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gence, demeurée intacte jusqu'à la fin et fidèle à ses plus an

ciennes aspirations.

A. Pictet, qui a obtenu deux fois, à l'Institut de France, le grand prix Volney, était connu à l'étranger bien plus qu'à Genève. Dans nos petites républiques affairées, chacun a bien autre chose en tête que de s'informer des différents ordres de grandeur intellectuelle et d'ailleurs chacun se croit au niveau de ceux qu'il peut coudoyer dans la rue. Mais le temps rétablit la hiérarchie des valeurs, et en 1900, quand un autre Senebier rédigera le livre d'or plus complet des illustrations genevoises, A. Pictet sera classé à son rang, comme notre premier esthéticien, notre premier indianiste, l'un de nos meilleurs écrivains, de nos plus rares et plus éminents esprits.

II

Tel est le tableau de nos deuils. J'y pourrais ajouter, si le temps ne nous pressait, d'autres pertes littéraires de la Suisse romande, entre autres, celles de deux Neuchâtelois; l'un, poète à ses heures et sage à la manière antique, l'auteur de : Mes Loisirs, Frédéric Caumont, mort le mois dernier à 69 ans, et l'autre, Frédéric de Rougemont, l'érudit, le théologien, le géographe, le mythologue, le publiciste, l'infatigable écrivain, qui a résumé les immenses travaux d'une longue vie dans Les Deux Cités, savante esquisse d'une philosophie de l'histoire, Rougemont, ce compatriote remarquable et distingué, que les journaux de notre ville ont pourtant laissé disparaître sans une parole d'adieu. Mais assez de tristesse comme cela. Ces pertes ont une contre-partie que nous n'avons garde d'oublier. Nous pouvons le dire avec une juste satisfaction,

ces derniers mois, la Section de Littérature a fait d'excellentes recrues. Les vivants semblent se serrer pour masquer des vides douloureux et pour remplacer les défunts, dont ils méditent l'exemple. Ainsi, nous avons vu se joindre à nous, comme membres correspondants:

M. Fritz Berthoud, de Neuchâtel, l'ami d'Olivier et de Gleyre, l'auteur sympathique, ingénieux, élégant et fin des trois volumes de scènes et de tableaux intitulés : Sur la Montagne.

M. Herminjard, de Lausanne, le savant investigateur, qui possède son xvime siècle comme personne, et qui édite avec un tel luxe d'érudition consciencieuse l'importante Correspondance des Reformateurs.

M. Rodolphe Rey, de Genève, qu'une santé frêle semblait devoir condamner à une vie oisive, mais à qui sa rare énergie a permis d'être écrivain et qui s'est fait connaitre par deux ouvrages de grand mérite: La Renaissance politique de l'Italie et Le Léman, pays et peuples de ses bords.

M. Louis Favre, le premier romancier indigène qu'aient eu les vallées de Neuchâtel, auteur apprécié par G. Sand et si connu à Genève par ses Nouvelles jurassiennes, André le Graveur, le Robinson de la Tène, etc.

En outre, nos séances se sont enrichies de nouveaux membres honoraires: MM. les professeurs Wertheimer, GiraudTeulon, Scheler sont du nombre, ainsi que M. Carcassonne, le poète provençal, auteur des Bulles d'Air, et M. Louis Vaucher, dont le drame patriotique, intitulé: La Bataille de Morgarten, a récemment occupé la presse suisse.

III

Si notre Section a pour première mission de grouper les amis trop dispersés de la littérature, soit dans Genève, soit dans la Suisse romande, elle en a une seconde, comme vous le savez, celle de solliciter et d'éveiller les talents encore inconnus. Ceci m'amène aux deux derniers concours dus à notre initiative.

L'un est encore ouvert, puisque son terme est le 1er juillet 1877. Nous offrons 1,200 fr. à la meilleure Étude historique et critique sur les Romanciers et le Roman dans la Suisse de langue française, à partir de la Nouvelle Héloïse jusqu'au moAvis à tous les intéressés, au public et aux

ment actuel. journaux.

L'autre concours s'est fermé il y a trois mois, et nous avons aujourd'hui à vous rendre compte de son résultat. Je dirai que la lutte a été brillante. Je rappelle qu'il s'agissait de traduire en vers quatre ballades allemandes, choisies parmi les plus distinguées du genre. Trente concurrents ont répondu à l'appel. Des envois sont arrivés de Paris, de Bruxelles, de Vienne, d'Alsace et de toutes les parties de la Suisse, témoignant, par l'affluence des réponses, en faveur de l'opportunité de notre question. Le prix offert par nous était de 500 francs. Un jury de trois membres a été nommé en mars. Ce jury, composé de :

M. Édouard Humbert, professeur à la Faculté des Lettres de Genève;

M. Charles Berthoud, ancien professeur à l'Académie de Neuchâtel;

M. Joseph Duvillard, professeur au Gymnase de Genève ;

Bull. Inst. Nat. Gen. Tome XXII.

a soumis à un examen attentif et minutieux les pièces présentées, et lecture de son verdict motivé et détaillé va vous être donnée par M. Duvillard, qui a été désigné comme rapporteur de ce concours.

RAPPORT

SUR

LE CONCOURS DE PEINTURE DE PAYSAGE

Ouvert par la Section des Beaux-Arts

LU A LA SÉANCE GÉNÉRALE DU 15 JUIN 1876 PAR M. F. DIDAY

PRÉSIDENT DE LA SECTION

MESDAMES ET MESSIEURS,

Dans le but de provoquer un encouragement utile, comme aussi dans l'intérêt de l'art et des artistes du pays, la Section des Beaux-Arts de l'Institut National Genevois, dans une de ses séances de l'année 1875, a proposé par l'organe de son Président un concours de peinture dans le genre du paysage. Ce concours a eu lieu d'après un progranime qui déterminait: 1° les dimensions minimum et maximum des tableaux ; 2o le genre de paysage à reproduire, la contrée à peindre, l'heure du jour, la saison et en général tout ce qui pouvait rendre égales pour les concurrents les difficultés matérielles de la peinture et par conséquent faciliter le jugement du Jury.

Jusqu'à présent les divers concours de peinture, principale

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