APPENDICE Poètes dont on ne cite ordinairement qu'une œuvre (1589-1670) RACAN Stances sur les Douceurs de la Vie champêtre Tircis, il faut penser à faire la retraite 1 : La course de nos jours est plus qu'à demi faite ; Le bien de la fortune est un bien périssable; Les grands pins sont en butte aux coups de la tempête, Et la rage des vents brise plutôt le faîte Des maisons de nos rois que les toits des bergers. O! bienheureux celui qui peut de sa mémoire Il laboure le champ que labourait son père ; Roi de ses passions, il a ce qu'il désire; Sa cabane est son Louvre et son Fontainebleau 4 ; Se contente chez lui de les voir en tableau... Agréables déserts, séjour de l'innocence, LE FRANC DE POMPIGNAN (1709-1784) Ode sur la mort de J.-B. Rousseau1 (1742) Quand le fameux chantre du monde 2 Expira sur les bords glacés Où l'Hèbre effrayé dans son onde Reçut ses membres dispersés, Le Thrace, errant sur les montagnes, Poussaient d'insolentes clameurs, ODES. (Livre III.) GILBERT (1751-1780) Adieux à la Vie J'ai révélé mon cœur au Dieu de l'innocence. Il guérit mes remords, il m'arme de constance : Mes ennemis, riant, ont dit dans leur colère : A tes plus chers amis ils ont prêté leur rage; Celui que tu nourris court vendre ton image, Mais Dieu t'entend gémir, Dieu vers qui te ramène J'éveillerai pour toi la pitié, la justice Eux-même1 épureront, par leur long artifice, Soyez béni, mon Dieu ! vous qui daignez me rendre Vous qui, pour protéger le repos de ma cendre, Au banquet de la vie, infortuné convive, Je meurs, et sur la tombe, où lentement j'arrive, Salut, champs que j'aimais, et vous, douce verdure ! Ciel, pavillon de l'homme, admirable nature, Ah! puissent voir longtemps votre beauté sacrée Qu'ils meurent pleins de jours, que leur mort soit pleurée, Qu'un ami leur ferme les yeux ! (1755-1794) ODES. FLORIAN La Guenon, le Singe et la Noix Une jeune guenon cueillit Une noix dans sa coque verte. Elle y porte la dent, fait la grimace... « Ah_certe ! Quand elle m'assura que les noix étaient bonnes. Vite entre deux cailloux la casse, L'épluche, la mange, et lui dit : |