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public, que l'exécution des lois civiles recevrait cependant <<< une impulsion favorable de l'exercice de la religion; la morale est singulièrement altérée, la dépravation et la corruption des mœurs se fait sentir. En 1802, le 4 fructidor, à l'occasion de la nomination de Napoléon Bonaparte comme consul à vie, le peuple chanta seul le Te Deum ordonné par arrêté préfectoral. Dès 1803, on s'occupa du rétablissement d'une cure ou succursale dont le curé était payé par souscription volontaire son traitement ne surpassait pas la somme de 600 fr.; le clerc ou sacristain remplissait l'office de maître. d'école. L'Evêque se plaignit au Préfet de la misérable position du curé de Versoix; ce dernier tenta une démarche pour obtenir une augmentation de cent francs, mais en séance du 14 vendémiaire an XIV, cette proposition est rejetée, « allendu a que les habitants ne jouissent que du striet nécessaire. D

En effet, la décision municipale était bien justifiée par le défaut de ressources. Dans une lettre de M. Mégard au Préfet du Léman, du 2 frimaire, an X (Correspondance A, no 29, page 77, no 247), il est question de l'établissement d'une école dirigée par le curé « La nécessité d'un semblable établisse<<ment promis depuis longtemps par le Gouvernement français, dit M. Mégard, est suffisamment prouvée par l'igno«rance de la jeunesse. Quant aux moyens de cette commune « pour faire face à cette dépense, elle n'en a aucun et la mo« dicité de ses ressources l'empêche de suivre son impulsion religieuse pour le rétablissement de son église. »

Dans le registre communal de correspondance (A, no 27) se trouvent plusieurs lettres de 1803, se rapportant à la police des cultes et adressées par M. Louis-Auguste Brun, ancien Maire, au Préfet (no 377). « Le citoyen Bétems a exercé les « fonctions du ministère dans le culte catholique. Le 3, pré■ sent mois, il m'a exhibé son adhésion au concordat et aux

évêques de France souscrite à la Préfecture et dont vous lui « avez donné copie sous la date du 12 brumaire dernier.. Même registre, page 364, M. Brun répond à une lettre du Préfet du 15 thermidor an XI. Le Maire se plaint au Préfet des faux rapports déposés contre lui au sujet de désordres commis pendant le service divin. Il lui explique que s'étant rendu auprès du curé de Versoix qui était de Divonne, ce dernier a reconnu que M. le Maire était étranger aux scandales qui troublèrent le service divin, puis il annonce « que le 27 thermidor an XI, le « curé n'a pas osé s'en retourner de crainte qu'en << sortant il soit assassiné: c'était seulement une volée de coups « de bâton que ces messieurs de Versoix se proposaient de lui << administrer pour avoir parlé dans un de ses sermons contre « les banqueroutiers frauduleux et autres voleurs.» Même Registre, page 368, 17 pluviôse, an XII. — Au citoyen Préfet: Le maire annonce qu'une enfant a été trouvée le 9 pluviose an XII, sur la route. Des soins lui ont de suite été prodigués et l'on pourvoit à une nourrice, le tout aux frais de la commune. A cette déclaration, le Maire ajoute: « Le temporel « étant en règle, le plus essentiel reste à faire, citoyen Préfet, « puisqu'il est question de son salut et de savoir si elle sera « damnée oui ou non. Je soumets cette question délicate à votre << haute sagesse et vous prie de me dire en réponse comment « vous entendiez qu'elle soit baptisée et quel nom vous voulez << qu'elle porte. » - La réponse est restée inconnue.

1804. Jean-Baptiste Cottin, recteur.

1806. Etienne Cathiard, recteur, né à Arry (Mont-Blanc).

1810. Jean-Jules Fuery, recteur.

M. Jules Callamand-Mandry de Versoix, a fait don

à la cure d'un portrait à l'huile de M. Fuery. Il est représenté tenant à la main la copie de son abjuration, ainsi conçue:

« Natus ego Genève, 19 Julii 1779, ab heresi ad <<< veritatem conversus; credo et profiteor unam << sanctam catholicam et apostolicam ecclesiam in« que Christum amen. Anathema maranatha. »

Je possède le portrait au crayon du même curé, encadré dans un petit ovale. Sur le derrière du cadre, on lit :

Qu, tu, tenta, mor, sor, pere

os, nc, lor, tali, te mit

h, nu, Salva, vi, mor, rede.

Si qui non ..at Dnùm Nûm J. C..
sit anathema maran atha,

ab alienis parce servo tuo Dni.

1816. Jean-Marie Mudry, curé, né à Biol (Savoie), en 1789.

En 1824, l'évêque dut rappeler à l'ordre ce curé dont les fréquentes relations avec une personne étrangère avaient éveillé l'attention publique. Sa révocation étant décidée, la nouvelle en fut transmise au Conseil d'Etat, et, dans sa séance du 19 janvier 1825, il est consigné ce qui suit :

M. le Premier rapporte que M. Chanay, chanoine d'Esta« vayer, qui a desservi pendant quelques temps la cure de « Compesières, s'est présenté chez lui et lui a communiqué des << instructions confidentielles de l'évêque diocésain, en vertu << desquelles il devait se rendre à Versoix pour y signifier au « curé de cette paroisse qu'il eût à cesser toutes fonctions pastorales et recevoir de cet ecclésiastique, en présence du <<< maire, les clefs de l'église, celles du tabernacle et les regis<< tres; que ces mêmes directions donnaient pour instructions

«

◄ à M. Chanay de se présenter à M. le premier Syndic et de • réclamer son appui pour l'exécution de cette mesure.

«M. le Premier ajoute qu'il a répondu à M. Chanay qu'il ■ n'était pas pour le moment dans le cas de concourir par aucun acte d'autorité à la mesure dont il était chargé et qu'il en référerait au Conseil.

D. O. Le Conseil après s'être mis sous l'engagement de « discrétion, approuve la réponse qui a été faite par M. le Pre« mier. D

Aussitôt qu'à Versoix on apprend la détermination de l'évêque Me Yenni, les habitants et la municipalité souscrivirent le 19 août une pétition à son adresse, afin d'obtenir le rappel de leur curé auquel ils témoignaient un profond attachement.

En effet, la paroisse de Versoix lui était redevable du rétablissement du culte, de la réparation de l'église (1), du don de tous les ornements nécessaires aux cérémonies et d'une cloche; prêtre instruit, animé d'un grand zèle, il avait été jusque là la consolation des malades, le secours des pauvres, le conseiller des malheureux, l'instituteur moral et religieux de la jeunesse: telles étaient les propres expressions de 550 pétitionnaires. L'Evêque resta sourd à leurs sollicitations et à leurs démarches; il parut même profondément irrité de la conclusion de leur adresse: Si notre attente était trompée, disaient-ils, nos voix plaintives ne s'élèveraient que vers le Dieu de bonté et de miséricorde et nous nous rappellerions «qu'un cœur juste est l'autel qui lui est le plus agréable et que la voûte des cieux est le seul temple digne de la sagesse

(1) Dans un compte payé en 1824, au sieur Tissot, on trouve 10 dorins, prix de fournitures d'huile et blanc de Troie, pour faire du mastic à l'autel pour empêcher l'introduction des fourmis qui s'y étaient établies.

<< qui le créa. » (Archives de Versoix, 1824, lettre O, n" G à 8, dossier n° 6.)

On voit par ces expressions que les rédacteurs de cette adresse n'avaient point oublié leur catéchisme républicain (Conférences en forme de catéchisme pour la jeunesse de l'un el de l'autre sexe, dédiées à la Raison et à la Vérité. Imprimées à Grenoble, chez Falcon, libraire, place de la Constitution, année 1794). Demande : Il ne faudrait donc aujourd'hui plus de temples, ni de bâtiments, ni décorations pour la Divinité? Réponse: Il est certain que si nous étions raisonnables, nous ne devrions pas avoir aujourd'hui d'autre temple que nous-mêmes et d'autre autels que la pureté et l'honnêteté de

nos cœurs.

Une pétition en faveur de l'admission gratuite de M. Mudry à la bourgeoisie communale, signée des principaux habitants et de la municipalité, fùt envoyée cette même année, 1824, aux très-honorés seigneurs, syndics et conseillers de la République et Canton de Genève, mais le Conseil d'Etat, après avoir opiné (sic), statua l'ajournement de cette demande. M. Mudry dût partir, laissant la paroisse de Versoix sans culte. Il publia à Lyon: Les Derniers six mois de M. Mudry à la cure de Versoix (imprimé chez M. J. M. Bɔursy, 1825, 59 pages in-8'). Ce recueil contient outre divers documents le Discours d'adieux du curé Mudry aux habitants de Versoix, du 15 Août 1821. La dédicace porte ces vers du chant V de la llenrade, de Voltaire :

Vous connaissez la Ligue et vous voyez ses coups,

Ils ont passé par moi pour aller jusqu'à vous.

Cet écrit excita l'indignation de l'évêque; il s'en plaignit au Conseil qui rapporta ainsi le fait dans sa séance du 8 juiljet 1825:

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