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ting the pieces; and even that might be disputed, as the selection was made out of Messrs Noël and De la place's celebrated collection for the schools in France. It now remains for me to speak of these two authors and their work. Mr. Noël is the general inspector of public instruction in France, and Mr. De la place professor in the central school of the Pantheon both were formerly professors of belles-lettres in the university of Paris. Their qualities, which I have just stated, would be a sufficient recommendation of their merit to the American public, were they not already known in the learned world for many eminent works. Those two gentlemen were invited by the French government to make a collection of the best pieces in the French language, for the use of all the establishments of instruction, for both sexes, throughout the French Empire. Their work met with the approbation it deserved, and it was adopted among the French classics. Indeed, every piece in it is moral and instructive, and it were to be wished the whole could be offered here. But the collection such as it is, forms two octavo volumes, comprising about twelve hundred pages; should it then be printed as in its original state, the price would be so high as to prevent the sale of it. This consideration, therefore, has induced me to make an abridgment of the above work, which, together with the advantage of a small type, will enable booksellers to sell it at a reduced price. All those pieces that have appeared in any other French collection in this country, have been omitted. I cannot recommend this book too much; not because I am, if I may use the expression, a second-hand compiler of it; but because it really contains pieces of the greatest merit, and cannot but im

prove the taste of young people, and make them thoroughly acquainted with the niceties of the French language, which is now so fashionable, that it is spoken throughout the courts of Europe. I have but one word more to add, which is, that my only object being to prove useful to the respectable inhabitants of this country, whose kind favours I experience every day, I shall think my trouble sufficiently compensated, if I can merit their approbation.

J. B. A, M. DESEZE.

RÈGLES

DE

L'ART D'ÉCRIRE.

- IL s'est trouvé, dans tous les temps, des hommes qui ont su commander aux autres par la puissance de la parole. Ce n'est néanmoins que dans les siècles éclairés que l'on a bien écrit et bien parlé. La véritable éloquence suppose l'exercice du génie et la culture de l'esprit. Elle est bien différente de cette facilité naturelle de parler, qui n'est qu'un talent, une qualité, accordée à tous ceux dont les passions sont fortes, les organes souples, et l'imagination prompte. Ces hommes sentent vivement, s'affectent de même, le marquent fortement au dehors ; et, par une impression purement mécanique, ils transmettent aux autres leur enthousiasme et leurs affections. C'est le corps qui parle au corps; tous les mouvemens, tous les signes, concourent et servent également, Que faut-il pour émouvoir la multitude et l'entraîner? que faut-il pour ébranler la plupart même des autres hommes et les persuader? un ton véhément et pathétique, des gestes expressifs et fréquens, des paroles rapides et sonnantes. Mais pour le petit nombre de ceux dont la tête est ferme, le goût délicat et le sens exquis, et qui comptent pour peu le ton, les gestes et le vain son des mots, il faut des choses, des pensées, des raisons; il faut savoir les présenter, les nuancer, les ordonner: il ne suffit pas de frapper l'oreille, d'occuper les yeux; ¡l faut agir sur l'âme, et toucher le cœur en parlant à l'esprit.

Le style n'est que l'ordre et le mouvement qu'on met dans ses pensées si on les enchaîne étroitement, si on les serre, le style devient ferme, nerveux et concis; si on les laisse se succéder lentement, et ne se joindre qu'à la faveur des mots, quelqu'élégans qu'ils soient, le style sera diffus, lâche et traînant.

Mais avant de chercher l'ordre dans lequel on présentera ses pensées, il faut s'en être fait un autre plus général et plus fixe, où ne doivent entrer que les premières vues et les principales

idées : c'est en marquant leur place sur ce premier plan, qu'un sujet sera circonscrit et que l'on en connaîtra l'étendue; c'est en se rappelant sans cesse ces premiers linéamens, qu'ou déterminera les justes intervalles qui séparent les idées principales, et qu'il naîtra des idées accessoires et moyennes qui serviront à les remplir. Par la force du génie, on se représentera toutes les idées générales et particulières, sous leur véritable point de vue ; par une grande finesse de discernement, on distinguera les pensées stériles des idées fécondés; par la sagacité que donne la grande habitude d'écrire, on sentira d'avance quel sera le produit de toutes ces opérations de l'esprit. Pour peu que le sujet soit vaste ou compliqué, il est bien rare qu'on puisse l'embrasser d'un coup d'œil, ou le pénétrer en entier d'un seul et premier effort de génie, et il est rare encore qu'après bien des réflexions on en saisisse tous les rapports. On ne peut donc trop s'en occuper ; c'est même le seul moyen d'affermir, d'étendre et d'élever ses pensées. Plus on leur donnera de substance et de force par la méditation, plus il sera facile ensuite de les réaliser par l'expression.

Ce plan n'est pas encore le style, mais il en est la base ; il le soutient, il le dirige, il règle son mouvement, et le soumet, à des lois; sans cela, le meilleur écrivain s'égare, sa plume marche sans guide, et jette à l'aventure des traits irréguliers et des figures discordantes. Quelque brillantes que soient les couleurs qu'il emploie, quelques beautés qu'il sème dans les détails, comme l'ensemble choquera, ou ne se fera pas assez sentir, l'ouvrage ne sera point construit ; et, en admirant l'esprit de l'auteur, on pourra soupçonner qu'il manque de génie. C'est par cette raison que ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu'ils parlent très-bien, écrivent inal; que ceux qui s'abandonnent au premier feu de leur imagination, prennent un ton qu'ils ne peuvent soutenir; que ceux qui craiguent de perdre des pensées isolées, fugitives, et qui écrivent en différens temps des morceaux détachés, ne les réunissent jamais sans transitions forcées; qu'eu un mot, il y a tant d'ouvrages faits de pièces de rapport, et si peu qui soient fondus d'un seul jet.

Cependant tout sujet est un, quelque vaste qu'il soit, il peut être renfermé dans un seul discours les interruptions, les repos, les sections ne devraient être d'usage que quand on traite des sujets différens, ou lorsque, ayant à parler de choses grandes,

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