la Chimie, ils chercheront la pierre philofophale, dans les Mechaniques le Mouvement perpetuel, dans la Geométrie la Quadrature du Cercle, dans la Morale le Defintereffement parfait, & ainfi des autres objets de la curiofité dereglée. Il eft vrai qu'on a remarqué, qu'il y a quelque utilité à chercher ces chimeres, parce qu'en chemin on trouve de bonnes chofes qu'on ne cherchoit point & qui valent quelquefois mieux que ce qu'on fe propofoit de decouvrir. Ce dedommagement confole un peu, mais il ne corrige pas l'extravagance qu'il y a à chercher ce que l'on ne trouvera jamais. Rien ne retarde plus dans l'étude de quelque Science que ce foit, que les prejugez qu'on y apporte. Nous nous en rempliffons dans l'enfance; Ils croiffent & fe fortifientavec nous, Nos parens & leurs Domeftiques qui font nos premiers maîtres, nous communiquent aifément leurs erreurs. Notre premier foin doit être de les effacer à mefure que la Science nous les fait connoître ; il faut être dans la difpofition de ne concevoir les chofes que conformement à l'idée qu'elle nous en donne. Mais nous ne devons pas tellement attacher cette nouvelle idée aux noms, que nous ne puiffions y en attacher une autre, lors qu'il eft queftion d'une autre Science. Par exemple, tout le monde croit favoir ce que c'eft qu'un point. Ce pendant la Phyfique & la Géometrie le confiderent bien differemCelle-ci le regarde com ment. me n'ayant point de parties & par confequent indivifible. Celle-là lui accorde toutes les dimenfions que peut avoir l'étendue, felon lefquelleş il peut être divifé en d'autres parties, dont chacune aura les mê mes mes proprietez & fera par confequent divifible de même jufqu'à l'infini. La divifibilité de l'un, & l'indivifibilité de l'autre, egalement impofibles dans la pratique, font egalement poffibles à la raifon. Ces deux Sciences ont befoin de ces deux afpects du point, qui en font deux chofes très differentes, quoiqu'exprimées par un feul & même nom. Le point mathematique n'a point de parties & eft indivifible; Le point physique eft compofé de parties fubdivifées en d'autres, de maniere qu'il peut être divifé à l'infini. Voila deux idées bien eloignées; elles en font plus aifées à diftinguer. Chaque Science donne fa definition, il faut l'écouter ; & c'est le moyen de ne pas confondre les idées. Ceux qui s'accoutument à les diftinguer, ne chica-nent point fur le fens qu'une fcience applique aux termes dont elle fe fert, ว fert, pourvû qu'elle les explique nettement. JE ME BORNERAI à ce peti de Reflexions fur les Sciences & fur la maniere de les étudier. Mon but n'eft pas de raffembler tout ce qu'on peut dire fur ce fujet. La matiere eft vafte & inepuisable; je n'ai voulu que l'efleurer & faire fentir qu'avec le fecours de la feule Langue Françoife on peut aller très-loin dans l'Etude des Sciences: |