à Arras), d'angle champ croix.

9o Denier de Pierre de Dreux, ou de son fils Jean Jer.

D. + DUX BRITANNIE. Dans le champ, échiquier de Dreux au franc quartier de Bretagne.

R. Croix cantonnée, avec la légende CASTRI GIGAMPI, (frappé à Gimgamb).

10° Sou tournois du même siècle (XIII).

11° Hardit d'argent du prince noir.

D. Buste de face du prince, armé du glaive.

R. Croix anglaise coupant la légende et cantonnée de deux fleurs de lis et de deux léopards.

12o Double de billon de Jean IV de Monfort.

13° Grands blancs de Charles VI et de Charles VII.

14° Hardit de billon de Charles d'Aquitaine, frère de Louis XI.

(1) BENJ. FILLON. Lettres à Dugast Matifeux sur quelques monnaies inédites, p. 124.

« PreviousContinue »