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à

ment fort près de la porte du peuple du côté du mont Pincio; ensuite, vers l'orient, on trouvait la porte Pinciana, fermée aujourd'hui; la Salaria venait ensuite, puis la Nomentana, sur la route qui conduit à Nomento: elle était peu de distance de la nouvelle porte Pie, près du logement des prétoriens; elle fut murée lorsque l'on construisit eette dernière. A l'endroit où les murs se joignent à ceux du côté méridional des logemens des prétoriens, on trouve une autre porte vulgairement connue sous le nom de Chiusa, parce qu'elle est fermée depuis fort long-temps; celle Saint-Laurent, établie dans un are du monument des eaux Martia, Epulia et Julia, sur la route qui conduit à Tivoli, passe pour être la porte Tiburtina des anciens.

La porte Majeure qui est, comme la précédente, établie dans un arc du monument des eaux Claudia Aniene-Nuovo, doit être la porte Prénestine, puisque c'est par-là qu'on se rendait à Preneste. Après la nouvelle porte Saint-Jean, on voit la porte Asinaria, aujourd'hui fermée, et ainsi nommée de la voie du même nom. A l'endroit où les eaux Marrana entrent dans Rome, il existe une porte antique dont on connaît seulement le nom de Metronia qu'elle avait au moyenage; la porte qui vient ensuite se nommait Latina, de la voie qu'elle traverse; la porte Saint-Sébastien est peu éloignée de là, c'est l'ancienne porte Appienne sur la voie du même nom; près de là on voit aujourd'hui la porte Saint-Paul, l'ancienne porte d'Ostie, qui conduisait à cette ville.

Sur le sommet du Janicule, à l'emplacement de la nouvelle porte de Saint-Pancrace, existaient la porte et la voie Aurélienne. Dans la ligne

des murailles qui suivaient le fleuve, entre les portes Janicule et Flaminienne, on présume qu'il y avait à l'entrée du pont triomphal une porte connuc sans doute sous le même

nom.

Division de la ville en quatorze régions. Publius Victor, Sextus Rufus, et d'autres auteurs qui se sont occupés de la topographie de Rome, nous enseignent que la ville se divisait en quatorze régions. Cette division était déjà établie du temps d'Auguste, ainsi que le rapporte Suétone; mais une grande partie des édifices qui composaient ces régions devait se trouver au delà de l'enceinte de Servius. Il paraît que presque toutes ces régions se trouvaient comprises dans celle d'Aurélien. On voit dans Suétone qu'Auguste divisa la ville en mille vici, distribués dans les quatorze régions. Un piédestal du musée du Capitole, rapporté à l'époque d'Adrien, conserve la dénomination des vici de einq régions.

Je ne puis mieux terminer cette notice de la topographie de la Rome antique qu'en transcrivant ce passage de Strabon, qui lui fut inspiré en visitant cette ville à son époque la plus florissante, c'est-à-dire au commencement du gouvernement impérial.

«Les Grecs ont la réputation de gens habiles dans l'art de bâtir, de bien connaître la construction des murs et des portes. On sait aussi combien leur pays est fertile; mais les Romains ont apporté les plus grands soins aux détails ordinairement négligés par les Grecs, comme le pavage des rues, la construction des aquéducs, celle des égouts pour décharger dans le Tibre les immondices de la ville. De belles routes ont été ouvertes, soit en aplanissant et en creusant les montagnes, soit en élevant et en comblant les lieux

sont tellement rapprochés qu'il semblerait qu'on a mêlé une ville à une autre. Les Romains regardent le Champde-Mars comme sacré par-dessus les autres, ils y ont élevé les tombeaux des citoyens les plus illustres. Le plus célèbre est celui que l'on nomme le Mausolée. Il est bâti sur une base de marbre, près des bords du Tibre. Des arbres toujours verts l'ombragent jusqu'à son sommet: la statue de César Auguste, coulée en bronze, le couronne. Auprès sont les sépulcres de César, de ses parens et de ses amis. Derrière est un grand bois, avec de superbes routes disposées pour la promenade. On voit, au milieu d'un champ, un espace fermé dans lequel César fut brûlé après sa mort. L'enceinte est construite en marbre blanc, et environnée de grilles de fer. L'intérieur est planté de cyprès.....

bas pour faciliter le passage des chars qui transportent les marchandises. Ils ont bâti des cloaques garnis de voûtes de pierres, dans lesquels peut passer une voiture chargée de foin; et telle était l'abondance des eaux conduites par les aquéducs, qu'on aurait dit autant de fleuves coulant par la ville. Très-peu de maisons manquaient de conserves et de conduits d'eau et de fontaines abondantes. Marcus Agrippa apporta les plus grands soins à ces améliorations. La ville lui doit aussi d'autres ornemens qui la rendent plus belle encore. En vérité, les anciens Romains étaient sicurieux des choses d'une importance majeure, qu'ils s'embarrassaient fort peu des embellissemens de détail. Mais leurs descendans, et surtout ceux qui vivent de notre temps, non-seulement n'ont pas négligé les constructions d'utilité réelle, mais ils ont encore enrichi leur cité d'une » quan tité de superbes édifices, où l'on remarque les progrès du luxe et du goût. Jules César, Pompée, Auguste, ses enfans, sa femme, sa sœur, ses amis, ont fourni tout l'argent nécessaire à ces travaux. Le Champ-de-Mars en est une preuve. Outre l'aménité du sol, l'art l'a enrichi des dons les plus précieux. L'admirable étendue de cet emplacement offre un espace immense à la multitude qui vient s'y exercer à la course, aux jeux des chars, des chevaux, de la paume, du cirque et de la lutte. Les édifices qui l'environnent, l'herbe toujours verte qui le couvre, les collines qui le couronnent du côté opposé au fleuve, offrent un spectale auquel l'étranger peut difficilement s'arracher. Près de cette plaine on en trouve une autre limitée par de nombreux portiques, des bois sacrés, trois théâtres, un amphithéâtre, des temples somptueux; et tous ces édifices

Lorsque le voyageur, en entrant dans le Forum antique, considère l'aspect des monumens, des portiques et des temples, lorsqu'il examine le Capitole, les édifices quel'on y a élevés, ceux qui ornent le Palatin et le portique de Livie, il oublie facilement tout ce qu'il a vu à l'étranger.

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Telle était Rome peu de temps après la mort d'Auguste, lorsque Strabon la visita. Dans la suite elle fut encore plus richement ornée. Aussi devintelle supérieure à toutes les villes de l'empire.

De tous ces détails on peut conclure que Rome occupa d'abord le seul mont Palatin, s'étendit ensuite sur le Capitolin; de là sur le Quirinal, le Cælius, l'Aventin, l'Esquilin et le Viminal, embrassant ainsi une grande partie de la plaine étendue le long du Tibre vers le nord; c'est en cet endroit qu'était situé le célèbre Champ-de-Mars. Ainsi, Rome était placée dans un lieu

salubre, au milieu d'une région pestilentielle, comme le dit Cicéron dans sa République. Les régions et les vici avaient à leur tête des inspecteurs chargés de maintenir le bon ordre : on les nommait: curatori, denunciatori, vico-magistri, etc..... Le nombre des quatorze régions fut conservé jusqu'aux derniers temps de l'empire, lorsque la ville fut entourée de nouvelles murailles; elles tiraient leur nom de leur position et des édifices qu'elles renfermaient; les voici : I. La PORTA GAPENE; II. LA CELIMONTANA; III. L'ISIS ET, SERAPIS; IV. LE TEMPLE DE LA PAIX; V. L'ESQUILINE; VI. L'ALTA SEMITA; VII. LA VIA: LATA; VIII. LE FORUM ROMANUM; IX. LE. CIRQUE DE FLAMINIUS; X. LE PALATIUM; XI. LE GRAND CIRQUE; XII. LA PISCINE PUBLIQUE; XIII. L'AVENTIN; XIV. LA TRANSTIBERINE.

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Après ce coup d'œil rapide sur l'ensemble de Rome, examinons en détail les ruines sans nombre et les monumens de cette ville célèbre. Commençons d'abord par ses collines, en l'honneur desquelles les Romains d'autrefois faisaient annuellement une fête solennelle. La plus célèbre est sans contredit le mont Capitolin. Il eut différens noms à diverses époques: d'abord on l'appela, mont Saturnin, à cause de Saturne qui s'y établit avec son peuple, et qui y bâtit une ville appelée Saturnia. Depuis, sous Romulus, il prit le nom de Tarpéien, de Tarpeia, vierge romaine, fille de Spurius Tarpeius, tué par les Sabins. En me rendant au Capitole par la via Lata (large route), rue qu'on nomme aujourd'hui il Corso, ou le Cours, à cause des courses de chevaux exécutées annuellement en cet endroit, je senlis mon cœur battre violemment. Le Capitole! Ce mot résume toutes les gloires, tous les triomphes du

peu

ple romain! Là était le palais de la nation, le siége de son pouvoir; c'était, suivant l'expression de Cicéron, le conseil public de l'univers. Je me le représentai encore, d'après la description de Virgile, comme un roc escarpé couvert de forêts profondes, et déjà toutefois laissant avec orgueil entrevoir ses destinées futures.

Hinc ad Tarpeiam sedem, et Capitolia ducit
Aurea nunc, olim sylvestribus horrida dumis.
Jam tùm relligio pavidos terrebat agrestes
Dira loci; jam tùm sylvam saxumque tremebant.
Hoc nemus, hunc, inquit, frondoso vertice collem
(Quis Deus, incertum est,) habitat Deus. Arcades ipsum
Credunt se vidisse Jovem, cùm sæpè nigrantem
Ægida concuteret dextrâ, nimbosque cieret.
Æs., vin.

Enfin s'offre à leurs yeux la roche Tarpéienne,
Ce futur Capitole où la grandeur romaine
Étalera son marbre et ses colonnes d'or :
Des ronces, des buissons le hérissent encor.
Déjà le peuple, ému d'une pieuse crainte,
Pressentait ses destins et sa majesté sainte;
Déjà ce mont, ce roc le frarpait de terreur.
Voyez là haut ces bois, dont la muette horreur
Aujourd'hui même encore inspire l'épouvante
Quel dieu réside au fond de leur nuit imposante?
On ne sait, mais un dieu réside dans ces bois
Même, je m'en souviens, nos bergers ont cent fois

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⚫ Cru voir, dans tout l'éclat de sa grandeursuprême, Sur ce terrible mont tonner Jupiter même.

DELILLE.

Il me semblait que j'allais voir les sénateurs assis dans leurs chaises.curules et discutant, sous la présidence de deux consuls, les intérêts de la république; ou bien je me figurais encore un de ces jours glorieux dans lesquels on menait en grande pompe au Capitole les triomphateurs, couverts d'or, de pourpre et de fard..... L'illusion ne fut pas longue. Je ne vis qu'un immense escalier, ou plutôt une rampe douce, conduisant au sommet de ce mont qui ne conserve plus rien d'ancien que le titre et les souvenirs.

Reconstruisons-le donc la par pensée tel qu'il était aux temps antiques; nous dirons ensuite ce qu'il est aujour

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