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TOUS DROITS DE REPRODUCTION,

DE TRADUCTION, D'ADAPTATION ET D'EXÉCUTION

RÉSERVÉS POUR TOUS PAYS.

Copyright 1924, by the Librairie Larousse, Paris.

PRÉFACE

D

ANS le premier volume de cette anthologie, nous nous sommes proposé de réunir les pages les plus caractéristiques des grands écrivains d'expression française : entre elles nous avons choisi, avant tout, les morceaux ou les passages que l'on cite le plus fréquemment ou bien auxquels on fait le plus souvent allusion (1). Puis nous avons groupé, à la fin de ce volume, des poèmes d'écrivains moins célèbres, mais dont telle ou telle pièce reste encore très

connue.

S'il nous a été possible de réaliser notre projet, c'est que la publication d'une Histoire de la Littérature et de la Pensée françaises (2), écrite concurremment avec le présent ouvrage, nous a permis de réduire les biographies aux circonstances essentielles de la vie de l'écrivain et d'en éliminer toutes les considérations littéraires.

D'autre part, dans les notes, nous nous sommes borné à élucider les difficultés dont la solution n'est pas fournie par les dictionnaires communément employés, en particulier par le Larousse élémentaire illustré. En ce qui touche les textes

(1) Lorsque nous citons plusieurs morceaux d'un même auteur, nous suivons l'ordre de la publication des œuvres.

(2) Histoire de la Littérature et de la Pensée françaises, par Daniel Mornet, maître de Conférences à la Sorbonne (Librairie Larousse, 1923).

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du moyen âge, nous avons toujours modernisé l'orthographe, et, lorsqu'ils étaient écrits en une langue trop éloignée de la nôtre, nous avons cru pouvoir nous permettre d'en donner la traduction, accompagnée ou non du texte.

Nos lecteurs ne trouveront pas ici tous les auteurs, toutes les œuvres, toutes les pages qu'ils souhaiteraient d'y rencontrer et auxquels nous aurions voulu donner place. Mais, sans invoquer le cadre de la collection et la législation relative à la propriété littéraire, il est des prosateurs ou des poètes qui, pour des raisons tirées du fond, ne sauraient figurer dans un recueil comme celui-ci, destiné à être mis entre toutes les mains ; d'autres ne permettent pas de détacher de leur œuvre un morceau de dimensions raisonnables et formant un tout.

Du moins, avons-nous pleine confiance de n'avoir omis aucun grand nom, aucune page célèbre, et d'avoir donné ici une idée exacte de la

littérature d'expression française. Nous

serions heureux si nous pouvions

avoir inspiré au plus grand

nombre le désir de pousser

plus loin leur étude.

H. B.

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Buona pulcella fut Eulalia,
Bel avret corps, bellezour anima.
Voldrent la veintre li Deo inimi,
Voldrent la faire diavle servir.

El nout eskoltet les mals conseillers
Qu'elle Deo raneiet chi maent sus en ciel,

Ne por or ned argent ne paramenz
Por manatce regiel ne preiement.....

In figure de colomb volat à ciel.
Tuit oram que por nos degnet preier
Qued avuisset de nos Christus mercit,
Post la mort, et a lui nos laist venir

Par souve clementia.

(*) La Cantilène est un poème épico-lyrique. On désigne improprement sous ce nom une imitation des hymnes latins, composés de quatorze strophes de deux vers et d'une coda. La Cantilène de Sainte-Eulalie est le plus ancien texte en vers que nous possédions; nous n'en donnons ici qu'un extrait.

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Eulalie était une bonne jeune fille, elle avait beau le corps, plus belle l'ame....

Les ennemis de Dieu voulurent la vaincre, ils voulurent lui faire servir le diable.

Elle n'écoute pas les mauvais conseillers renier Dieu, qui habite en haut au ciel,

Ni pour or, ni pour argent, ni pour parures venant du roi, ni pour prières.....

Sous forme de colombe elle s'envola au ciel. qu'elle daigne intercéder pour nous,

qui l'engagent à

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Afin que le Christ ait merci de nous après la mort et nous

laisse venir à lui

Par sa clémence.

CHANSON DE ROLAND *

(XIe siècle)

Le Conflit de Roland et d'Olivier

Olivier, le plus cher compagnon de Roland, demande à son ami de sonner du cor. Roland refuse.

Olivier dit : « J'ai vu les païens. Jamais homme sur terre n'en vit plus. Devant nous ils sont bien cent mille, l'écu au bras, le heaume lacé, le blanc haubert revêtu ; et leurs épieux bruns luisent, hampe dressée. Vous aurez une bataille, telle qu'il n'en fut jamais. Seigneurs Français, que Dieu vous donne sa force! Tenez fermement pour que nous ne soyons pas vaincus ! » Les Français disent : « Honni soit qui s'enfuit ! Jusqu'à la mort, pas un ne vous abandonnera ! »

Olivier dit « Les païens sont très forts; et nos Français, ce me semble, sont bien peu. Roland, mon compagnon, ah !

(*) La Chanson de Roland, qui chante les exploits de Roland au défilé de Roncevaux, est la plus belle des chansons de geste. Elle a été composée par un trouvère inconnu : la rédaction que nous en possédons remonte au XIe siècle.

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