152.

Si nous ne nous flattions point nous-mêmes, la flatterie des autres ne nous pourroit nuire.

153.

La nature fait le mérite, & la fortune le met en œuvre.

154.

La fortune nous corrige de plufieurs défauts que la raifon ne fauroit corriger.

155.

Il y a des gens dégoûtans avec du mérite, & d'autres qui plaifent avec des défauts.

156.

Il y a des gens dont tout le mérite confifte à dire & à faire des fottises utilement, & qui gâteroient tout s'ils changeoient de conduite.

157.

La gloire des hommes fe doit toujours mesurer aux moyens dont ils fe font fervis pour l'acquérir.

158.

Les Rois font des hommes comme des pièces de monnoie : ils les font valoir ce qu'ils veulent, & l'on eft forcé de les recevoir felon leur & non pas felon leur véritable prix.

cours,

159.

Ce n'eft pas affez d'avoir de grandes qualités; il en faut avoir

l'économie.

160.

Quelque éclatante que foit une action, elle ne doit pas paffer pour grande lorfqu'elle n'eft pas l'effet d'un grand deffein.

161.

Il doit y avoir une certaine proportion entre les actions & les deffeins, fi on en veut tirer tous les effets qu'elles peuvent produire.

162.

L'art de favoir bien mettre en œuvre de médiocres qualités, dé

robe l'eftime & donne fouvent plus de réputation que le véritable mé

rite.

163.

Il y a une infinité de conduites qui paroiffent ridicules, & dont les raifons cachées font très-fages & très-folides.

164.

Il eft plus facile de paroître digne des emplois qu'on n'a pas, que de ceux qu'on exerce.

165.

Notre mérite nous attire l'eftime des honnêtes gens, & notre étoile celle du public.

166.

Le monde récompenfe plus fou

vent les apparences du mérite que

le mérite même.

167.

L'avarice eft plus oppofée à l'économie que la libéralité.

168.

L'efpérance, toute trompeuse qu'elle eft, fert au moins à nous mener à la fin de la vie par un chemin agréable.

169.

Pendant que la pareffe & la timidité nous retiennent dans notre devoir, notre vertu en a fouvent tout l'honneur.

170.

Il eft difficile de démêler fi un