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vaste et si superbe voûte! Quelle étonnante variété d'admirables objets? C'est pour nous donner un beau spectacle qu'une main toute-puissante a mis devant nos yeux de si grands et de si éclatans objets. C'est Dieu pour nous faire admirer le ciel, dit Cicéron, que a fait l'homme autrement que le reste des animaux. Il est droit, et lève la tête pour être occupé de ce qui est au-dessus de lui. Tantôt nous voyons un azur sombre, où les feux les plus purs étincèlent : tantôt nous voyons dans un ciel tempéré les plus douces couleurs, avec des nuances que la peinture ne peut imiter: tantôt nous voyons des nuages de toutes les figures et de toutes les couleurs les plus vives qui changent à chaque moment cette décoration par les plus beaux accidens de lumière. La succession régulière des jours et des nuits, que faitelle entendre? Le soleil ne manque jamais, depuis tant de siècles, à servir les hommes qui ne peuvent se passer de lui. L'aurore, depuis des milliers d'années, n'a pas manqué une seule fois d'annoncer le jour : elle le commence à point nommé, au moment et au lieu réglé. Le soleil, dit l'Ecriture, sait où il doit se coucher chaque jour. Par-là il éclaire tour à tour les deux côtés du monde, et visite tous ceux auxquels il doit ses rayons. Le jour est le temps de la société et du travail: la nuit, enveloppant de ses ombres la terre, finit tour à tour toutes les fatigues et adoucit toutes les peines: elle suspend, elle calme tout elle répand le silence et le sommeil : en délassant les corps, elle renouvelle les esprits. Bientôt le jour revient pour rappeler l'homme au travail, et pour ranimer toute la nature.

Du Soleil.

Le même.

Mais outre le cours si constant qui forme les jours et les nuits, le Soleil nous en montre un autre par lequel il s'approche pendant six mois d'un pôle, et au bout de six mois revient avec la même diligence sur ses pas pour visiter l'autre. Ce bel ordre fait qu'un seul Soleil suffit à toute la terre. S'il était

plus grand dans la même distance, il embraserait tout le monde, la terre s'en irait en poudre; si, dans la même distance, il était moins grand, la terre serait toute glacée et inhabitable; si, dans la même grandeur, il était plus voisin de nous, il nous enflammerait si, dans la même grandeur, il était plus éloigné de nous, nous ne pourrions subsister dans le globe terrestre faute de chaleur. Quel compas, dont le tour embrasse le ciel et la terre, a pris des mesures si justes? Cet astre ne fait pas moins de bien à la partie dont il s'éloigne pour la tempérer, qu'à celle dont il s'approche pour la favoriser de ses rayons ses regards bienfaisans fertilisent tout ce qu'il voit. Ce changement fait celui des saisons, dont la variété est si agréable. Le printemps fait taire les vents glacés, montre les fleurs et promet les fruits. L'été donne les riches moissons. L'automne répand les fruits promis par le printemps. L'hiver, qui est une espèce de nuit où l'homme se délasse, ne concentre tous les trésors de la terre qu'afin que le printemps suivant les déploie avec toutes les grâces de la nouveauté. Ainsi la nature, diversement parée, donne tour à tour tant de beaux spectacles, qu'elle ne laisse jamais à l'homme le temps de se dégoûter de ce qu'il possède.

Mais comment est-ce que le cours du Soleil peut être si régulier? Il paraît que cet astre n'est qu'un globe de flamme très subtile, et par conséquent très fluide. Qui est-ce qui tient cette flamme, si mobile et si impétueuse, dans les bornes précises d'un globe parfait quelle main conduit cette flamme dans un chemin si droit, sans qu'elle s'échappe d'aucun côté? Cette flamme ne tient à rien, et il n'y a aucun corps qui pût ni la guider, ni la tenir assujettie. Elle consumerait bientôt tout corps qui la tiendrait renfermée dans son enceinte. Où va-t-elle ? Qui lui a appris à tourner sans cesse et si régulièrement dans des espaces où rien ne la gêne? Ne circulet-elle pas autour de nous tout exprès pour nous servir? Que si cette flamme ne tourne pas, et si au contraire c'est nous qui tournons autour d'elle, je de

mande d'où vient qu'elle est si bien placée dans le centre de l'univers, pour être comme le foyer ou le cœur de toute la nature. Je demande d'où vient que ce globe d'une matière si subtile ne s'échappe jamais d'aucun côté dans ces espaces immenses qui l'environnent, et où tous les corps qui sont fluides semblent devoir céder à l'impétuosité de cette flamme?

Enfin je demande d'où vient que le globe de la terre qui est si dure tourne si régulièrement autour de cet astre, dans des espaces où nul corps solide ne le tient assujetti pour régler son cours? Qu'on cherche tant qu'on voudra dans la physique les raisons les plus ingénieuses pour expliquer ce fait: toutes ces raisons, supposé même qu'elles soient vraies, se tourneront en preuves de la Divinité. Plus ce ressort qui conduit la machine de l'univers est juste, simple, constant, assuré, et fécond en effets utiles; plus il faut qu'une main très puissante et très industrieuse ait su choisir ce ressort le plus parfait de tous. Le même.

Des Astres.

Mais regardons encore une fois ces voûtes immenses où brillent les Astres, et qui couvrent nos têtes. Si ce sont des voûtes solides, qui en est l'architecte? Qui est-ce qui a attaché tant de grands corps lumineux à certains endroits de ces voûtes, de distance en distance? Qui est-ce qui fait tourner ces voûtes si régulièrement autour de nous? Si au contraire les cieux ne sont que des espaces immenses remplis de corps fluides comme l'air qui nous environne, d'où vient que tant de corps solides y flottent, sans s'enfoncer jamais, et sans se rapprocher jamais les uns des autres? Depuis tant de siècles que nous avons des observations astronomiques, on est encore à découvrir le moindre dérangement dans les cieux. Un corps fluide donne-t-il un arrangement si constant et si régulier aux corps qui nagent circulairement dans son enceinte ? Mais que signifie cette multitude presque innombrable d'étoiles? La profusion avec laquelle la main de Dieu les a répandues sur son ou

vrage fait voir qu'elles ne coûtent rien à sa puissance. Il en a semé les cieux, comme un prince magnifique répand l'argent à pleines mains, ou comme il met des pierreries sur un habit. Que quelqu'un dise, tant qu'il lui plaira, que ce sont autant de mondes semblables à la terre que nous habitons; je le suppose pour un moment. Combien doit être

puissant et sage, celui qui fait des mondes aussi innombrables que les grains de sable qui couvrent les rivages des mers, et qui conduit sans peine, pendant tant de siécles, tous ces mondes errans, comme un berger conduit un troupeau! Si au contraire ce sont seulement des flambeaux allumés pour luire à nos yeux, dans ce petit globe qu'on nomme la terre, quelle puissance, que rien ne lasse, et à qui rien ne coûte! quelle profusion, pour donner à l'homme, dans ce petit coin de l'univers, un spectacle si étonnant! Le même.

Des Animaux.

Mais tournons nos regards vers les animaux, encore plus dignes d'admiration que les cieux et les astres. Il y en a des espèces innombrables. Les uns n'ont que deux pieds, les autres en ont quatre, d'autres en ont un très grand nombre. Les uns marchent; les autres rampent; d'autres volent; d'autre nagent; d'autres volent, marchent, et nagent tout ensemble. Les ailes des oiseaux et les nageoires des poissons sont comme des rames qui fendent la vague de l'air ou de l'eau, et qui conduisent le corps flottant de l'oiseau ou du poisson dont la structure est semblable à celle d'un navire. Mais les ailes des oiseaux ont des plumes avec un duvet qui s'enfle à l'air, et qui s'appesantirait dans les eaux: au contraire, les nageoires des poissons ont des pointes dures et sèches, qui fendent l'eau sans en être imbibées, et qui ne s'appesantissent point quand on les mouille. Certains oiseaux qui nagent, comme les cygnes, élèvent en en haut leurs ailes, et tout leur plumage, de peur de le mouiller, et afin qu'il leur serve comme de voiles. Ils ont l'art de tourner ce plumage du côté du vent,

et d'aller comme les vaisseaux, à la bouline, quand le vent ne leur est pas favorable. Les oiseaux aquatiques, tels que les canards, ont aux pattes de grandes peaux, qui s'étendent et qui font des raquettes à leurs pieds, pour les empêcher d'enfoncer dans les bords marécageux des rivières.

Parmi ces animaux, les bêtes féroces, telles que les lions, sont celles qui ont les muscles les plus gros aux épaules, aux cuisses et aux jambes: aussi ces animaux sont-ils souples, agiles, nerveux, et prompts à s'élancer. Les os de leur mâchoire sont prodigieux, à proportion du reste de leur corps. Ils ont des dents et des griffes, qui leur servent d'armes terribles pour déchirer et pour dévorer les autres animaux, Par la même raison les oiseaux de proie, comme les aigles, ont un bec et des ongles qui percent tout. Les muscles de leurs ailes sont d'un extrême grandeur, et d'une chair très dure, afin que leurs ailes aient un mouvement plus fort et plus rapide. Aussi ces animaux, quoiqu'assez pesans, s'élèvent-ils sans peine jusques dans les nues, d'où ils s'élancent, comme la foudre, sur toute proie qui peut les nourrir. D'autres animaux ont des cornes. La plus grande force des uns est dans les reins et dans le cou: d'autres ne peuvent que ruer. Chaque espèce a ses arines offensives et défensives. Leurs chasses sont des espèces de guerre qu'ils font les uns contre les autres pour les besoins de la vie. Ils ont aussi leurs règles et leur police. L'un porte, comme la tortue, sa maison dans laquelle il est né l'autre bâtit la sienne, comme les oiseaux, sur les plus hautes branches des arbres, pour préserver ses petits de l'insulte des animaux qui ne sont point ailés. Il pose même son nid dans les feuillages les plus épais. pour le cacher à ses ennemis. Un autre, comme le castor, va bâtir, jusqu'au fond des eaux d'un étang l'asile qu'il se prépare, et sait élever des digues pour le rendre inaccessible par l'inondation. Un autre, comme la taupe, naît avec un museau si pointu et si aiguisé, qu'il perce en un moment le terrain le plus dur pour se faire une retraite souterraine. Le renard sait

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