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de tout leur cœur apprendre des fciences dont ils fentent qu'ils ont befoin.

Combien d'Officiers & de Gentilshommes, déterminez par leur tempérament, ou par la fituation de leurs affaires, prennent de bonne heure le parti de la rétraite, où fouvent l'extréme loisir leur eft à charge! I eft vrai que la lecture vient quelquefois au fecours, & remplit le vuide des occupations qui leur manquent; mais il n'eft pas moins vrai qu'ils en perdent communément le fruit, par le mauvais choix des livres. Fauffement perfuadez que la fcience eft inacceffible à quiconque n'en a pas appris les Elements dans quelqu'Univerfité, ils fe bornent à des livres, de pur amusement & fe condamnent d'eux mêmes à une ignorance dont ils fe figurent qu'il n'eft plus temps de fe delivrer. J'ai

eu

eu occafion de connoître plufieurs perfonnes d'un genie excellent, que cette faulle perfuafion avoit rendus inutiles à leur patrie & à

eux-mêmes.

J'ai tâché d'accommoder cette introduction au befoins de ceux qui font dans ce préjugé. J'y marque en peu de mots la néceffité des études & le choix que l'on en doit faire felon le degré d'utilité de chaque fcience, & le plus ou moins de rapport qu'elle a avec l'état que l'on a embraffé. J'indique les fources où l'on en peut puifer les Elemens, & nomme les livres à peu près dans l'ordre où je confeillerois de les lire: ainfi fe forme infenfiblement un cabinet de livres choifis.

Mon but n'eft pas de nommer tous les bons livres fans exception; la tâche feroit effrayante pour quiconque commence d'étudier. Mais

je

je crois pouvoir affurer que, fi on fuit fidellement le Cours d'Etudes que je trace, on trouvera dans les livres que je defigne, affez de lu mieres pour connoître les autres ouvrages dont on aura befoin dans la fuite. Il y a des Voyages où il fuffit d'abord d'être mis dans le bon chemin. On ne manque point, en avançant de rencontrer für fa route des guides qui mènent aussi loin qu'il eft poffible d'aller. Il en eft de même des Sciences; le tout dépend fouvent d'en avoir entamé l'étude d'une maniere qui en affure le fuccès.

L'Ouvrage entier eft divifé en IV. Parties. Je n'en publie à préfent que les deux prémieres, où je traite des SCIENCES & des BEL LES LETTRES. Les deux autres régardent l'HISTOIRE & la RELIGION.

Voila ce que j'appelle un Cours d'E

d'Etudes. Peu de gens le feront; je l'avoue: j'ajoute qu'il conviendroit à tres-peu de gens de le faire tout entier. Mais ignorant à quel genre de favoir doit s'appliquer l'Eleve qui prendra cette Introduction pour guide, je n'ai pas dû negliger de parcourir chaque fcience; peut-être que celle que j'aurois obmife, feroit precifément la plus utile à fon état. D'ailleurs les Sciences ont entre elles un enchainement merveilleux: le befoin qu'elles ont l'une de l'autre, établit une liaison qui fait qu'on ne peut guéres en étudier une avec fuccès, fans lui affocier une ou plusieurs annexes. C'est pourquoi, malgré la briéveté avec laquelle j'ai refferré les matieres, je n'ai pas laiffé de parcourir à peu près ce qui regarde les Sciences & les belles Lettres.

J'ai été plus long dans la fecon

**

de

de partie que dans la premiere, En indiquant les Elemens des fcien. ces, je n'avois gueres qu'à recommander les Auteurs qui les fourniffent. Les Belles Lettre ont quelque chofe de plus arbitraire. Ce qui depend du goût eft fujet à une plus grande variété de jugemens. Un raifonnement géomerrique demontre invinciblement, il n'en eft pas de même des principes fur les quels on décide du prix des ouvrages d'Eloquence ou de Poéfie. I faut pour les gouter ces Principes, une jufteffe de raifon cultivée par la lecture affidue des plus excellens modéles. C'eft ce qui m'a fait def cendre dans des détails qui ont, ce me femble, leur utilité.

L'Impreffion étoit fort avancée, lorfque j'ai eu occafion de lire quelque chofe de l'excellent livre de Mr.Rollin fur la maniere d'enseigner & d'étudier les Belles Lettres:

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