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nous ignorons nous

cœur, & que mêmes.

70.

Il n'y a point de déguisement qui puiffe long-tems cacher l'amour où il eft, ni le feindre où il n'eft pas.

71.

Comme on n'eft jamais en liberté d'aimer ou de ceffer d'aimer, l'amant ne peut pas se plaindre avec juftice de l'inconftance de fa maîtreffe, ni elle de la légéreté de fon

amant.

72.

Si on juge de l'amour par la plupart de fes effets, il reffemble plus à la haine qu'à l'amitié.

73.

On peut trouver des femmes qui n'ont jamais eu de galanterie; mais il est rare d'en trouver qui n'en aient jamais eu qu'une.

74.

Il n'y a que d'une forte d'amour, mais il y en a mille différentes copies.

751

L'amour, auffi bien que le feu, ne peut fubfifter fans un mouvement continuel, & il ceffe de vivre dès qu'il ceffe d'efpérer ou de craindre.

76.

Il en eft du véritable amour

comme de l'apparition des efprits: tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu.

77.

L'amour prête fon nom à un nombre infini de commerces qu'on lui attribue, & où il n'a non plus de part que le Doge à ce qui fe fait à Venife.

78.

L'amour de la juftice n'eft, en la plupart des hommes, que la crainte de fouffrir l'injuftice.

79.

Le filence eft le parti le plus fûr pour celui qui fe défie de foi

même.

80.

Ce qui nous rend fi changeans dans nos amitiés, c'eft qu'il eft difficile de connoître les qualités de l'ame, & facile de connoître celles de l'efprit.

81.

L'amitié la plus défintéreffée n'eft qu'un commerce où notre amourpropre fe propofe toujours quelque chofe à

gagner.

82.

La réconciliation avec nos ennemis n'eft qu'un defir de rendre notre condition meilleure, une laffitude de la guerre, & une crainte de quelque mauvais événement.

$3.

Quand nous fommes las d'aimer, nous fommes bien aises qu'on nous devienne infidele pour nous dégager de notre fidélité.

84.

Il eft plus honteux de fe défier de fes amis que d'en être trompé.

85.

Nous nous perfuadons souvent d'aimer les gens plus puiffans que nous, & néanmoins c'est l'intérêt feul qui produit notre amitié; nous ne nous donnons pas à eux pour le bien que nous leur voulons faire, mais pour celui que nous en voulons recevoir.

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