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jet de s'y réfugier; mais elles lui inspirèrent une terreur si violente qu'il ne put se résoudre, suivant l'expression de Suétone, à s'enterrer tout vivant. On voit dans Eusèbe l'empereur Constantin faire souvent allusion à ces demeures souterraines comme à un lieu terrible, et Prudence, qui les a décrites dans tous leurs détails, les représente dans ses vers avec les plus

sombres couleurs.

Il est assez curieux de voir quelle impression l'aspect de ces lieux fit à la jeunesse de saint Jérôme, le plus instruit peut-être de tous les disciples de J.-C. Quand j'étais enfant, à Rome, dit-il, et que j'étudiais les belles lettres, j'avais coutume, les jours de fête, de me rendre avec ceux de mon âge aux lieux où étaient ensevelis les martyrs de notre foi, et nous entrions dans les catacombes, dont l'intérieur était garni de chaque côté de leurs corps vénérés. Telle était l'obscurité de ces demeures souterraines que le mot du prophète semblait s'accomplir : >

Un enfer où des vivans sont descendus.
Jer. in Ezec.

Les chrétiens agrandirent ces souterrains dans le temps des persécutions, et s'y réunirent pour suivre les exercices de la religion, et pour ensevelir leurs morts et leurs martyrs. Afin d'honorer ces derniers ils avaient taillé, dans les parois des murailles, une multitude de niches encore visibles, où les restes des zélés adorateurs du Christ étaient déposés avec les instrumens du supplice. Leurs noms et la date de leur mort étaient gravés au-dessous, et constituent ainsi la première histoire religieuse de nos pères (Pl. 145).

La plupart des inscriptions sont

effacées; parmi celles qui restent, en voici une du temps des persécutions, qui respire une profonde mélancolie : O tempora infausta, quibus inter sacra et vota ne in cavernis quidem salvari possumus... Quid miseriùs vitâ : quid morte?.... cùm ab amicis et parentibus sepeliri nequeamus.

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Époque malheureuse où nous ne sommes pas même à l'abri dans ces cavernes isolées, au milieu des objets de notre culte.... Y a-t-il rien de plus misérable que notre vie !.... de plus infortuné que notre mort, puisque, hélas ! nous ne pouvons être ensevelis par nos amis , par nos parens !.... »

Ces catacombes sont les plus vastes qui existent. Il est impossible de les parcourir sans éprouver de vifs sentimens de vénération et de terreur. L'homme se sent petit en présence de générations nombreuses, entassées dans dix pieds carrés. La vue de ces têtes et de ces os réunis fait l'effet d'un tas de poussière au creux de la main, et sur lequel on soufflerait en disant Ceci fut un millier d'hommes ! L'humanité s'affaisse à un pareil spectacle, et Dieu grandit!

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Les auteurs ecclésiastiques racontent que quatorze papes et à peu près cent soixante-dix mille chrétiens ont été enterrés dans ces cavernes de la foi; que le corps de saint Sébastien y fut transporté par sainte Lucine, et que les corps des apôtres saint Pierre et saint Paul Paul y restèrent cachés pendant longtemps.

A quelque distance de l'église SaintSébastien, on trouve le cirque le mieux conservé qui reste à Rome, et que, jusqu'en 1825, on avait considéré comme celui de l'empereur Caracalla. Les raisons qui motivaient cette opinion sont assez frivoles. En effet, le goût de cet empereur pour les jeux du

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cirque, la découverte de sa statue et celle de sa mère Julie, dans les fouilles faites aux environs, le dessin d'un cirque qu'on voit sur les médailles de cet empereur, ne sont pas des causes suffisantes pour lui attribuer le monument dont nous nous occupons en ce moment. D'ailleurs, la construction peu régulière de cet édifice, qui est bien différente de celle des Thermes de cet empereur, rappelle le style du quatrième siècle, lorsque les arts étaient tombés dans une décadence complète. Dès le seizième siècle, Panvinius avait soupçonné que ce bâtiment devait être porté à l'époqué de Constantin, Toute espèce de doute a disparu depuis les fouilles que le due Torlonia y fit faire à ses frais dans l'année 1825. On dé-: terra entièrement les carcères, la spina, le pulvinar et la principale ouverture de l'arène. On découvrit les frag mens de trois inscriptions, dont deux étaient près de la grande porte d'entrée, et une à la porte du milieu des carcères : ces trois inscriptions portent le nom de Maxence, et la mieux conservée d'entre elles prouve que le cirque fut consacré, l'an 311 de l'ère chré tienne, à Romulus, fils divinisé de Maxence, qui avait deux fois été consul. »

: Nous ne suivrons pas Nibby dans sa longue et savante description des fouilles entreprises par M. Torlonia: Hous indiquerons seulement que la forme du cirque peut être réduite à un espace oblong de mille cinq cent soixante pieds de longueur, et de deux cent quarante de largeur Les fragmens d'une statue de Vénus, les fondemens des piédestaux qui supportaient des colonnes surmontées de sept dauphins, symbole du nombre des tours de chaque course, et de Neptune, divinité protectrice des che

vaux; les vestiges des piédestaux soutenant les statues duSoleil et de Pâris; enfin des blocs de marbre de la plus grande beauté; telles sont en peu de mots les principales richesses produites par ces travaux.

Ce monument, tout petit qu'il est, si on le compare au grand cirque, donne une idée fort juste de ce genre de construction: Dix gradíns pouvaient recevoir environ vingt mille spectateurs (on se rappelle que le circus Maximus en contenait plus de deux cent mille). Tout cela est aujourd'hui un pré bien humide en hiver. Les Romains ne font aucun usage de ce cirque; mais quelquefois des étrangers y exécutent des courses de chevaux.

Le tombeau de Cecilia Métella (Pl. 133), situé dans le voisinage, est le plus beau monument sépulcral et le mieux conservé que l'on trouve sur la voie Appienne. Il fut élevé par Crassus en l'honneur de Métella, sa femme, et fille de Quintus Métellus Creticus. La forme de l'édifice est circulaire; le diamètre est de quatre-vingt-neuf pieds et demi. Ce qu'il y a de plus remarquable dans ce tombeau, dont l'élégance pourrait témoigner contre la réputation d'avarice qu'on s'est plu à faire à Crassus, c'est la grosseur des quartiers de travertin dont il est revêtu, et l'épaisseur extraordinaire du mur de l'édifice, qui est de trente pieds. Dans l'intérieur, il n'y a d'autre vide qu'une petite chambre ronde, dont la voûte est en forme de cône. Sous celle-ci, du temps de Paul 11, on trouva le sarcophage de marbre que l'on voit dans la cour du palais Farnèse. Pourquoi ce sarcophage a-t-il été enlevé?

Au-dessous de l'inscription qui indique la destination de l'édifice, on voit le reste d'un bas-relief en marbre.

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