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LIVRES NOUVEAUX

VERSAILLES ET LES DEUX TRIANONS, dessins et relevés de Marcel Lambert, texte de Philippe Gille.

Signalons tout de suite aux amateurs de beaux livres cette admirable publication, dont les premiers fascicules viennent de paraître. Elle s'annonce comme une merveille de la librairie moderne. C'est toute l'histoire et la description minutieuse de Versailles, de son parc, de ses palais qui se poursuivra dans ces pages. Et certes, le château de Versailles n'a jamais manqué de chroniqueurs on pourrait compter par centaines les documents qu'on a publiés sur lui. Mais la plupart de ces ouvrages, en dehors de ceux qui sont dus à de rares chercheurs, comme Eudore Soulié, par exemple, ne sont que des guides plus ou moins complets dont les auteurs se sont attachés, les uns à ne donner qu'une idée très sommaire du palais et du parc, les autres, à examiner tel ou tel détail sans tenir compte de l'ensemble; les uns attachent trop d'importance aux événements historiques; les autres se contentent de décrire richement l'édifice qui en fut le décor. On comprend que les éditeurs aient demandé à M. Philippe Gille d'écrire le texte de cet ouvrage de précédentes publications avaient déjà fait connaître l'écrivain comme un admirateur fervent et éclairé dé notre château national. Le nom de M. Marcel Lambert s'indiquait de lui-même, et on ne pouvait mieux choisir, pour illustrer ce livre, que l'éminent architecte du domaine de Versailles et des deux Trianons.

MÉMOIRES D'UN JEUNE HOMME RANGE, par Tristan Bernard.

Voilà un roman tout à fait nouveau, et personne autre que M. Tristan Bernard n'eût été capable de l'écrire. Il y fallait tout à la fois ses dons d'observation large et minutieuse, sa verve impassible, sa fantaisie grave, son sourire averti. Daniel Henry, le héros du livre, n'a certainement rien d'un héros. C'est un doux jeune homme de vingt ans qui travaille bien, et qui se conduit bien, et qui se marie. Il vit au milieu de « gens dans le commerce » et il est le savant de la famille. Licencié en droit, il prépare sa thèse de doctorat, sans impatience, mais non sans fierté, avec d'autant plus de fierté que sans doute même il ne la passera jamais. Dans le monde, il est gauche et timide, et ses vêtements lui vont mal. Sa vie est assez ordinaire, mais il aime à se regarder vivre, et ses moindres gestes ont pour lui une telle importance qu'on s'y intéresse tout de suite. Le livre est de ceux qu'il faut lire et relire: il est amusant, comme une pochade de Tristan Bernard, et il est profond à notre insu. Hâtons-nous de le signaler: nous n'aurons jamais l'occasion de recommander aux lecteurs de la Revue un volume qui, auprès de tous, mérite plus de succès.

POÉSIES COMPLÈTES, par Eugène Manuel. L'auteur de ces poèmes est de ceux qui ont su rester en dehors de toute préoccupation littéraire autre que le souci de la langue poétique la plus simple, en dehors de tout parti pris d'école : la sincérité du sentiment a seule compté pour lui. Ses vers, discrètement publiés, comme ils furent écrits, n'ont été le sujet d'aucune bruyante discussion; mais on les a lus avec une émotion pleine de gratitude. On aura plaisir à les relire, et on s'apercevra que, plus heureux que d'autres dont la destinée fut d'abord éclatante, ceux-là n'ont point vieilli ils ont conservé tout leur charme, et l'auteur peut se dire, en les lisant, que, sans doute, ils ne vieilliront pas.

LE LYRISME SENTIMENTAL ET LA POÉSIE
POPULAIRE, par Robert de Souza.

On sait que les poètes novateurs se sont évidemment préoccupés de faire passer dans leurs poèmes certains rythmes de chansons populaires : M. Robert de Souza, par de nombreux exemples, nous aide à nous rendre compte de cette « transposition d'art ». Cette étude se lit sans effort, et l'auteur a su excellemment nous guider à travers les œuvres de MM. Henri de Régnier, Gustave Kahn, Francis Viélé-Griffin, Verhaeren. Son livre est rempli de citations curieuses et belles, qui l'illustrent en quelque sorte; le texte même est d'un critique avisé et d'un écrivain tout à fait délicat.

LES CHIMÈRES DE MARC LE PRAISTRE, par Henry Rabusson.

« Comment de rêveur on devient fou » pourrait être le sous-titre de ce roman. Marc Le Praistre a de la fortune; il a le bonheur d'être aimé par une exquise jeune fille, tour à tour ferme et tendre, pour le guérir; et en pleine jeunesse, aux premiers obstacles dressés par la vie devant sa fragile volonté, Marc Le Praistre retombe à tout jamais brisé, presque sans luttes. Il a trop pensé que les chimères venaient doucement visiter les hommes, dès qu'on les en priait, et pas un instant il n'a cru qu'il fallait l'effort de les conquérir. Dans toute son enfance sans épreuves, il n'a jamais eu à vouloir; les choses étaient douces autour de lui et dociles à ses premiers rêves. Il ne s'est jamais demandé si elles pouvaient être toujours ainsi : il a grandi avec cette habitude; il en est venu peu à peu à ne point douter de ce qu'il souhaite, et le monde réel se confond pour lui avec le monde qu'il imagine. Quand il s'aperçoit qu'il s'est trompé, le mal est déjà sans remède, et c'est vainement que Marc Le Praistre se roidit en quelques révoltes et en quelques sursauts. Cette histoire d'un faible est écrite avec un vrai charme de composition et de style, et comptera comme un des meilleurs livres dans l'oeuvre si attachante d'un de Los très bons romanciers.

LA REVUE DE PARIS

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