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la lumière, telle qu'elle nous vient des astres, est composée de rayons de différentes couleurs (Voyez COULEURS): tous ces rayons arrivent des astres vers la terre, et sont ensuite réfléchis par la terre, et se plongent dans l'athmosphère, en prenant la route du ciel. Mais de tous ces rayons, les uns sont plus foibles et plus réflexibles que les autres; et ces plus foibles sont les bleus et les violets. Comme l'athmosphère a une certaine épaisseur, il n'y a que les rayons les plus forts, tels que les rouges, les orangés, les jaunes, et peut-être les verds, qui puissent la traverser entièrement les bleus et les violets, trop foibles pour cela, sont donc réfléchis une seconde fois vers la terre, par l'athmosphère qu'ils n'ont pu percer, et nous font voir sa concavité sous la couleur qui leur est propre. Comme les violets sont très-foibles, les bleus font sur nos yeux une impression plus forte, et qui se fait sentir davantage: voilà pourquoi nous voyons le ciel bleu et azuré. Cependant, lorsque le ciel est parfaitement serein, on le voit d'un bleu tirant sur le violet.

COULEURS. Propriétés des différentes parties de la lumière séparées les unes des autres par réfraction réflexion, ou autrement, par lesquelles elles excitent en nous différentes sensations suivant la différence de leur degré de réfrangibilité, et suivant la grandeur, la figure et peut-être la vitesse de leurs particules, lorsqu'elles viennent faire leur impression sur l'organe destiné à nous les faire appercevoir.

Il y a de grandes différences d'opinions sur les Couleurs entre les anciens et les modernes, et même entre les différentes sectes des Philosophes d'aujourd'hui. Suivant l'opinion d'Aristote, qui étoit celle qu'on suivoit autrefois, on regardoit la Couleur comme une qualité résidente dans les corps colorés, et indépendante de la lumière.

Les Cartésiens n'ont point été satisfaits de cette définition; ils ont dit que puisque le corps coloré n'étoit pas immédiatement appliqué à l'organe de la vue pour produire la sensation de la Couleur, et qu'aucun corps ne sauroit agir sur nos sens que par un contact immédiat, il falloit donc que les corps colorés ne contri

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buassent à la sensation de la Couleur, que par le moyen de quelque milieu, lequel étant mis en mouvement par leur action, transmettoit cette action jusqu'à l'organe de la vue.

Ils ajoutent que puisque les corps n'affectent point l'organe de la vue dans l'obscurité, il faut que le sentiment de la Couleur soit seulement occasionné par la lumière qui met l'organe en mouvement, et que les corps colorés ne doivent être considérés que comme des corps qui réfléchissent la lumière avec certaines modifications: la différence des couleurs venant de la différente texture des parties des corps, qui les rend propres à donner telle ou telle modification à la lumière. Mais c'est surtout à Newton que nous devons la vraie théorie des Couleurs, celle qui est fondée sur des expériences sûres, et qui donne l'explication de tous les phénomènes. Voici en quoi consiste cette théorie.

L'expérience fait juger que les, rayons de lumière sont composés de particules, dont les masses sont différentes entr'elles; du moins quelques-unes de ces parties, comme on ne sauroit guère en douter, ont beaucoup plus de vitesse que les autres : car lorsque l'on reçoit dans une chambre obscure un rayon de lumière FÉ (Pl. LXXXV,fig. 5) sur une surface réfringente AD, ce rayon ne se réfracte pas entièrement en L; mais il se divise et se répand, pour ainsi dire, en plusieurs autres rayons, dont les uns sont réfractés en L, et les autres depuis L jusqu'en G; en sorte que les particules qui ont le moins de vitesse, sont celles que l'action de la surface réfringente détourne le plus facilement de leur chemin rectiligne pour aller vers L, et que les autres, à mesure qu'elles ont plus de vitesse, se détournent moins et passent plus près de G. (Voyez RÉFRANGIBILITÉ).

De plus, les rayons de lumière qui diffèrent le plus en réfrangibilité les uns des autres, sont aussi ceux qui diffèrent le plus en Couleur; c'est une vérité reconnue par une infinité d'expériences. Les particules les plus réfractées, par exemple, sont celles qui forment les rayons violets, et cela, selon toute apparence, à cause que ces particules ayant le moins de vitesse, sont aussi

celles qui ébranlent le moins la rétine, y excitent les moindres vibrations, et nous affectent par conséquent de la sensation de Couleur la moins forte et la moins vive, telle qu'est le violet. Au contraire, les particules qui se réfractent le moins, constituent les rayons de la Couleur rouge; parce que ces particules ayant le plus de vitesse, frappent la rétine avec le plus de force, excitent les vibrations les plus sensibles, et nous affectent de la sensation de la Couleur la plus vive, telle qu'est la Couleur rouge. ( Voyez ROUGE).

Les autres particules étant séparées de la même manière et agissant suivant leurs vitesses respectives, produiront, par les différentes vibrations qu'elles exciteront, les différentes sensations des Couleurs intermédiaires, ainsi que les particules de l'air excitent suivant leurs différentes vibrations respectives, les différentes sensations des sons. ( Voyez VIBRATIONS ).

Il faut ajouter à cela, que non-seulement les Couleurs les plus distinctes les unes des autres, telles que le rouge, le jaune, le bleu, doivent leur origine à la différente réfrangibilité des rayons; mais qu'il en est de même des différens degrés,et nuances de la même Couleur, telles que celles qui sont entre le jaune et le verd, entre le rouge et le jaune, etc.

De plus, les Couleurs des rayons ainsi séparés, ne peuvent pas être regardées comme de simples modifications accidentelles de ces rayons, mais comme des propriétés qui leur sont nécessairement attachées, et qui consistent, suivant toutes les apparences, dans la vitesse et la grandeur de leurs parties; elles doivent donc être immuables et inséparables de ces rayons c'est-à-dire, que ces Couleurs ne sauroient s'altérer par aucune réfraction ou réflexion.

Or c'est ce que l'expérience confirme d'une manière sensible; car quelqu'effort qu'on ait fait pour séparer, par de nouvelles réfractions, un rayon coloré quelconque, donné par le prisme, on n'a pas pu y réussir. Il est vrai qu'on fait quelquefois des décompositions apparentes de Couleurs, mais ce n'est que des Couleurs qu'on a formées en réunissant des rayons de différentes Couleurs; et il n'est pas étonnant alors que la réfraction

fasse retrouver les rayons qu'on avoit employés pour former cette Couleur.

De là il s'ensuit que toutes les transmutations de Couleurs qu'on produit par le mélange de Couleurs de différentes espèces, ne sont pas réelles, mais de simples apparences, ou des erreurs de la vue, puisqu'aussitôt qu'on sépare les rayons de ces Couleurs, on a les mêmes Couleurs qu'auparavant : c'est ainsi que des poudres bleues et des poudres jaunes étant mêlées, paroissent à la vue simple former du verd; et que, sans leur donner aucune altération, on distingue facilement à l'aide d'un microscope, les parties bleues d'avec les jaunes.

On peut donc dire qu'il y a deux sortes de Couleurs; les unes primitives, originaires et simples, produites par la lumière homogène, ou par les rayons qui ont le même degré de réfrangibilité, et qui sont composés de parties de même vitesse et masse, telles que le rouge, l'orangé, le jaune, le verd, le bleu, l'indigo, le violet, et leurs nuances; les autres secondaires ou hétérogènes, composées des premières, ou du mélange des rayons de différentes réfrangibilités.

On peut produire, par la voix de la composition, des Couleurs secondaires semblables aux Couleurs primitives, quant au ton ou à la nuance de la Couleur, mais non par rapport à la permanence ou à l'immutabilité. On forme de cette manière du verd avec du bleu et du jaune, de l'orange avec du rouge et du jaune, du jaune avec de l'orange et du verd jaunâtre; et en général avec deux Couleurs qui ne sont pas éloignées l'une de l'autre. Dans la suite des Couleurs données par le prisme, on parvient assez facilement à faire des Couleurs intermédiaires. Il faut savoir aussi que plus une Couleur est composée, moins elle est vive et parfaite; et qu'en la composant de plus en plus, on parvient jusqu'à l'éteindre entièrement.

Par le moyen de la composition, on peut parvenir aussi à former des Couleurs, qui ne ressemblent à aucune de celles de la lumière homogène. Mais l'effet le plus singulier que peut donner la composition des Couleurs primitives, c'est de produire le blanc; il se forme en employant, à un certain degré, des rayons de toutes

les Couleurs primitives: c'est ce qui fait que la Couleur ordinaire de la lumière est le blanc, à cause qu'elle n'est autre chose que l'assemblage des lumières de toutes les Couleurs mêlées et confondues ensemble. (Voyez Blancheur ).

La réfraction que donne une seule surface réfringente, produit la séparation de la lumière en rayons de différentes Couleurs; mais cette séparation devient beaucoup plus considérable, et frappe d'une manière tout-àfait sensible, lorsqu'on emploie la double réfraction causée par les deux surfaces d'un prisme ou d'un morceau de verre quelconque, pourvu que ces deux surfaces ne soient pas parallèles.

Comme les expériences que l'on fait avec le prisme, sont la base de toute la théorie des Couleurs, nous allons en donner un précis.

1o. Les rayons du soleil traversant un prisme triangulaire, donnent sur la muraille opposée une image de différentes Couleurs, dont les principales sont le rouge, le jaune, le verd, le bleu et le violet. La raison en est, que les rayons différemment colorés sont séparés les uns des autres par la réfraction; car les bleus, par exemple, marqués ( Pl. LXXXV, fig. 6) par une ligne ponctuée, après s'être séparés des autres en dd, par la première réfraction occasionnée par le côté c a du prisme abc (ou par la première surface du globe d'eau ebc, fig. 7) viennent à s'en écarter encore davantage en ee par la réfraction du même sens, que produit l'autre côté du prisme, (ou la seconde surface du globe ebc): il arrive au contraire dans le verre plan abcf, fig. 9, (ou sur le prisme glo, fig. 8, placé dans une autre situation), que les mêmes rayons bleus, qui avoient commencé à se séparer par la première surface en dd, deviennent, par une seconde réfraction, parallèles à leur première direction, et se remêlent par conséquent avec les autres rayons.

2o. L'image colorée n'est pas ronde, mais oblongue, sa longueur étant environ cinq fois sa largeur, lorsque l'angle du prisme est d'environ 60 ou 65 degrés. La raison en est, que cette image est composée de toutes les images particulières que donne chaque es

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