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Le docteur s'Gravesande est à-peu-près dans le même sentiment; selon lui, le feu entre dans la composition de tous les corps, se trouve renfermé dans tous les corps, et peutêtre séparé et exprimé de tous les corps, en les frottant les uns contre les autres, et mettant ainsi leur feu en mouvement. Element. Physi. tom. II, cap. I.

Un corps n'est sensiblement chaud, continue-t-il. que lorsque son degré de Chaleur excède celui des organes de nos sens; de sorte qu'il peut y avoir un corps lumineux sans qu'il ait aucune Chaleur sensible; et comme la Chaleur n'est qu'une qualité sensible, pourquoi ne pourroit-il pas y avoir un corps qui n'eût point de Chaleur du tout?

La Chaleur dans le corps chaud, dit le même auteur, est une agitation des parties du corps effectuée par le moyen du feu contenu dans ce corps; c'est par une telle agitation que se produit dans nos corps un mouvement qui excite dans notre ame l'idée du chaud; de sorte qu'à notre égard la Chaleur n'est autre chose que cette idée, et dans le corps, que, elle n'est autre chose que le mouvement. Si un tel mouvement chasse le feu du corps en ligne droite, il peut faire naître en nous l'idée de lumière; et s'il ne le chasse que d'une manière irrégulière, il ne fera naître en nous que l'idée du chaud.

Feu Lemery, mort en 1743, s'accorde avec ces deux auteurs, en soutenant que le feu est une matière particulière, et qu'elle ne peut être produite, mais il étend ce principe plus loin. Il ne se contente point de placer le feu dans les corps comme un élément ; il se propose même de prouver qu'il est répandu également par-tout, qu'il est présent en tous lieux, et dans les espaces vides aussi bien que les intervalles insensibles qui se trouvent entre les parties des corps. Mémoires de l'Académie, année 1713.

Il semble qu'il y a de l'absurdité à dire que l'on peut échauffer des liqueurs froides avec de la glace; cependant Boyle nous assure que la chose est très-aisée, en ôtant d'un bassin d'eau froide où nagent plusieurs morceaux de glace, un ou deux de ces morceaux bien imbibés de la liqueur, et en les plongeant tout-à-coup dans un verre dont l'ouverture soit fort large, et où il y

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ait de l'huile de vitriol; car la menstrue venant à se mêler d'abord avec l'eau qui adhère à la glace, produit dans cette eau une Chaleur très-vive, accompagnée quelquefois d'une fumée visible; cette fumée venant à dissoudre promptement les parties contigues de la glace, et cellesci les parties voisines, toute la glace se trouve bientôt réduite en liqueur ; la menstrue corrosive ayant été mêlée avec le tout par le moyen de deux ou trois secousses, tout le mélange s'échauffe quelquefois au point que l'on ne sauroit tenir dans la main le vase qui le contient.

Nous avons aujourd'hui un moyen bien plus simple pour rendre raison de la Chaleur des corps. On sait que la matière du feu ou de la chaleur, que les modernes ont appelée calorique, est répandue par- tout; que ce calorique est dans les corps dans deux états; en état de combinaison, et en état de liberté. Dans le premier cas, il ne cause aucune Chaleur sensible : dans le second, il cause une chaleur d'autant plus grande qu'il est plus abondant. Mais quelque abondant qu'il soit dans un corps, il ne peut jamais ni l'enflammer, ni le brûler que son action ne soit aidée par quelque moyen qui lui soit étranger. (Voyez FEU ).

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Il y a une grande variété dans la Chaleur des différens lieux et des différentes saisons, Les naturalistes soutiennent communément que la Chaleur augmente à mesure qu'on approche du centre de la terre; mais cela n'est point exactement vrai. En creusant dans les mines, puits, etc. on trouve qu'à peu de distance de la surface de la terre, commence à sentir de la fraîcheur; un peu plus bas, on en sent davantage; et lorsqu'on est parvenu au point où les rayons du soleil ne peuvent répandre leur Chaleur, l'eau s'y glace ou s'y maintient glacée, c'est cette expérience qui a fait inventer les glacières, etc. mais quand on va encore plus bas, savoir, à 40 ou 50 pieds (environ 15 mètres) de profondeur, on commence à sentir de la Chaleur, de sorte que la glace s'y fond; et plus on creuse au-delà, plus la Chaleur augmente jusqu'à ce qu'enfin la respiration y devient difficile, et que la lumière s'y éteint.

C'est pourquoi quelques-uns ont recours à la supposition d'une masse de feu placée au centre de la terre,

qu'ils regardent comme un soleil central et comme le grand principe de la génération, végétation, nutrition, etc. des fossiles et des végétaux. (Voyez FEU CENTRAL, TERRE, TREMBLEMENT DE TERRE, etc.)

Mais Boyle qui a été lui - même au fond de quelques mines, croit que ce degré de Chaleur que l'on sent dans ces mines, ou du moins dans quelques-unes, doit être attribué à la nature particulière des minéraux qui s'y trouvent; ce qu'il confirme par l'expérience d'un minéral d'espèce vitriolique qu'on tire de la terre en grande quantité en plusieurs contrées d'Angleterre, et qui étant arrosées simplement d'eau commune, s'échauffe jusque au point de prendre feu.

D'un autre côté, à mesure que l'on monte de hautes montagnes, l'air devient froid et perçant; ainsi, les sommets des montagnes de Bohême, nommées Pics de Theide, le Pic de Ténériffe, et de plusieurs autres montagnes, même de celles des climats les plus chauds, se trouvent toujours couverts et environnés de neige et de glace que la Chaleur du soleil n'est jamais capable de fondre. Sur quelques montagnes du Pérou, au centre de la zone torride, on ne trouve que de la glace. Les plantes croissent au pied de ces montagnes; mais vers le sommet, il n'y a point de végétaux qui puissent croître à cause du froid excessif. On attribue cet effet à la subtilité de l'air dont les parties sont trop écartées les unes des autres à une si grande hauteur, pour réfléchir une assez grande quantité de rayons du soleil ; car la Chaleur du soleil réfléchi par les particules de l'air, échauffe beaucoup plus que la Chaleur directe.

Chaleur des différens climats de la terre. La diversité de la Chaleur des différens climats et des différentes saisons naît en grande partie des différens angles sous lesquels les rayons du soleil viennent frapper la surface de la terre. Voyez CLIMAT.

On démontre en mécanique qu'un corps qui en frappe perpendiculairement un autre, agit avec toute sa force, et qu'un corps qui frappe obliquement, agit avec d'autant moins de force que sa direction s'éloigne davantage de la perpendiculaire. Le feu étant lancé en ligne directe, doit

et par conséquent son action doit être mesurée par le sinus de l'angle d'incidence; c'est pourquoi le feu, venant à frapper un objet dans une direction parallèle à cet objet, ne produit point d'effet sensible, parce que l'angle d'incidence étant nul, le rapport du sinus de cet angle au sinus total est comme zéro à un, c'est-à-dire, nul; par conséquent le soleil n'a encore aucune Chaleur lorsqu'il commence à répandre ses rayons sur la terre.

Un auteur célèbre a fait, en conséquence de ce principe, un calcul mathématique de l'effet du soleil en différentes saisons et sous différens climats : voici une idée de ce calcul, sur lequel nous ferons ensuite quelques réflexions. Halley part de ce principe que l'action simple du soleil comme toute autre impulsion ou percussion, a plus ou moins de force en raison des sinus des angles d'incidence, d'où il s'ensuit que la force du soleil,frappant la surface de la terre à une hauteur quelconque, sera à la force perpendiculaire des mêmes rayons, comme ce sinus de la hauteur du soleil est au sinus total.

De là il conclut que le temps pendant lequel le soleil continue d'éclairer la terre, étant pris pour base, et les sinus de la hauteur du soleil étant élevés sur cette base comme des perpendiculaires, si on décrit une ligne courbe par les extrémités de ces perpendiculaires, l'aire de cette courbe sera proportionnelle à la somme ou totalité de la Chaleur de tous les rayons du soleil dans cet espace de temps.

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Il conclut de là aussi que, sous le pole arctique, somme de toute la Chaleur d'un jour de solstice d'été est proportionnelle à un rectangle du sinus de 23 grés par la circonférence d'un cercle: 'or, le sinus de 23 degrés fait à-peu-près les du rayon, et les rayon qui en sont le double, sont à-peu-près le sinus de 53 degrés, dont le produit par la demi-circonférence ou par 12 heures sera égal au produit ci-dessus : d'où il infère que la Chaleur polaire, le jour du solstice, est égale à celle du soleil, échauffant l'horizon pendant 12 heures à 53 degrés constans d'élévation. Comme il est de la nature de la Chaleur de rester dans le sujet, après la retraite du corps qui l'a occasionnée, et surtout de continuer dans l'air, l'absence de 12 heures

que fait le soleil sous l'équateur ne diminue que fort peu la Chaleur ou le mouvement imprimé par l'action précédente de ses rayons; mais sous le pole l'absence de six mois que fait le soleil, y laisse régner un froid extrême; de sorte que l'air y étant comme gelé et couvert de nuages épais et de brouillards continuels, les rayons du soleil ne peuvent produire sur cet air aucun effet sensible, avant que cet astre se soit rapproché considérablement du pole.

A quoi il faut ajouter que les différens degrés de chaud et de froid, qu'il fait en différens endroits de la terre, dépendent beaucoup de leur situation, des montagnes dont ils sont environnés et de la nature du sol; les montagnes contribuant beaucoup à refroidir l'air par les vents qui passent sur leur sommet, et qui se font ensuite sentir dans les plaines. Voyez VENT.

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Les montagnes, qui présentent au soleil un côté confont quelquefois l'effet d'un miroir ardent sur la plaine qui est au bas. Les nuées qui ont des parties concaves ou convexes, produisent quelquefois le même effet par réflexion ou par réfraction: il y a même des auteurs qui prétendent que cette forme de nuages suffit pour allumer les exhalaisons qui se sont élevées dans l'air, et pour produire la foudre, le tonnerre et les éclairs. Voyez MONTAGNE, MIROIR ARDENT, etc.

Pour ce qui est de la nature des sols, on sait qu'un terrein pierreux, sablonneux, plein de craie, réfléchit la plupart des rayons et les renvoie dans l'air, tandis qu'un terrein gras et noir absorbe la plupart des rayons, et n'en renvoie que fort peu, ce qui fait que la Chaleur s'y conserve long-temps. Voyez BLANCHEUR, etc.

Ce qu'on vient de dire est confirmé par l'expérience qu'en font les paysans qui habitent les marais à tourbes; car en s'y promenant, ils sentent que les pieds leur brûlent, sans avoir chaud au visage au contraire, dans quelques terreins sablonneux à peine sent-on de de la Chaleur aux pieds, tandis que le visage est brûlé par la force de la réflexion.

Une Table construite par l'auteur dont nous avons parlé, donne la Chaleur pour chaque dixième degré de latitude aux jours tropiques équinoxiaux, et par ce moyen

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