La Revue blanche, Volume 7

Front Cover
Alexandre Natanson
Revue blanche, 1894 - France
 

Other editions - View all

Common terms and phrases

Popular passages

Page 30 - JE suis l'Empire à la fin de la décadence, Qui regarde passer les grands Barbares blancs En composant des acrostiches indolents D'un style d'or où la langueur du soleil danse.
Page 19 - Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques, Jouant du luth, et dansant, et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques. Tout en chantant sur le mode mineur L'amour vainqueur et la vie opportune, Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur, Et leur chanson se mêle au clair de lune, Au calme clair de lune triste et beau Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres Et sangloter d'extase les jets d'eau, Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.
Page 17 - Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Page 17 - ... transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse ? — Je l'ignore. Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Page 26 - CHANSON D'AUTOMNE Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon cœur D'une langueur Monotone. Tout suffocant Et blême, quand Sonne l'heure Je me souviens Des jours anciens Et je pleure. Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte.
Page 20 - Et c'étaient des éclairs soudains de nuques blanches Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous. Le soir tombait, un soir équivoque d'automne : Les belles, se pendant rêveuses à nos bras, Dirent alors des mots si spécieux, tout bas, Que notre âme depuis ce temps tremble et s'étonne.
Page 30 - Là-bas on dit qu'il est de longs combats sanglants. O n'y pouvoir, étant si faible aux vœux si lents, O n'y vouloir fleurir un peu cette existence ! O n'y vouloir, ô n'y pouvoir mourir un peu ! Ah ! tout est bu ! Bathylle, as-tu fini de rire? Ah...
Page 288 - ... cours. La promenade connue cesse au pénétrant, enveloppant Londres, définitif. Son brouillard monumental — il ne faudra le séparer de la ville, en esprit; pas plus que la lumière et le vent ne le roulent et le lèvent des assises de matériaux bruts jusque par-dessus les édifices, sauf pour le laisser retomber closement, immensément, superbement : la vapeur semble, liquéfiée, couler peu loin avec la Tamise.
Page 390 - Dieu , par l'organe des hommes saints et sages, communique à l'humanité le sentiment de la vérité, et il envoie des hommes forts pour la réaliser. Après les sages et les voyants de l'ancienne Grèce , est venu Alexandre-le-Grand, l'homme le plus complet de la Grèce. La mythologie , sans Alexandrele-Grand, serait une fable ; il lui donna la réalité : il était beau comme Apollon , errant et vagabond comme Bacchus , fort comme Hercule , et , comme Mars , victorieux. Il réunissait en lui toutes...
Page 23 - AH ! les oarystis ! les premières maîtresses ! L'or des cheveux, l'azur des yeux, la fleur des chairs, Et puis, parmi l'odeur des corps jeunes et chers, La spontanéité craintive des caresses ! Sont-elles assez loin toutes ces allégresses Et toutes ces candeurs ! Hélas ! toutes devers Le Printemps des regrets ont fui les noirs hivers De mes ennuis, de mes dégoûts, de mes détresses...

Bibliographic information