EUVRES COMPLÈTES DE LA FONTAINE TOME SECOND ÉDITION DE CH. LAHURE PARIS LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie RUE PIERRE-SARRAZIN, N" 14 1858 THEATRE. L'EUNUQUE. COMÉDIE EN CINQ ACTES. 1654. AVERTISSEMENT AU LECTEUR. Ce n'est ici qu'une médiocre copie d'un excellent original. Peu de personnes ignorent de combien d'agrémens est rempli l'Eunuque latin. Le sujet en est simple, comme le prescrivent nos maîtres; il n'est point embarrassé d'incidens confus; il n'est point chargé d'ornemens inutiles et détachés; tous les ressorts y remuent la machine, et tous les moyens y acheminent à la fin. Quant au nœud, c'est un des plus beaux et des moins communs de l'antiquité. Cependant il se fait avec une facilité merveilleuse, et n'a pas une seule de ces contraintes que nous voyons ailleurs. La bienséance et la médiocrité que Plaute ignoroit, s'y rencontrent partout. Le parasite n'y est point goulu par delà la vraisemblance; le soldat n'y est point fanfaron jusqu'à la folie, les expressions y sont pures, les pensées délicates; et pour comble de louange, la nature y instruit tous les personnages, et ne manque jamais de leur suggérer ce qu'ils ont à faire et à dire. Je n'aurois jamais fait d'examiner toutes les beautés de l'Eunuque : les moins clairvoyans s'en sont aperçus aussi bien que moi; chacun sait que l'ancienne Rome faisoit souvent ses délices de cet ouvrage, qu'il recevoit les applaudissemens des honnêtes gens et du peuple, et qu'il passoit alors pour une des plus belles productions de cette Vénus africaine, dont tous les gens d'esprit sont amoureux. Aussi Térence s'est-il servi des modèles les plus parfaits que la Grèce ait jamais formés : il avoue être redevable à Ménandre de son sujet, et des caractères du Parasite et du Fanfaron. Je ne le dis point pour rendre cette comédie plus recommandable; au contraire, je n'oserois nommer deux si grands personnages, sans LA FONTAINE II 1 |