fait pour soulever la barre, comme un poids à élever, il est clair que la puissance, appliquée à la manivelle, est à ce poids comme le rayon du pignon est au bras de la manivelle. D'où l'on voit qu'en faisant le rayon du pignon très-petit, par rapport à celui de la manivelle, on peut, avec une force médiocre, élever un poids très-considérable.

Quelquefois, pour soulever un plus grand poids avec la même force appliquée à la manivelle, on ajoute au Cric une vis sans fin, qu'on fait tourner avec la manivelle fixée à son axe, el dont les filets engrènent avec les dents du pignon. Supposons que dans le Cric simple le pignon ait 8 dents : à chaque tour de manivelle la barre sera élevée de 8 dents. Mais si l'on ajoute une vis sans fin qui ait deux filets, il faudra, pour faire faire une révolution au pignon, et pour élever la barre de 8 dents, faire faire quatre tours à la manivelle. Par-là on rendra donc quadruple le chemin parcouru par la puissance; et par conséquent on quadruplera sa force : mais ce sera aux dépens du temps employé par la puissance; car on voit que, pour le même degré d'élévation de la résistance, il faudra dans ce second cas quatre fois autant de temps que dans le premier, puisqu'il y aura quatre tours à faire au lieu d'un. Il est souvent avantageux de pouvoir à son gré changer de la force pour de la vitesse, ou de la vitesse pour de la force. Les cochers des diligences, dont les voitures pèsent quelquefois jusqu'à 10000 kiliogrammes, enlèvent seuls leur voiture avec un Cric de cette espèce, pour pouvoir graisser leurs roues. Cette vis sans fin produit encore un autre avantage, qui est de pouvoir arrêter quand on veut, sans craindre que le fardeau redescende.

CROISSANT. Nom que l'on donne à la lune quelque temps après sa conjonction avec le soleil, c'està-dire, quelque temps après qu'elle a été nouvelle. En effet elle paroît alors sous la forme d'un Croissant.

On appelle aussi Croissant, le temps qui s'écoule depuis la nouvelle lune jusqu'à la pleine lune; parce qu'alors la portion de son hémisphère éclairé, que la lune nous présente, va toujours en augmentant, jusqu'à ce qu'enfin nous voyions cet hemisphère tout entier.

Croissant est opposé à décours. (Voyez DECOURS). CROIX. Nom que l'on donne en Astronomie à une des petites constellations de la partie méridionale du ciel, et qui est placée sous le ventre du centaure près de ses pieds de derrière et au-dessus de l'abeille ou la mouche. C'est une des 11 nouvelles constellations qu'Augustin Royer a ajoutées aux anciennes, et sous lesquelles il a rangé les étoiles qui étoient demeurées informes. (Voyez l'astronomie de la Lande, page 188). On trouve la figure de cette constellation, et même très-exactement donnée par l'abbé de la Caille dans les mémoires de l'Académie des Sciences, Année 1752, Pl. XX.

Il y a dans la constellation de la Croix, une étoile de la première grandeur, qui est placée au pied de la Croix et dans la voie lactée.

Cette constellation est une de celles qui ne paroissent jamais sur notre horizon: les étoiles qui la composent, ont une déclinaison méridionale trop grande, pour pouvoir jamais se lever à notre égard.

CROWN-GLASS. Nom que l'on donne en Angleterre au verre commun, et qui signifie Verre à couronne. Cette espèce de verre ressemble beaucoup à celui de nos vitres, que l'on tourne en plateaux ronds, par le moyen de la force centrifuge que produit le mouvement circulaire.

Le Crown-glass, dont on fait aussi les vitres en Angleterre, fut employé avec succès, en 1759, par Dollond père, pour les lunettes achromatiques, combiné avec le Flint-glass ou crystal d'Angleterre : il remédia à la dispersion des rayons colorés qui forment des iris au foyer des lunettes ordinaires; la dispersion de ce verre, ou l'étendue du spectre coloré qu'il produit, n'étant que les deux tiers de celle qui a lieu dans le Flintglass. (Voyez FLINT-GLASS et LUNETTE ACHROMATIQUE).

CRYSTAL DE ROCHE. Pierre transparente qui crystallise en prisme béxaèdre terminé, à une des extrémités et quelquefois aux deux, par un sommet à six faces triangulaires. Les Crystaux de roche ont tous une cas

sure vitreuse. Les uns sont tout-à-fait sans couleur : les autres sont colorés; et quelques-uns portent les cou leurs des pierres précieuses. Leur dureté n'est pas trèsgrande elle est inférieure à celle de toutes les Pierres gemmes, et par conséquent à celle de Hyacinthe, qui est la moins dure de toutes.

Les Crystaux de roche ont pour principes constituans la silice, l'alumine et la chaux, et sont souvent colorés par le fer. Le Crystal de roche est la pierre dans laquelle la silice est dans l'état le plus approchant de la pureté, et où elle est le moins mélée : car, d'après son analyse faite par Bergmann, 100 parties de cette pierre lui en ont fourni 93 de silice, 6 d'alumine et I

de chaux.

Les pierres de cette espèce qui sont sans couleur sont celles qu'on appelle Crystaux de roche par excellence. Ceux qui sont colorés prennent différens noms relatifs aux pierres précieuses dont ils portent les couleurs. Ces couleurs sont le plus souvent dues au fer, qui leur fait prendre alors des nuances particulières, suivant l'état dans lequel il s'y trouve.

Le Crystal de roche limpide et sans couleur est le plus beau et le plus estimé de tous. Sa pesanteur spécifique est à celle de l'eau distillée, comme 26530 est à 10000.

Il y en a un qui est teint d'une légère couleur de rose, et dont la pesanteur spécifique est un peu supérieure à celle du précédent : elle est de 26701.

Le Crystal jaune est appelé Topaze de Bohême : sa pesanteur spécifique est 26541.

Le Crystal verd, appelé fausse émeraude est trèsrare; je n'ai pas été à portée de le peser hydrostatiquement.

Le Crystal bleu prend le nom de Saphir d'eau : sa pesanteur spécifique est 25813.

Le Crystal violet porte le nom d'Améthyste. Sa pesanteur spécifique est 26535. Cette pierre est affectée aux évêques, pour faire leur anneau pastoral. Darcet prétend qu'à un feu violent elle perd sa couleur.

"

Le Crystal violet pourpre est appelé Améthyste de Carthagène. Sa pesanteur spécifique est 26570.

Le Crystal brun est appelé Topaze enfumée de Bohême. Sa pesanteur spécifique est 26534. Il y en a aussi un qui est noir ou presque noir; il est le même que le brun; il n'en diffère que par sa couleur qui est beaucoup plus foncée. Cependant sa pesanteur spécifique, qui n'est que 26536, n'est guère supérieure à celle du brun: ce qui prouve qu'il ne faut que peu de métal pour colorer beaucoup.

On peut teindre les Crystaux transparens et sans couleur, et leur donner par-là l'apparence des pierres précieuses : si l'on fait rougir au feu un Crystal pur et transparent, et qu'on l'éteigne à plusieurs reprises dans l'essence de Bézetta (qui est une teinture qui vient du levant, et qui se fait, dit-on, avec du bois de santal rouge), il devient d'une couleur brune ou foncée : si on l'éteint dans la teinture de cochenille, il devient rouge comme un rubis ; dans la teinture de santal rouge, il devient d'un rouge foncé ou noirâtre; dans la teinture de safran, il devient d'un jaune clair ou foncé, à proportion de la force de la teinture, et ressemble alors ou à la chrysolite ou à la topaze; dans la teinture de tournesol, il devient bleu comme le saphir d'eau ; dans le suc de nerprun, il devient d'un bleu violet comme l'Améthyste; dans la teinture de tournesol mêlée avec la teinture de safran, il devient verd comme la fausse émeraude. L'on peut aussi teindre les Crystaux et leur donner une couleur rouge, verte, jaune, etc. en mettant de l'arsenic et de l'orpiment mêlés ensemble dans un creuset, et plaçant des morceaux de Crystal pardessus. Voyez l'Art de la Verrerie de Neri, chap. 74. Et pott. de auropigmento, pag. 82.

Si l'on regarde le soleil ou un autre objet éclairant ou éclairé, au travers d'un prisme de Crystal de roche, on y remarque les différentes couleurs de l'arc-en-ciel; mais on y voit deux fois les mêmes couleurs parce qu'il occasionne une double réfraction: c'est pourquoi Pline a donné au Crystalderoche le nom d'Iris: sur ce pied-là ily a un grand nombre de pierres qui méritent le même nom; car le plus grand nombre cause aux rayons de lumière une double réfraction.

Tous les Crystaux se forment dans le Quartz, qui

en est comme la matrice. Ils renferment souvent des matières qui leur sont étrangères, commé de la mousse, des poils, des herbes, etc. et même d'autres pierres; d'où l'on peut conclure que les Crystaux sont des pierres qui se forment journellement, et que la matière qui les produit, doit avoir été fluide; car un corps solide ne peut se trouver renfermé dans un autre corps solide, à moins que l'un n'ait été mis en fusion ou en dissolution par-dessus l'autre, et ne l'ait enveloppé lorsque la matière fluide est venue à se durcir. Mais, comment les Crystaux se forment-ils ainsi d'une matière liquide? On ne doit pas douter que ce ne soit par la voie de la crystallisation, et que ce phénomène n'arrive de la même façon que celui par lequel nous voyons les sels prendre une figure déterminée en se crystallisant. (Voyez Henckel de lapid, origine.) Si l'on demandoit si les Crystaux sont redevables de leur figure à quel ques sels, on peut faire la même réponse que nous avons faite à l'égard de la figure des pierres précieuses : il en est de même à l'égard de leurs couleurs. (Voyez PIERRES PRÉCIEUSES).

CRYSTAL D'ISLANDE. Espèce de spath clair transparent et rhomboidal, qui fait paroître doubles tous les objets que l'on voit au travers. Il est feuilleté : lorsqu'on le fait calciner dans un creuset, il pétille, se divise en rhomboïdes, et acquiert pour lors la propriété de luire dans l'obscurité; il répand aussi une odeur sulfureuse 'très-forte.

Huyghens et Newton ont examiné les phénomènes du Crystal d'Islande avec une attention particulière. Voici les principaux. 1°. Le rayon de lumière qui le traverse, souffre une double réfraction, au lieu qu'elle est simple dans les autres corps transparens. Ainsi on voit doubles les objets qu'on regarde au travers.

2o. Le rayon qui tombe perpendiculairement sur la surface des autres corps transparens, les traverse sans être rompu, et le rayon oblique est toujours divisé; mais dans le Crystal d'Islande, tout rayon, soit oblique, soit perpendiculaire, est divisé en deux, en conséquence de sa double réfraction. De ces deux rayons, l'un suit la loi ordinaire; et le sinus de l'angle d'incidence de