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Beaucoup de Préfaces de tragédies contiennent des réflexions utiles fur cet art, mais la plupart femblent n'infinuer de nouvelles régles que pour exténuer les fautes que les Auteurs veulent excufer.

Les autres Tragiques font, Thomas Corneille, Capiftron, la Grange, la Fofle, Crébillon, la Motte, Arrouet, &c. Je ne parle point de Boyer, de Pradon ; & autres géneralement décriez.

II. DE LA COMEDIE.

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OLIERE a fait pour le Comique ce queCorneille avoit fait pour le Tragique; c'eft dommage qu'ayant commencé la profeffion de Comedien par des farces indignes d'un fpectateur de bon goût, il eût contracté un penchant pour ces fortes de fujets qu'il n'a jamais pû abbandonner fans retour. Avant

lui le Comique ne confiftoit qu'en des intrigues fouvent fi brouillées que le noeud qui en faifoit toute la beauté, étoit une étude tres fatigante pour le Spectateur: quantité d'incidens épifodiques y étoient accumulez les uns fur les autres; un valet une foubrette tout au plus fe mêlant à tort & à travers dans la converfation, faifoient un contrafte boufon de leur badinage avec le férieux des amans ou des vieillars. Point de mœurs, point de caractéres, des enfilades de fentences. Moliere étudia le ridicule de la Ville & même celui de Cour. Les Marquis, les Petits Maîtres, en un mot tous les défauts qu'il remarqua lui fournirent autant de caractéres qu'il traita avec un fond charmant de fine plaifanterie. Il lui arriva fouvent d'outrer les chofes,mais il croioit avoir befoin de cette exagération pour fraper d'avantage

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un fpectateur accoutumé à voir des portraits encore plus chargez que n'étoient les fiens. Le Mifantrope, le Tartuffe, & les Femmes Savantes font les trois plus parfaites de fes pièces. L'Avare a de grandes beautez mais il y a bien des chofes pouffées au de là du naturel. On a reproché à Moliére le même défaut qu'avoit Ovide. Il lui arrive fouvent de tourner en trois ou quatre manieres une même penfée. Cela eft plus fupportable au Théatre que dans des ouvrages compofez pour être lûs. L'Auteur Comique a affaire à un fpectateur qui occupé de mille chofes qui détournent fon attention, perd quelquefois une partie de ce qu'on lui dit; mais dans la lecture rien n'échape, & il fuffit de dire une fois le mieux qu'il eft poffible ce que l'on veut dire, fans le répeter en d'autres termes; comme fi on fe

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deffioit de l'intelligence du Lec

teur.

Les Comedies où Moliere s'eft le moins affujetti aux régles comme le Bourgeois Gentil-homme, Pourceaugnac, le Malade Imaginaire, ont des beautez qui font prefqu'oublier ce qu'elles ont de deffectueux. Ce font des farces, mais des farces de Moliere.

Montfleuri, Hauteroche, Scarron, ont plus donné dans l'intrigue que dans les caractéres; Regnard a beaucoup d'efprit, mais point de jufteffe dans l'ordonnance; nulle unité de lieu. Dans fon Joueur, dans fon Démocrite, on voit des fcénes admirables. Si cet auteur avoit pûfe captiver & s'affujétir aux régles de l'art, il auroit pu aller fort loin. Les Menechmes, par exemple, différent beaucoup à cet égard, de fes autres ouvrages: Plaute lui a fervi de guide. Regnard s'étoit fait une habitude de

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n'obferver aucune régle, en travaillant pour le Théâtre Italien qui n'en connoît point. Je parle au refte du Théâtre Italien, tel qu'il étoit établi en France du temps de Dominique & de Gherardi, non pas du Théatre des Italiens en géneral. Je fais qu'il y a de leurs Auteurs qui ont compofé tant pour le Tragique,que pour le Comique, des pièces aulli régulieres que fpirituelles.

Dancourt, Palaprat, Baron, Mrs. Nericaut des Touches, le Sage, Fufelier & plufieurs autres ont couru la même carriere.

III. DE LA PASTORALE.

A PASTORALE eft un ouvrage

Lne en Italie. C'eft proprené ment une extenfion de l'Eglogue. Elle confifte en une intrigue amoureufe entre des Bergers. Elle doit avoir toute la fimplicité qui con

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