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as a poet, has unquestionably erred; his plays are too faithful copies of the men of his period. But it seems to me that we should judge Shakespeare more fairly as a dramatist he wrote for the stage, which represents things as they are: it is a mirror, in which the world sees reflected its virtues, vices and passions, that it may know itself. We are all inclined to be somewhat 'blind to our faults,' and a little too 'kind to our virtues; but here, as Shakespeare says, 'a spade is called a spade;' and we may not unfrequently start back with amazement from our own portraits. Racine

too wrote for the stage; his dramas are rich in eloquence, polish, knowledge of human nature; his female characters especially, are finely drawn: but his powers are restrained by the exigencies of rhyme, a style which though musical, is liable to become monotonous; his pages, though free from all expressions that could offend the most sensitive critic, are somewhat too courtly; the formality and restraint of being in such august company, is after a time a little fatiguing. But with Shakespeare we are at once at home; his phrases are not cut to measure, much of his talk is familiar in our mouths as household words;' we need not to don our best attire, or suppress our thoughts and feelings, when we are in his company, for he is one of ourselves, his presence brightens our firesides, and he has amused and taught us, before ever we are aware. His fault, and it is a great one, is a rough emphasis of speech far too regardless of our politer ears; but we plead for him, that it was the manners and customs of those good old times, which knew not the

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evil of it; that even if Shakespeare, by his wonderful universal knowledge, could have foreseen the day when these manners would offend, and had dressed his heroes in the more correct garb of our time, the garments would have been a misfit; and that after due allowance made, perhaps the worst that can be said of his rough heroes is, that they are like the good old English oak with the bark on. We take off this rough outside nowaday, and give a polished surface which is pleasanter to the eye and less liable to friction; but not the less then than now, does the good tree ring sound and true to the very core.

L. M. D.

SIXIÈME CAUSERIE.

Jugement de Châteaubriand sur Byron.-Comment ce jugement est instructif.-Grandeur et modestie de Goëthe.-Ossian et Macpherson.-Les hommes de génie dépendent les uns des autres et du monde qui les entoure.-Mélancolie et personnalité de la poésie moderne.-Charmes de la lecture en commun.

L'or

CHÂTEAUBRIAND entrant un jour chez une dame de ses amies (c'était, je crois, la fille de la Marquise d'Aguesseau), aperçut sur une console un buste qu'on venait d'y placer. Le sourire sur les lèvres il s'approcha, et demanda qui c'était. "C'est Lord Byron," lui répondit-on. A ce mot il fit un geste en arrière, et son sourire se métamorphosa soudain en grimace. gueilleux vicomte ressentait presque comme une offense un honneur de la sorte rendu en sa présence à un poëte, son contemporain et son rival. On peut douter s'il exista jamais dans toute l'histoire de la littérature un homme plus personnel et plus vaniteux. Il avait contre Lord Byron un grief particulier et terriblement grave, le même grief que nous lui avons déjà vu contre Madame de Staël : Byron n'avait jamais parlé de lui; crime d'autant plus impardonnable que l'auteur de Childe Harold était, aux yeux de l'auteur de René, non pas un frère précisément, mais quelque chose d'assez semblable à un fils. N'avoir point une seule fois cité son nom, c'était donc, dans la pensée de Châ

teaubriand, plus qu'une simple injustice de la part de Byron, c'était de l'ingratitude.

Lisons les quelques pages que l'historien de la litté rature anglaise a consacrées à son grand contemporain ; elles sont très-amusantes; j'ajoute qu'elles sont trèsinstructives: mais ce n'est pas sur Byron qu'elles sont instructives, c'est sur Châteaubriand: elles jettent sur son caractère autant de lumière qu'en pourraient jeter plusieurs anecdotes ou toute une biographie.-Il y a pour les livres bien plus d'une manière d'être instructifs; si un livre ne nous apprend rien sur le sujet dont il parle, il peut nous apprendre quelque chose sur son auteur, sur ses goûts, sur la tournure de son esprit, sur ses principes, ses opinions, son humeur: si l'auteur est une personne sans importance, son livre peut nous apprendre quelque chose sur le tempéramment de la nation à laquelle il appartient, sur les passions et sur les idées de l'époque où il écrivit, sur la société, l'église, la secte, l'école ou la coterie dont il était membre; il peut, à tout le moins, nous faire faire d'utiles réflexions sur l'ignorance et la vanité humaines. C'est dans ce sens qu'on a pu dire avec une parfaite vérité qu'il n'y a point d'écrit si médiocre ou si mauvais, dont on ne puisse tirer quelque chose de bon. Goëthe disait, en parlant de l'Histoire de Napoléon par Sir Walter Scott: "On peut reprocher à Walter Scott dans son histoire. de Napoléon de grandes inexactitudes et une grande partialité; mais justement ces deux défauts donnent selon moi une grande valeur à son ouvrage; son livre n'est pas du tout un document pour l'histoire de France ; mais c'en est un pour l'histoire d'Angleterre." Un abbé nommé Le Blanc publia, au siècle dernier, un méchant livre intitulé Lettres d'un Français sur les Anglais; je ne connais rien de plus joli que l'épigramme

que Gibbon a faite sur cet ouvrage : "Lettres d'un Français, oui; sur les Anglais, non; le pauvre abbé Le Blanc !"-Ecoutons maintenant Châteaubriand :

Il y aura peut-être quelque intérêt à remarquer dans l'avenir (si pour moi il y a avenir) la rencontre des deux chefs de la nouvelle école française et anglaise, ayant un même fond d'idées, des destinées, sinon des mœurs, à peu près pareilles : l'un pair d'Angleterre, l'autre pair de France; tous deux voyageurs dans l'orient, assez souvent l'un près de l'autre, et ne se voyant jamais: seulement la vie du poëte anglais a été mêlée à de moins grands événements que la mienne.

Lord Byron est allé visiter après moi les ruines de la Grèce: dans Childe-Harold il semble embellir de ses propres couleurs les descriptions de l'Itinéraire.

Au commencement de mon pèlerinage, je reproduis l'adieu du sire de Joinville à son château; Byron dit un égal adieu à sa demeure gothique.

Dans les Martyrs, Eudore part de la Messénie pour se rendre à Rome.

"Notre navigation fut longue," dit-il. . . . . “Nous vîmes tous ces promontoires marqués par des temples ou des tombeaux.. Nous traversâmes le golfe de Mégare. Devant nous était Egine, à droite le Pirée, à gauche Corinthe. Ces villes, jadis si florissantes, n'offraient que des monceaux de ruines. Les matelots même parurent touchés de ce spectacle. La foule accourue sur le pont gardait le silence; chacun tenait ses regards attachés à ces débris; chacun en tirait peut-être secrètement une consolation dans ses maux, en songeant combien nos propres douleurs sont peu de chose, comparées à ces calamités qui frappent des nations entières, et qui avaient étendu sous nos yeux les cadavres de ces cités. . . . Mes jeunes compagnons n'avaient entendu parler que des métamorphoses de Jupiter, et ils ne comprirent rien aux débris qu'ils avaient sous les yeux; moi, je m'étais déjà assis avec le prophète, sur les ruines des villes désolées, et Babylone m'enseignait Corinthe."

Lisez maintenant Lord Byron, quatrième chant de Childe-Harold:

As my bark did skim

The bright blue waters with a fanning wind,

Came Megara before me, and behind

Ægina lay, Piræus on the right,

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