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Oncle, & fe rendre utile aux Gens de Lettres; nous ne craignons point d'affurer qu'il y a parfaitement réuffi. Mr. de B** eft d'autant plus eftimable, qu'à beaucoup d'efprit, d'amour pour les Sciences & de bonté pour ceux qui les cultivent, il joint une grande modestie, qui releve le prix de fon mérite & de fes connoiffances. Il eft rare de trouver parmi les perfonnes de fon rang autant de qualités & de talens propres à concilier l'eftime & l'amour du Public. Ceux qui ont l'avantage de connoitre particulierement Mr. de B **, nous fauront bon gré de la juftice que nous rendons ici à un homme auffi diftingué par toute forte d'endroits. Il fera fans doute le feul, à qui nous courons rifque de déplaire.

ARTICLE IV.

ELOGE de Mr. le CARDINAL DE POLIGNAC. Lû à l'Assemblée Publique de l'Académie Royale des Sciences, du 4. Avril 1742.

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Es Eloges des Académiciens paroiffent fi tard dans l'Hiftoire de l'Académie, qui s'imprime à Amfterdam, que nos Lecteurs feront fans doute charmés de trouver celui-ci d'avance dans le préfent Volume de cette Bibliothèque. Ils ne le feront pas moins d'apprendre que nous avons fujet de nous flatter de pouvoir leur rendre un fi agréable

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fervice par raport aux Eloges que Mr. de Mairan donnera dans la fuite; car c'est luimême qui nous a fait l'honneur de nous envoier celui-ci, & comme fa Politeffe égale fon grand favoir, que toute l'Europe admire, on voit que nos efpérances à cet égard ne font pas mal fondées. Quoiqu'il en fait, nous ne négligerons rien pour obtenir de lui cette grace.

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Mr. de Mairan a fait préceder l'Eloge de Mr. le Cardinal de Polignac d'un Avertis fement qui mérite attention. Cet Eloge que l'illuftre Succeffeur de Mr. de Fontenelle, devenu Véteran, lut à " PAffemblée publi ", que de l'Académie Royale des Sciences » du 4 Avril dernier, a fubi d'un côté des centures fi outrées & de l'autre il a eu des fuffrages fi refpectables, que j'ai cru enfin, dit l'Auteur, devoir le porter fous les yeux du Public, & le foumettre à fon ,, jugement". C'eft ce que Mr. de Mairan appelle des motifs très différens de ceux que Mr. de Fontenelle a eu de donner plufieurs Elages longtems avant que les Volumes de l'Académie des Sciences où ils devoient étre inferés, fuffent imprimés. L'impatience du Public, ajoute-t-il, pour tout ce qui part d'u ne fi excellente plume, autorifoit la conduite de l'Auteur, le fuccès de l'Ouvrage ne manquoit pas de la justifier. Si cela est très-vrai par raport à Mr. de Fontenelle, il ne l'eft, & ne le fera pas moins à l'égard du nouveau Sécretaire de l'Académie.

Les Cenfures, dont nous venons de par

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ler, fe reduisent à très-peu de chose plutôt à rien, dès qu'on fait attention aux réponses folides qu'y fait Mr. de Mairan. Il a été infiniment furpris de voir répandre dans le monde d'après quelques mots détachés, & quelques interprétations for cées, qu'il n'avoit pas rendu justice à Mr. le Cardinal de Polignac dans certains évé » nemens de fa vie, & en général fur fon Caractère, Seroit-ce, répond Mr. de

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" Mairan, que dans un Eloge on doit louër

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en tout & par tout celui qui en fait le fujer? Faut-il qu'on le repréfente comme » exempt de toute foibleffe humaine, quel a que legère qu'elle puifle être? On m'a fait des Objections qui femblent le fup» pofer, & il eft vrai que je n'en ai pas ufé ainfi dans l'Eloge dont il s'agit“. La raifon que Mr. de Mairan en donne, c'eft que perfonne ne put jamais mieux fe paffer de louanges fans bornes & peu fincères, que Mr. le Cardinal de Polignac.

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Mr. de Mairan a été exposé en même tems à une Critique toute contraire, " J'ai trop loué mon Héros, dit-il, fi l'on en croit des perfonnes peu inftruites de fes Talens, de fon Caractère, & des circon ftances qui lui ont ravi l'honneur du fuc cès dans quelques-unes de fes entrepri fes". L'Eloge même fert à juftifier Mr. de Mairan fur cet Article, puifque la partie hiftorique, concernant les Négociations de Mr. le Cardinal de Polignac, en a été tirée des fources les plus pures, & de divers Mémoi

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res, Imprimés & Manufcrits dont la fidélité n'eft pas douteuse . . . Quant aux Anecdotes, pourtuit l'Auteur, qui regardent la "vie privée de Mr. le Cardinal de Poli„gnac, les études, fes occupations ordi"naires, & fes Ouvrages, j'en avois recueilli ́une grande partie de fa propre bouche, le refte m'a été fourni par Mr. l'Abbé le Blond, qui avoit vécu avec lui » plus de trente ans, par Mr. de Lironcourt, " qui lui étoit attaché depuis une douzaine d'années en qualité de Gentilhomme, & » par quelques autres perfonnes qui avoient eu part à fa confiance".

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C'est une modestie extrême à Mr. de M. de s'énoncer comme il fait dans le paffage que nous allons transcrire. "Je n'ai nulle

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ment ignoré ce que j'avois à craindre en entrant dans une Carrière où l'un des "plus beaux efprits de ce fiècle s'étoit fi"gnalé pendant plus de quarante ans. Qu'y a-t-il en effet de plus difficile & de plus dangereux, que de fuccéder à des hommes célèbres? Rien aussi n'a été mieux » fenti, ni mieux prouvé que la vérité de cette propofition, dans un Discours Latin, qui fut prononcé l'année dernière au Collège de Louis le Grand, & im»primé peu de tems après à Paris. L'Orateur étoit dans le cas, mais il fçut fi di„gnement traiter son sujet, avec tant d'ef » prit & d'éloquence, qu'il fe mit parfaite

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(*) Par le R. P. du Baudory.

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ment à couvert des dangers dont il fe *,, croyoit menacé. Les grands exemples ne " lui manquoient pas, & cependant il me fit l'honneur de parler de moi. * Mais de tout ce qu'il dit en ma faveur, rien ne m'eft fi précieux, parce que rien n'eft fi » vrai, que le témoignage qu'il me rendit de la réfiftance extrême que j'avois aportée à accepter la place de Sécrétaire que »j'occupe aujourdhui, & que je n'ai même acceptée que pour un tems fort limi

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* Nous ne connoiffons le Difcours du P. du Baudory que par l'Extrait qu'en a donné Mr. l'Abbé Des Fontaines, dans fes Obfervations fur les Ecrits Modernes, Tom. XXV. pag. 97. & fuiv. Mais comme plufleurs de nos Lecteurs pourroient bien n'avoir vû, ni le Difcours même, ni l'extrait en question, ce fera peut être leur faire plaifir que de placer ici une partie de l'Eloge que fait ce P. du Baudory de Mr. de Mairan, felon la Traduction que Mr. l'Abbé Des Fontaines en donné. L'Orateur, dit-il, adrefle ensuite ,, (c'est-à-dire après avoir fait l'éloge de Mr. de Fon,, tenelle) la parole à Mr. de Mairan, & lui demande ,, s'il n'eft pas bien embaraflé de fucceder à Mr. de ,, Fontenelle? Mais vous avez heurensement, lui dit-il, » tout ce qu'il faut pour le remplacer le talent de vous "exprimer aisément & avec élegance fur toute forte de fujets; une Politeffe formée & cultivée par tout ce que les Lettres ont de plus aimable; une fagacité merveilleu Se pour refondre les difficultés de la Philofophie, une promptitude extrême à parcourir d'un pied für & léger les » immenfes espaces du Calcul. Vous êtes le feul, ajoute„t-il, qui ayez redouté la place que vous occupez, & qui ayez craint de ne la pas remplir dignement. Mais fi un grand homme a craint de fuccèder à un grand homme, combien doit trembler, celui qui » fort pour ainfi dire, des ténèbres, pour paroitre "tout-à-coup fur un grand Théatre. Ici l'Orateur » peint fon fameux Prédeceffeur &c. Obfervations fur les Ecrits Modernes; ubi fupra, p. 102, N. du J. F

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Tome XXXV. Part. I.

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