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(1821-1870)

PIERRE DUPONT

Les Bœufs

J'ai deux grands bœufs dans mon étable,
Deux grands bœufs blancs marqués de roux
La charrue est en bois d'érable,

L'aiguillon en branche de houx.

C'est par leur soin qu'on voit la plaine
Verte l'hiver, jaune l'été ;

Ils gagnent dans une semaine

Plus d'argent qu'ils n'en ont coûté.

S'il me fallait les vendre,

J'aimerais mieux me pendre;

J'aime Jeanne ma femme; eh bien! j'aimerais mieux
La voir mourir que voir mourir mes bœufs.

Les voyez-vous, les belles bêtes,
Creuser profond et tracer droit,
Bravant la pluie et les tempêtes,
Qu'il fasse chaud, qu'il fasse froid?
Lorsque je fais halte pour boire,
Un brouillard sort de leurs naseaux,
Et je vois sur leur corne noire
Se poser les petits oiseaux.

S'il me, etc.

Ils sont forts comme un pressoir d'huile ;
Ils sont doux comme des moutons ;
Tous les ans, on vient de la ville
Les marchander dans nos cantons
Pour les mener aux Tuileries,
Au Mardi gras, devant le roi 1,
Et puis les vendre aux boucheries;
Je ne veux pas, ils sont à moi.

S'il me, etc.

Quand notre fille sera grande,
Si le fils de notre régent 2

En mariage la demande,

Je lui promets tout mon argent ;
Mais, si pour dot il veut qu'on donne
Les grands bœufs blancs marqués de roux,
Ma fille, laissons la couronne 3

Et ramenons les bœufs chez nous.

S'il me, etc.

CHANTS ET POÉSIES.

(Garnier frères, Editeurs.)

BARBIER

(1805-1882)

L'Idole

O Corse à cheveux plats 1 ! que ta France était belle
Au grand soleil de messidor !

C'était une cavale indomptable et rebelle,
Sans frein d'acier ni rênes d'or ;
Une jument sauvage à la croupe rustique,
Fumante encor du sang des rois,

Mais fière, et d'un pied fort heurtant le sol antique,
Libre pour la première fois !

Jamais aucune main n'avait passé sur elle
Pour la flétrir et l'outrager;

Jamais ses larges flancs n'avaient porté la selle
Et le harnais de l'étranger;

Tout son poil reluisait, et, belle vagabonde,
L'œil haut, la croupe en mouvement,
Sur ses jarrets dressée, elle effrayait le monde
Du bruit de son hennissement.
Tu parus, et sitôt que tu vis son allure,
Ses reins si souples et dispos,

Centaure impétueux, tu pris sa chevelure,
Tu montas botté sur son dos.

Alors, comme elle aimait les rumeurs de la guerre,
La poudre, les tambours battants,

Pour champ de course, alors, tu lui donnas la terre,
Et des combats pour passe-temps:

Alors, plus de repos, plus de nuits, plus de sommes,
Toujours l'air, toujours le travail,

Toujours comme du sable écraser des corps d'hommes,
Toujours du sang jusqu'au poitrail !

Quinze ans, son dur sabot dans sa course rapide
Broya des générations ;

Quinze ans, elle passa fumante, à toute bride,
Sur le ventre des nations.

Enfin, lasse d'aller sans finir sa carrière,
D'aller sans user son chemin,

De pétrir l'univers, et comme une poussière,
De soulever le genre humain,
Les jarrets épuisés, haletante et sans force,
Près de fléchir à chaque pas,

Elle demanda grâce à son cavalier corse;

Mais, bourreau, tu n'écoutas pas 1
Tu la pressas plus fort de ta cuisse nerveuse ;
Pour étouffer ses cris ardents,

Tu retournas le mors dans sa bouche baveuse,
De fureur tu brisas ses dents;

Elle se releva. mais un jour de bataille,

Ne pouvant plus mordre ses freins, Mourante, elle tomba sur un lit de mitraille 2, Et du coup te cassa les reins.

(Lemerre, éditeur.)

(1815-1891)

JOSEPHIN SOULARY

Les deux Cortèges

Deux cortèges se sont rencontrés à l'église.
L'un est morne : il conduit la bière d'un enfant.
Une femme le suit, presque folle, étouffant
Dans sa poitrine en feu le sanglot qui la brise.

L'autre, c'est un baptême.

Au bras qui le défend

Un nourrisson bégaie une note indécise;
La mère, lui tendant le doux sein qu'il épuise,
L'embrasse tout entier d'un regard triomphant !

On baptise, on absout, et le temple se vide.
Les deux femmes, alors, se croisant sous l'abside.
Échangent un coup d'œil aussitôt détourné ;

Et merveilleux retour qu'inspire la prière ! -
La jeune mère pleure en regardant la bière,
La femme qui pleurait sourit au nouveau-né !

SONNETS HUMORISTIQUES.
(Lemerre, éditeur.)

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NOTES

VILLON

Ballade des Dames du temps jadis. inconnu. 3. Alcibiade.

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-

G

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- 1. Et dans. - 2. Personnage 4. Thaïs, Athénienne célèbre par sa beauté. Villon veut dire que, par la beauté, elle fut cousine germaine d'Alcibiade. 5. De l'année dernière; par extension: du temps passé. 6. Héloïse. 7. Malheur. 8. Marguerite de Bourgogne. - 9. On ne sait de quelle reine Villon veut parler. 10. Avec une voix. 11. La mère de Charlemagne. 12. Béatrix de Provence. 13. Alix de Champagne. 14. Erembourges, morte en 1126, femme de Foulques V, comte d'Anjou. 15. Jeanne d'Arc.-16. Où sont-elles? 17. Ni de cette semaine, ni de cette année. - 18. Sans que ce refrain vous revienne en mémoire.

MYSTÈRES

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Mystère de la Passion (1450). 1. Aime. 2. Mon fils doux et parfait.-3. Il y a longtemps.-4. Triste.-5. Je fus affligé.-6. J'entends. -7. Nés sous une mauvaise étoile. · 8. Haïssent. 9. Qu'ils cherchent de toutes leurs forces. 10. Viennent à bout. 11. Voudraient.-12. Ils désirent le plus. - 13. Ils voient.-14. Tous y voient -15. J'entends. 16. Séparerait. 17. Partagerait.

--

19. Ma consolation.

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20. La cruauté.

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du mal.
Aimable.
vous-en. 22. Par le caractère divin tout-puissant.
seur. 24. Dès votre.

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1. De grâce. 2. Je vous prie.

Mystère de la Passion (1490). 3. Que votre sang ne soit pas répandu. 4. Pleins de vices. - 5. Creuseront. 6. Trous. - 7. Vous ne donnez. 8. Il faut accomplir.

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FARCE DU CUVIER

1. Ces trois verbes expriment quatre phases de la fabrication du pain. 2. Mon sang est déjà tout tourné. 3. Pensez à me secourir vite. 4. En à cause de cet événement. 5. Que ce soit une plaisanterie. 6. Complètement terminé. 7. Discussion. 8. N'y est-ce pas écrit ? 9. Parce que.— 10. S'il ne tient qu'à moi, vous y demeurerez.

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