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terre cuite destinés à la combustion des huiles lourdes de goudron, lorsqu'on veut créer des nuages artificiels pour préserver les vignes des gelées tardives du printemps.

La Section s'est de nouveau occupée de la création d'habitations économiques, salubres et à bon marché pour les ouvriers de la campagne.

Sujets industriels. La Section a entendu une communication de M. Schaeck-Jaquet sur l'Exposition d'économie domestique qui a eu lieu à Paris pendant l'automne de 1872.

M. Menn a lu quelques notes statistiques sur les verreries de la Suisse. M. Amoudruz a présenté des échantillons d'une terre argileuse qu'il croit être du kaolin, terre dont il a trouvé un gisement près de sa carrière de terre réfractaire de Collonges. M. Archinard a donné quelques détails sur la construction et le travail d'une tricoteuse mécanique fabriquée à Lyon.

A un point de vue plus général, la Section a entendu une communication de M. Challet-Venel sur l'utilité de créer, à la gare de Genève, un bureau de douane mixte, semblable à ceux qui existent déjà à Bâle et sur d'autres points de la frontière de la Suisse avec l'Allemagne. La proposition ayant été adoptée, il a été nommé une commission chargée d'agir de concert avec l'Association commerciale et industrielle afin d'obtenir cette amélioration dans nos relations douanières.

M. Janin-Bovy a lu à la Section un excellent mémoire sur les avantages que présentent les chemins de fer à voie étroite. Dans une séance plus récente, il a fait une communication sur le tracé des chemins de fer de Genève à Annemasse, se prononçant en faveur d'une ligne qui passerait le Rhône un peu au-dessous de la Jonction, traverserait le bois de la Bâtie en desservant Lancy, se reliant à Carouge et allant aboutir à

Etrembières en passant par les communes de Troinex et Veyrier. Dans une séance ultérieure M. Faton a lu une statistique de notre canton au point de vue agricole, industriel, commercial et artistique pour l'année 1872.

M. Mennet a présenté une proposition de concours pour un manuel d'économie et de science agricoles; ce projet est encore à l'étude.

La Section, ayant à remplacer M. Prévost-Ritter comme membre effectif, a nommé M. Rochat-Maury, ingénieur. Elle a perdu six membres honoraires: MM. Junod, architecte; Durand, treillageur; Delphin, principal du Collège de Carouge; Clerc, Emile, ancien horloger; Gonin, fabricant de produits alimentaires; Sulzberger, tanneur et fabricant de chaussures.

DISCOURS

PROVONCE PAR

M. CHARLES VOGT, PRÉSIDENT

à la Séance publique de l'Institut National Genevois, le 27 Mai 1875

MESDAMES ET MESSIEURS! CHERS COLLÈGUES!

Un grand poète disait une fois dans un moment de mauvaise humeur, qu'il était parfaitement ennuyé de voir reverdir chaque année le printemps; qu'il aimerait le voir une fois paraitre d'une autre couleur, paré de rouge par exemple, dont la teinte éclatante correspondrait beaucoup mieux à cette époque de joie renaissante et bruyante. Toujours de la verdure, toujours des chants d'oiseaux, toujours des bourdonnements d'abeilles, quelle monotonie, différente il est vrai, mais cependant semblable au fond à celle de l'hiver blanc, glacé, morne et silencieux !

Il y a quelque chose de vrai dans cette boutade. La nature se renouvelle après les frimats, auxquels notre zone tempérée est condamnée, sans que l'on sache trop pourquoi, et elle se

renouvelle, toujours la même dans son ensemble, mais toujours variée dans les détails. Et en voyant ces boutons s'ouvrir, ces fleurs s'épanouir, on est naturellement conduit à réfléchir sur cette loi inflexible de la nature, qui tue l'individu, lorsqu'il a rempli le cycle de sa vie, pour le remplacer par d'autres individus, différents sans doute dans leurs détails, mais reproduisant dans leur ensemble les traits caractéristiques du type, auquel ils appartiennent. L'homme, étant un produit de cette même nature, ne saurait être exempté de cette règle; l'humanité, la société continuent à vivre, à croître, à fleurir même, tandis que ceux qui ont poussé à ce développement futur, ont déjà payé leur tribut à cette loi de la mort universelle, par laquelle seule la vie universelle est rendue possible.

Faut-il donc s'étonner, si chaque année, lors de notre séance générale, votre Président doit venir vous entretenir de ceux entre nos collègues chéris, qui ont payé leur tribut au sort inévitable? Souvent, en parcourant cette liste lugubre, on serait tenté de se demander si l'Institut peut continuer à vivre, à travailler à prospérer après avoir subi des pertes si cruelles cruelles surtout, lorsqu'elles ont frappé des hommes dans la fleur de l'âge, dont la patrie pouvait espérer encore des services ou la science du progrès. Nos regrets seront adoucis sans doute lorsque nous voyons descendre dans la tombe des vieillards, dont la vie a été bien remplie, dont la postérité peut dire qu'ils avaient donné tout ce qu'une vie humaine peut fournir; mais lorsque des hommes pleins de sève encore sont frappés, c'est alors que notre douleur est encore augmentée par la crainte, que la génération destinée à les remplacer, ne puisse mûrir assez vite pour remplir les vides qu'ils ont laissés.

Nos pertes de l'année sont en effet nombreuses et nous marquerons dans nos annales cette époque comme elle sera mar

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