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conde moitié, s'en'vont jusque dans les tourbillons voisins, et d'autres passent des tourbillons voisins, puis descendent dans le nôtre vers le soleil. La même poussière massive qui nous a fourni une terre, des planètes et des comètes, s'arrange en vertu du mouvement en d'autres formes, et nous donne l'eau, l'athmosphère l'air, les métaux, les pierres, les animaux et les plantes; en un mot toutes les choses, tant générales que particulières, que nous voyons dans notre monde, organisées

et autres.

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Il y a encore bien d'autres parties à détailler dans l'édifice de Descartes, mais ce que nous avons déjà vu, est regardé de tout le monde comme un assortiment de pièces qui s'écroulent; et, sans en voir davantage il n'y a personne qui ne puisse sentir qu'un tel systême n'est nullement recevable.

1o. Il est d'abord fort singulier d'entendre dire que Dieu ne peut pas créer et rapprocher quelques corps anguleux, sans avoir de quoi remplir exactement les interstices des angles. De quel droit ose-t-on resserrer ainsi la souveraine puissance?

2o. Mais je veux que Descartes sache précisément pourquoi Dieu doit avoir tant d'horreur du vide : je veux qu'il puisse très-bien accorder la liberté des mouvemens avec le plein parfait, qu'il prouve même la nécessité actuelle du plein, à la bonne heure. L'endroit où je l'arrête, est cette prétention que le vide soit impossible, il ne l'est pas même dans sa supposition: car, pour remplir tous les interstices, il faut avoir des poussières de toute taille, qui viennent au besoin se glisser à propos dans les intervalles entr'ouverts. Ces poussières ne se forment qu'à la longue. Les globules ne s'arrondissent pas en un instant. Les coins les plus gros`se rompent d'abord, puis les plus petits; et à force de frottemens, nous pourrons recueillir de nos pièces pulvérisées de quoi remplir tout ce qu'il nous plaira; mais cette pulvérisation est successive. Ainsi, au premier moment que Dieu mettra les parcelles de la matière primordiale en mouvement, la poussière n'est pas encore formée. Dieu soulève les angles, ils vont commencer à se briser; mais, avant que la chose soit faite

voilà entre ces angles des vides sans fin, et nulle matière pour les remplir.

3. Selon Descartes, la lumière est une masse de petits globes qui se touchent immédiatement, en sorte qu'une file de ces globes ne sauroit être poussée par un bout, que l'impulsion ne se fasse sentir en même temps à l'autre bout, comme il arrive dans un bâton, ou dans une file de boulets de canon qui se touchent. Roemer et Picard ont observé, que quand la terre étoit entre le soleil et Jupiter, les éclipses de ses Satellites arrivoient alors plutôt qu'il n'est marqué dans les tables; mais que quand la terre s'en alloit du côté opposé, et que le soleil étoit entre Jupiter et la terre, alors les éclipses des Satellites arrivoient plusieurs minutes plus tard, parce que la lumière avoit tout le grand orbe annuel de la terre à traverser de plus dans cette dernière situation, que dans la précédente : d'où ils sont parvenus à pouvoir assurer que la lumière du soleil mettoit sept à huit minutes à franchir les trente-cinq millions de lieues qu'il y a du soleil à la terre. Quoi qu'il en soit, au reste, sur la durée précise de ce trajet de la lumière, il est certain que la communication ne s'en fait pas en un instant; mais que le mouvement ou la pression de la lumière parvient plus vîte sur les corps plus voisins, et plus tard sur les corps plus éloignés : au lieu qu'une file de douze globes, et une file de cent globes, s'ils se touchent, communiquent leur mouvement aussi vîte l'une que l'autre. La lumière de Descartes n'est donc pas la lumière du monde. Voyez ABERRATION.

En voilà assez, ce me semble. pour faire sentir les inconvéniens de ce systême. On peut avec Fontenelle, féliciter le siècle, qui, en nous donnant Descartes, a mis en honneur un nouvel art de raisonner, et communiqué aux autres sciences l'exactitude de la Géométrie, Mais on doit, selon sa judicieuse remarque, » l'inconvénient des systêmes précipités, dont l'impa»tience de l'esprit humain ne s'accommode que trop » bien, et qui étant une fois établis, s'opposent aux » vérités qui surviennent ».

<< sentir

J

conde moitié, s'en vont jusque dans les tourbillons voisins, et d'autres passent des tourbillons voisins, puis descendent dans le nôtre vers le soleil. La même poussière massive qui nous a fourni une terre, des planètes et des comètes, s'arrange en vertu du mouvement en d'autres formes, et nous donne l'eau, l'athmosphère l'air, les métaux, les pierres, les animaux et les plantes en un mot toutes les choses, tant générales que particulières, que nous voyons dans notre monde, organisées

et autres.

Il y a encore bien d'autres parties à détailler dans l'édifice de Descartes, mais ce que nous avons déjà vu, est regardé de tout le monde comme un assortiment de pièces qui s'écroulent; et, sans en voir davantage, il n'y a personne qui ne puisse sentir qu'un tel systême n'est nullement recevable.

1o. Il est d'abord fort singulier d'entendre dire que Dieu ne peut pas créer et rapprocher quelques corps anguleux, sans avoir de quoi remplir exactement les interstices des angles. De quel droit ose-t-on resserrer ainsi la souveraine puissance?

2o. Mais je veux que Descartes sache précisément pourquoi Dieu doit avoir tant d'horreur du vide : je veux qu'il puisse très-bien accorder la liberté des mouvemens avec le plein parfait, qu'il prouve même la nécessité actuelle du plein, à la bonne heure. L'endroit où je l'arrête, est cette prétention que le vide soit impossible, il ne l'est pas même dans sa supposition: car, pour remplir tous les interstices, il faut avoir des poussières de toute taille, qui viennent au besoin se glisser à propos dans les intervalles entr'ouverts. Ces poussières ne se forment qu'à la longue. Les globules ne s'arrondissent pas en un instant. Les coins les plus gros se rompent d'abord, puis les plus petits; et à force de frottemens, nous pourrons recueillir de nos pièces pulvérisées de quoi remplir tout ce qu'il nous plaira; mais cette pulvérisation est successive. Ainsi, au premier moment que Dieu mettra les parcelles de la matière primordiale en mouvement, la poussière n'est pas encore formée. Dieu soulève les angles, ils vont commencer à se briser; mais, avant que la chose soit faite,

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voilà entre ces angles des vides sans fin, et nulle matière pour les remplir.

3. Selon Descartes, la lumière est une masse de petits globes qui se touchent immédiatement, en sorte qu'une file de ces globes ne sauroit être poussée par un bout , que l'impulsion ne se fasse sentir en même temps à l'autre bout, comme il arrive dans un bâton, ou dans une file de boulets de canon qui se touchent. Roëmer et Picard ont observé, que quand la terre étoit entre le soleil et Jupiter, les éclipses de ses Satellites arrivoient alors plutôt qu'il n'est marqué dans les tables; mais que quand la terre s'en alloit du côté opposé, et que le soleil étoit entre Jupiter et la terre, alors les éclipses des Satellites arrivoient plusieurs minutes plus tard, parce que la lumière avoit tout le grand orbe annuel de la terre à traverser de plus dans cette dernière situation, que dans la précédente : d'où ils sont parvenus à pouvoir assurer que la lumière du soleil mettoit sept à huit minutes à franchir les trente-cinq millions de lieues qu'il y a du soleil à la terre. Quoi qu'il en soit, au reste, sur la durée précise de ce trajet de la lumière, il est certain que la communication ne s'en fait pas en un instant; mais que le mouvement ou la pression de la lumière parvient plus vite sur les corps plus voisins, et plus tard sur les corps plus éloignés au lieu qu'une file de douze globes, et une file de cent globes, s'ils se touchent communiquent leur mouvement aussi vîte l'une que l'autre. La lumière de Descartes n'est donc pas la lumière du monde. Voyez ABERRATION.

En voilà assez, ce me semble pour faire sentir les inconvéniens de ce systême. On peut avec Fontenelle, féliciter le siècle, qui, en nous donnant Descartes, a mis en honneur un nouvel art de raisonner, et communiqué aux autres sciences l'exactitude de la Géométrie, Mais on doit, selon sa judicieuse remarque, << sentir » l'inconvénient des systêmes précipités, dont l'impa»tience de l'esprit humain ne s'accommode que trop » bien, et qui étant une fois établis, s'opposent aux » vérités qui surviennent ».

J

conde moitié, s'en'vont jusque dans les tourbillons voisins, et d'autres passent des tourbillons voisins, puis descendent dans le nôtre vers le soleil. La même poussière massive qui nous a fourni une terre, des planètes et des comètes, s'arrange en vertu du mouvement en d'autres formes, et nous donne l'eau, l'athmosphère l'air, les métaux, les pierres, les animaux et les plantes; en un mot toutes les choses, tant générales que particulières, que nous voyons dans notre monde, organisées

et autres.

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Il y a encore bien d'autres parties à détailler dans l'édifice de Descartes, mais ce que nous avons déjà vu est regardé de tout le monde comme un assortiment de pièces qui s'écroulent; et, sans en voir davantage, il n'y a personne qui ne puisse sentir qu'un tel systême n'est nullement recevable.

1o. Il est d'abord fort singulier d'entendre dire que Dieu ne peut pas créer et rapprocher quelques corps anguleux, sans avoir de quoi remplir exactement les interstices des angles. De quel droit ose-t-on resserrer ainsi la souveraine puissance?

2o. Mais je veux que Descartes sache précisément pourquoi Dieu doit avoir tant d'horreur du vide : je veux qu'il puisse très-bien accorder la liberté des mouvemens avec le plein parfait, qu'il prouve même la nécessité actuelle du plein, à la bonne heure. L'endroit où je l'arrête, est cette prétention que le vide soit impossible, il ne l'est pas même dans sa supposition: car, pour remplir tous les interstices, il faut avoir des poussières de toute taille, qui viennent au besoin se glisser à propos dans les intervalles entr'ouverts. Ces poussières ne se forment qu'à la longue. Les globules ne s'arrondissent pas en un instant. Les coins les plus gros `se rompent d'abord, puis les plus petits; et à force de frottemens, nous pourrons recueillir de nos pièces pulvérisées de quoi remplir tout ce qu'il nous plaira; mais cette pulvérisation est successive. Ainsi, au premier moment que Dieu mettra les parcelles de la matière primordiale en mouvement, la poussière n'est pas encore formée. Dieu soulève les angles, ils vont commencer à se briser; mais, avant que la chose soit faite

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