119. Nous fommes fi accoutumés à nous déguiser aux autres qu'à la fin nous nous déguisons à nous-mêmes. 120. On fait plus fouvent des trahifons par foibleffe que par un def fein formé de trahir. 121. On fait fouvent du bien pour pouvoir impunément faire du mal, 122. Si nous réfiftons à nos paffions, c'eft plus par leur foibleffe que par notre force. 123. On n'auroit guère de plaisirs fi l'on ne fe flattoit jamais. 124. Les plus habiles affectent toute leur vie de blâmer les fineffes, pour s'en fervir en quelque grande occafion & pour quelque grand intérêt. 125. L'ufage ordinaire de la finesse eft la marque d'un petit efprit, & il arrive prefque toujours que celui qui s'en fert pour le couvrir en un endroit, fe découvre en un autre. 126. Les fineffes & les trahifons ne viennent que de manque d'habi leté. 127. Le vrai moyen d'être trompé, c'eft de fe croire plus fin que les autres. 128. La trop grande fubtilité eft une fauffe délicateffe; & la véritable délicateffe eft une folide fubtilité. 129. Il fuffit quelquefois d'être groffier pour n'être pas trompé par un habile homme. 130. La foibleffe eft le feul défaut qu'on ne fauroit corriger. 131. Le moindre défaut des femmes qui fe font abandonnées à faire l'amour, c'eft de faire l'amour. 132. Il eft plus aifé d'être fage pour les autres, que de l'être pour foi même. 133. Les feules bonnes copies font celles qui nous font voir le ridicule des méchans originaux. 134. On n'eft jamais fi ridicule par les qualités que l'on a, que par celles que l'on affecte d'avoir. |