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ture un monument curieux de serrurerie antique. Le corps de cet édifice paraft moins ancien que la colonnade extérieure et les portes: on en rapporte en effet la construction au temps de Constantin. Le plan de Rome, dressé selon toute apparence sous le règne de Septime-Sévère, servait de pavé à ce temple; nous avons déjà indiqué la place que ces curieux débris occupent aujourd'hui dans le musée capitolin. Un autre souvenir historique se lie à l'histoire du temple de Romulus. Pline nous apprend qu'on y plaça, en 491, de Rome, le premier cadran solaire dont les Romains firent usage, et qui fut apporté de Catane par Valérius Messala, après la première guerre punique.

Les trois majestueuses arcades, dites du temple de la Paix, sujet de vives controverses entre les antiquaires, paraissent devoir être plutôt la basilique de Constantin (Pl. 128). Quoi qu'il en soit, Vespasien, après avoir terminé la guerre de Judée, éleva le temple de la Paix, en 75 après J.-C. C'était un des monumens religieux les plus magnifiques de l'ancienne Rome. Les citoyens confièrent à ce temple la garde de leurs richesses, et Vespasien y plaça les dépouilles de Jérusalem. Enfin il servit pendant un siècle de trésor public. On prétend qu'à cette époque un incendie le consuma en entier, car on assure que les ruines attribuées au temple ne sont, comme nous l'avons rapporté, que les ruines de la basilique construite par Constantin après sa victoire sur Maxence. On peut conjecturer cependant que cette basilique fut élevée sur l'emplacement du temple de la Paix, dont elle déborda les limites, comme le prouvent les vestiges de la voie Appienne, découverts dans des fouilles récentes, sous la basilique de Con

stantin, tandis qu'elle passait autrefois à côté du temple de la Paix. Une colonne de marbre blanc d'un diamètre extraordinaire, placée aujourd'hui devant l'église de Sainte-Marie-Majeure, peut donner une idée de la magnificence primitive de cet ancien monu

ment.

L'arc érigé à la mémoire de Titus lui fut voté après sa mort par le sénat et le peuple (Pl. 128). Les deux principaux bas-reliefs sont les meilleurs ouvrages romains de ce genre. L'un représente Titus sur un char de triomphe, conduit par la figure allégorique de la patrie; l'autre, des soldats juifs et d'autres prisonniers; la table, le chandelier d'or à sept branches, et les riches dépouilles du temple de Jérusalem. Chose remarquable! les édifices les mieux conservés de Rome, le Panthéon, le Colysée et l'arc de Titus, sont des monumens qui se rattachent aux souvenirs et à l'histoire de notre religion.

Entre l'arc de Titus et l'église de Sainte-Francesca-Romana, des fouilles opérées depuis peu ont fait retrouver des voies qui conduisaient du Forum aux temples de Vénus et Rome. Ces temples, garnis d'un portique, étaient entourés d'une double rangée de colonnes, dont les restes sont encore visibles. Quoique pourvus chacun d'une entrée séparée, ces deux monumens n'en formaient cependant qu'un seul. Ce qui subsiste encore de ces temples, construits d'après les plans de l'empereur Adrien et désignés du nom de Vénus, par allusion au fils de cette déesse, Énée, dont les Romains sont descendans, accuse un véritable chef-d'œuvre d'architecture. La planche 131 représente cet édifice restauré d'après le plan publié par M. Canina.

Retournant à l'arc de Titus et me di

rigeant de là vers le milieu du Forum, je visitai l'emplacement des Comices, où s'assemblait le peuple romain lorsqu'il était appelé à délibérer sur les affaires del'état. Cette enceinte demeura découverte jusqu'à l'époque de l'invasion d'Annibal en Italie. On songca seulement alors à préserver les citoyens réunis dans les Comices de l'intempérie du ciel. La Græcostasis, où l'on recevait les ambassadeurs étrangers, était attenante à ce bâtiment, et à quelque distan ce de ces deux édifices se trouvait le tribunal, ou la salle du sénat, CuriaHostilia, rebâtie par Auguste après un incendie.

Après avoir visité cet emplacement célèbre, il me restait à voir, pour compléter ma promenade au Forum, la base du colosse de Néron et la Meta sudans (borne humide), fontaine ainsi appelée à cause de sa ressemblance avec la borne d'un cirque. Sa forme est conique une gerbe d'eau jaillissait de son sommet (Pl. 131).

Le colosse en bronze de Néron, de cent pieds environ de hauteur, avait été d'abord placé dans le vestibule du pa lais doré de cet empereur. Vespasien transforma cette immense statue en un Apollon, et Commode le fit modifier à son image.

Deux causes ont rendu très-difficile la restauration du Forum romanum que je viens de décrire; d'abord le petit nombre de documens qui nous sont parvenus, et en second lieu la foule des édifices qui se pressent et s'entas-, sent pour ainsi dire dans un même espace. Les archéologues ne sont pas d'accord sur le véritable emplacement de l'ancien Forum. Aujourd'hui on le place généralement au pied du Capitole, entre le mont Capitolin et le Palatin, dans la huitième région à la quelle il donnait son nom. Son étendue

a été le sujet d'un autre genre de discussions. Canina, que nous avons déjà cité, lui donnait deux cent trente mètres de longueur sur quatre-vingts de large, c'est-à-dire environ la superficie de la place de la Concorde à Paris; d'autres lui ont supposé une étendue plus grande. Sa direction était du nord au midi à peu près, et faisant un angle presque droit avec la Voie Sacrée, qui du Capitole conduisait au Colysée. Denys d'Halicarnasse démontre en effet que Romulus et Tatius, après avoir abattu la forêt qui s'étendait au pied du Capitole, exhaussèrent le terrain, que les eaux descendant des collines rendaient marécageux, et fixèrent cet endroit pour la construction du Forum. Il est évident que les édifices de différens styles d'architecture, élevés à des époques successives, rendaient cette place fort irrégulière et l'empêchaient d'être conforme aux principes établis par Vitruve pour la construction des Fora des anciens Italiens. Il ne reste plus aujourd'hui que des vestiges souvent méconnaissables de tous ces monumens, et les savans sont loin de s'entendre sur leur véritable destination et sur leurs formes réelles. Les nouveaux travaux d'excavation, dont on s'occupe avec activité à Rome dans ce moment, menacent même de renverser les systèmes qui avaient paru jusqu'à présent les plus solides, et de les réduire à des hypothèses plus ou moins ingénieuses. C'est ainsi que nous présenterons le travail de M. Cockrell sur la restauration du Forum romanum, gravé dans la planche 125. Suivant cet architecte, le monument du premier plan à gauche du lecteur, sous le numéro 7, représenterait une partie des édifices du Palatin dépendant du palais des empereurs plus bas serait le temple circulaire et l'enceinte de Vesta, 8. Le

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