Page images
PDF
EPUB

verte d'Hellriegel et Willfarth, nous apprenant que les légumineuses fixent l'azote de l'air, par l'intermédiaire des bactéries qui pullulent dans les nodosités de leurs racines.

J'ai essayé de propager les cultures dérobées de légumineuses occupant le sol entre la moisson et les grands labours d'hiver. Cette pratique commence à se répandre: non seulement sur nos terres arables, mais aussi dans nos vignes et son extension sera certainement profitable.

Ce n'est pas uniquement en employant plus judicieusement les engrais que nous avons réussi à augmenter notre production, mais c'est encore en choississant mieux les espèces appropriées à la richesse du sol et au climat. Ce choix est particulièrement important dans la culture du blé et telle variété, qui conduit à d'admirables rendements dans le Nord et le Pas-de-Calais, s'échaude dans les régions méridionales et ne fournit plus que de médiocres récoltes.

La culture des pommes de terre a été, pour ainsi dire, transformée pendant ces dernières années; on verra, dans le chapitre que nous consacrons à cette étude, qu'en substituant aux tubercules plantés naguère, ceux qui appartiennent à des variétés apportées d'Allemagne, on peut doubler le produit à l'hectare et, comme la pomme de terre est un excellent aliment, non seulement pour les porcs, mais aussi pour les bêtes bovines,

l'extension de sa culture amène naturellement l'augmentation du bétail entretenu, et, par suite, la production du fumier. Atteinte il y a cinquante ans par une terrible maladie qui a sévi dans toute l'Europe, la pomme de terre a failli disparaître de nos cultures. On découvrit bientôt la cause du fléau. Mais, si les travaux de de Bary avaient démontré clairement la nature du champignon parasite qui, envahissant d'abord les feuilles, envoie ses ramifications jusqu'aux tubercules, on resta longtemps impuissant à triompher de ses ravages. Ce n'est que récemment qu'on a trouvé que les bouillies cuivriques, qui permettent de lutter victorieusement contre le mildiou de la vigne, conviennent également pour le traitement des pommes de terre et aujourd'hui, les cultivateurs soigneux savent se mettre à l'abri de la maladie qui, naguère encore, pouvait détruire en quelques semaines, les récoltes les plus luxu

riantes.

Les remaniements incessants du mode de perception de l'impôt qui frappe la consommation du sucre ont conduit à changer à diverses reprises les variétés de betteraves cultivées. Aujourd'hui que l'impôt porte sur la betterave elle-même, il faut absolument semer des variétés riches en sucre. Malgré de grands efforts, on n'est pas arrivé encore à détrôner pour les sucreries la betterave « Vilmorin améliorée ». Remarquable par sa ri

chesse en sucre, elle laisse seulement un peu à désirer pour l'abondance de ses rendements.

La culture de la betterave fourragère est encore, en général, très mal conduite. On s'est borné jusqu'à présent à ne chercher que le maximum de production à l'hectare, sans se préoccuper de la composition des racines récoltées. Je montre, dans le chapitre II, combien est défectueuse cette manière d'opérer. Ce n'est pas du choix des variétés, ni même de l'abondance des fumures que découlera le progrès, mais bien du mode de culture lui-même. Je fais voir qu'en semant les betteraves fourragères à de faibles écartements, en les maintenant serrées, on obtient un poids de récolte égal à celui que fournissent les grosses racines, mais qu'au lieu de récolter des betteraves très aqueuses, on en recueille un grand nombre de petites, bien plus riches en matières alimentaires.

La puissance des instruments destinés à la préparation du sol s'est considérablement accrue. Au vieil araire de nos pères, se sont substituées des charrues qui retournent le sol jusqu'à 30, 35 et même 40 centimètres. Pour briser les mottes qu'elles produisent, nous avons varié les formes de nos herses et alourdi nos rouleaux; ils aplatissent les sillons et sur la surface unie du sol, les semoirs mécaniques déposent les graines, en lignes régulières. Après la levée, les

bineuses, mues par un cheval, enlèvent les mauvaises herbes et de nos champs bien travaillés disparaissent bleuets et coquelicots.

Nous savons, en outre, abattre nos récoltes plus rapidement que jadis ; en quelques jours, nos moissonneuses font la besogne qu'accomplissait lentement le pénible travail des faucilles et des faulx. Nos machines à battre remplacent, avec une célérité avantageuse, le battage au fléau et dès les premiers jours d'automne, nous pouvons conduire au marché notre récolte, dont nous ne disposions autrefois qu'à la fin de l'hiver.

La marche en avant a été continue. Ainsi qu'il a été dit au début de cette préface, les produits agricoles récoltés actuellement représentent une somme double de celle qui était obtenue, il y a cinquante ans.

Malgré ce progrès incessant, la situation des cultivateurs n'est pas aussi prospère qu'on pourrait le désirer. Le prix de vente des denrées agricoles a considérablement décru depuis dix ans; on a attribué cette baisse à la concurrence étrangère et les clameurs des cultivateurs ont entraîné tout notre système économique dans la voie de la protection; elle n'a présenté qu'une médiocre efficacité. D'années en années, la baisse du prix du blé s'est accentuée et l'élévation des droits de douane a eu une influence d'autant moindre que, grâce aux progrès de la culture,

nous recueillons dans les bonnes années de quoi subvenir à notre consommation. Il ne semble donc pas que ce soit en essayant de surélever artificiellement les prix de vente, qu'on trouvera le salut, mais bien en diminuant les frais de production, en abaissant les prix de revient.

Pour y réussir, il faut tirer de notre sol toutes les ressources qu'il renferme et tout d'abord, il faut savoir le travailler. En général, les cultivateurs y sont habiles, bien qu'ils soient guidés exclusivement par l'empirisme et que naguère encore, on sût à peine quel but on veut atteindre en ameublissant la terre. Ce but, je crois l'avoir montré récemment, c'est d'assurer au sol un large approvisionnement d'eau. Une terre bien travaillée absorbe infiniment plus d'eau qu'une terre non ameublie, et la conserve mieux; elle se dessèche moins aux ardeurs du soleil, et enfin s'égoutte plus aisément pendant l'hiver. Or, non seulement les plantes, qui croissent sur ces terres bien approvisionnées d'eau, ne souffrent pas de la sécheresse, mais elles sont, en outre, mieux nourries. Dans une terre meuble, l'air circule facilement et la combustion de l'humus fournit de l'acide carbonique dissolvant des phosphates, de la chaux, de la potasse.

La combustion porte également sur l'ammoniaque provenant de la décomposition des matières azotées de l'humus et les nitrates apparaissent.

« PreviousContinue »