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me une borne au coin des places; il est vu de tous, & à toute heure, & en tout état; au lit, nu, habillé, fain ou malade: il ne peut être important, & il ne le veut point être.

4.

Combien d'hommes reffemblent à ces arbres déjà forts & avancés, que l'on tranfplante dans les jardins, où ils furprennent les yeux de ceux qui les voient placés dans de beaux endroits où ils ne les ont point vus croître, & qui ne connoiffent ni leurs commencemens, ni leurs progrès!

5.

Rien ne fait mieux comprendre le

peu de chofe que Dieu croit donner aux hommes, en leur abandonnant les richeffes, l'argent, les grands établiffemens & les autres biens, que la difpenfation qu'il en fait, & le genre d'hommes qui en font le mieux pourvus.

G.

Il faut avoir trente ans pour fon. ger à fa fortune; elle n'eft pas faite à cinquante l'on bâtit dans fa vieilleffe, & l'on meurt quand on en eft aux peintres & aux vitriers.

7.

Quel eft le fruit d'une grande fortune, fi ce n'eft de jouir de la vanité, de l'induftrie, du travail & de la dépenfe de ceux qui font ye

nus avant nous, & de travailler nous-mêmes, de planter, de bâtir, d'acquérir pour la postérité?

8.

Il y a des misères fur la terre qui faififfent le cœur : il manque à quelques-uns jufqu'aux alimens; ils redoutent l'hiver ; ils appréhendent de vivre. L'on mange ailleurs des fruits précoces; on force la terre & les faifons pour fournir à fa délicateffe: de fimples bourgeois, feulement à caufe qu'ils étoient riches, ont eu l'audace d'avaler en un feul morceau la nourriture de cent familles. Tienne qui voudra contre de fi grandes extrémités : je ne veux être, fi je le puis, ni malheureux,

ni heureux; je me jette & me réfugie dans la médiocrité.

9.

L'occafion prochaine de la pau ́vreté, c'est de grandes richesses.

ΙΟ.

Il n'y a au monde que deux manières de s'élever ; ou par fa propre induftrie, ou par l'imbécillité des

autres.

II.

Les traits découvrent la complexion & les mœurs, mais la mine défigne les biens & la fortune: le plus ou le moins de mille livres de rente fe trouve écrit fur les vi

fages.

12.

Il faut l'avouer, le préfent eft pour les riches, & l'avenir pour les vertueux & les habiles.

Homere eft encore, & fera toujours les receveurs de droits, les publicains ne font plus; ont-ils été? Leur patrie, leurs noms font-ils connus? Y a-t-il eu dans la Grèce des partifans? Que font devenus ces importans perfonnages qui méprifoient Homere, qui ne fongeoient dans la place qu'à l'éviter, qui ne lui rendoient pas le falut, ou qui le faluoient par fon nom, qui ne daignoient pas l'affocier à leur table, qui le regardoient comme un homme qui n'étoit pas riche & qui

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