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mun avec une forte d'empreffement, & fe montra plus ardent qu'aucun autre à en preffer l'exécution. Les troupes marchérent donc vers Apamée, qui étoit le lieu du rendez-vous.

A peine en étoit-on forti, qu'il s'éleva une fédition dans l'armée au fujet d'un refte de paie qui étoit dû aux foldats. Un contre-tems fi fâcheux jetta le Roi dans une grande confternation, & dans une mortelle inquiétude. En effet le péril étoit preffant. Hermias, trouvant le Roi dans cet embarras, le raffura, & lui promit de paier fur le champ tout ce qui étoit dû à l'armée : mais il lui demanda par grace qu'il ne menât point Epigene avec lui à cette expédition, parce qu'après l'éclat qu'avoit fait leur brouillerie on ne pouvoit plus efpérer d'agir de concert dans les opérations de la guerre comme le bien du fervice le demandoit. Sa vûe étoit de commencer par refroidir l'eftime & l'affection d'Antiochus à l'égard d'Epigéne par fon abfence, fachant bien que les Princes oublient facilement la vertu & les fervices d'un homme éloigné.

Cette propofition fit une peine extrême au Roi, qui fentoit le besoin

qu'il avoit de retenir auprès de lui, dans une expédition fi importante, un Général auffi habile & auffi expérimenté que l'étoit Epigéne. Mais a comme Hermias s'étoit étudié de loin à l'obféder & à s'emparer de lui par toutes fortes de voies, en lui fourniffant des vûes d'économie, en le gardant à vûe, en le gagnant par fes complaifances & fes flateries, ce Prince n'étoit point fon maître. Le Roi confentit donc, quoiqu'avec beaucoup de répugnance, à ce qu'on lui demandoit, & Epigéne eut ordre de fe retirer à Apamée. Cet événement furprit & effraia tous les Courtifans, qui craignirent pour eux un pareil fort mais l'armée, qui venoit de recevoir fa paie, s'en confola, & fe crut fort obligée au Miniftre qui l'avoit fait paier. Ainfi s'étant affuré des Grands par la crainte, & des troupes par ce paiement, il se mit en mar che avec le Roi.

La difgrace d'Epigéne bornée à un

a ПTEPLEX MENS 'sponæreıλnμμíros dixovoulais

miis, & cuftodiis, & ob fequiis, Hermiæ maligniφυλακαίς, και θεραπείαις ὑπὸ rate fui non erat doniiss Equeiou xazondeices, xnus. Polyb. C'est une iTA ur xúpros. Circumventus duction litérale,

& præoccupatus œcono

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fimple éloignement, outre qu'elle ne fatisfaifoit pas pleinement fa vengeance, ne calmoit pas fes inquiétudes pour l'avenir, & lui faifoit craindre un retour. Il travailla efficacement à le prévenir. Alexis, Gouverneur de la Citadelle d'Apamée, lui étoit entiérement dévoué : & qui ne le feroit pas à un Miniftre tout-puiffant, & maître de toutes les graces? Il le charge de le défaire d'Epigéne, & lui en prefcrit les moiens. En conféquence, Alexis gagne un des domeftiques d'Epigéne, & à force de préfens & de promeffes l'engage à gliffer dans les papiers de fon Maître une lettre qu'il lui donna. Elle étoit écrite & fignée, à ce qu'il paroiffoit, par Molon, l'un des Chefs des rebelles, qui remercioit Epigéne de la confpiration qu'il avoit formée contre le Roi, & lui communiquoit des moiens sûrs pour l'exécuter. Quelques jours après, Alexis l'alla trouver, & lui demanda s'il avoit reçu quelque lettre de Molon. Epigéne, furpris d'une telle demande, marqua fon étonnement, & en même tems fon indignation. L'autre répondit qu'il avoit ordre de fouiller dans fes papiers. On y trouva en ef

fet la prétendue lettre, & fans autre examen ni autre formalité Epigéne fut mis à mort. Le Roi, fur la fimple inspection de la lettre, crut le crime bien avéré & bien prouvé. La Cour n'en jugea pas de même : mais la crainte tenoit toutes les langues liées & muettes. Que les Princes font malheureux, & qu'ils font à plaindre !

Quoique la faifon fût déja fort avancée, Antiochus paffa l'Euphrate, raffembla toutes les troupes, & pour être plus à portée, & entrer de bonne heure en campagne au printems, il les mit en quartier d'hiver dans le voifinage en attendant la belle saison.

Av.J. C.220.

Dès qu'elle fut venue, il les fit AN. M. 3784 marcher du côté du Tigre, passa ce fleuve, força Molon d'en venir à une action, & remporta fur lui une victoire fi complette, que le rebelle voiant tout perdu, fe tua lui-même de defefpoir. Son frere Alexandre étoit alors en Perfe, où Néolas, un autre de leurs freres, qui s'étoit échapé de cette bataille, lui en apporta la triste nouvelle. Se voiant fans refsource, ils tuérent premiérement leur mere, puis leurs femmes, & leurs enfans, & enfin se tuérent eux-mêmes, pour ne

pas tomber entre les mains du Vainqueur. Voila la fin qu'eut cette rébellion, qui caufa la ruine entiére de tous ceux qui y avoient eu part. Digne récompenfe de quiconque ofe prendre les armes contre fon Prince!

Après cette victoire, les débris de l'armée vaincue fe foumirent au Roi, qui fe contenta de leur faire une forte réprimande, & leur pardonna leur faute. Il les envoia dans la Médie fous le commandement de ceux qu'il avoit chargés du foin des affaires de cette province; & retournant de là à Séleucie fur le Tigre, il y paffa quelque tems à donner les ordres néceffaires rétablir fon autorité dans les provinces où s'étoit fait la révolte, & ramener tout à l'ancien ordre.

pour

Tout cela s'étant exécuté par les perfonnes qu'il jugea propres à le faire, il marcha contre les Atropatiens, qui occupoient le pays fitué à l'occident de la Médie, & qu'on appelle à préfent la Géorgie. Leur Roi, nommé Artabazane, étoit un vieillard fort caffé, qui fut fi effraié de l'approche d'Antiochus avec une ar→ mée victorieufe, qu'il envoia faire fa foumiffion, & fit la paix aux condi

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