deur dans cette image! Le Ciel eft fous fes pieds, &c. Un beau génie vient à bout d'exprimer dans le langage de la Poëfie tout ce qu'il y a de plus difficile. Peut-on mieux * définir le profond Myftere de la Sainte Trinité? La puiffance & l'amour avec Pintelli gence, unis & divife's compofent fon effence. Le reste de cette image du Ciel & du bonheur des Saints eft de la même beauté, & on peut dire que les expreffions répondent à la Majefté du fujet autant que des paroles humaines en font capables, Le Lecteur ne défaprouvera peut-être pas que nous placions ici la traduction de THymne admirable que l'Eglife de Paris chante aux Vêpres du Dimanche & qui commence par ces mots : O luce qui mortalibus, &c. Comme tout le monde n'est pas en état de fentir la beauté de la Poëfie latine, on la traduite en Vers à l'occafion d'un petit Livre de Priéres domestiques, intitulé La journée du pieux Laïque, qui 2 été donné au Public, Les connoiffeurs ont trouvé que cette traduction approchoit fort de la beauté du texte. Le fonds du fujet ce font les fentimens d'une Ame Chrétienne à qui les jours de Fête de l'Eglife rappellent le louvenir de la Fête éternelle que les Elus célébreront un jour dans le Ciel, & qui soupire après cet heureux jour. O Dieu qui dans les feux des clartés éternelles Dans un faint tremblement fe couvrent de leurs Dans ce bas Univers, un voile épais & fombre Couvre nos pas errans ; la Foi seule nous luit; Mais votre jour, Seigneur, diffipera cette om bre, Et fera fans retour difparoître la nuit. * Ce jour, cet heureux jour, figuré par nos Fères ; Vous nous le préparez, ô Dieu plein de bonté. Le grand Aftre qui brille en fon plein fur nos têtes, N'eft qu'un foible rayon de fa vive clarté, 灣 Que vous tardez long-tems pour une Ame fidele! O jour! après lequel nous devons foupirer; * Ah! quand de fes liens notre Ame dégagée, Suprême Trinité, faites par votre grace Sorpirs d'une Ame vers le Ciel. Les Vers fuivans ont une fi étroite liaifon avec les fujets ci-deffus, & les fentimens y font exprimés avec tant de douceur, qu'on ne craint pas de fatiguer le Lecteur en les lui mettant fous les yeux, Non, je ne fuis point fait pour poffeder la Terre ; Quand ne ferai je plus avec moi-même en guerre ? Qui me délivrera de ce corps de péché ? Loin de ce lieu d'horreur, de ce gouffre de maux,' Jirois, ję yolerois dans le fein du repos, Là de ce corps impur les ames délivrées, Et riches de ces biens que l'œil ne fauroit voir loir. De ce Royaume heureux Dieu bannit les al larmes, Et des yeux de fes Saints daigne effuyer les lar mes; 'C'est-là qu'on n'entend plus ni plaintes ni fou pirs ; Le Coeur n'a plus alors ni craintes ni défirs. Une jufte douleur tient nos langues captives; chans, O Celeste Sion, faire entendre tes chants? (a) Super Flumina Babylonis illic fedimus & flerimus cùm recordaremur Sion. Pf. 136. (b) In falicibus in medio ejus fufpendimus Organa noftra..... Quomodo cantabimuş Canticum Domini in Terra aliena.... Ibid, Languiffent en filence aux faules fufpendues Quand irai-je au torrent de ta volupté pure Poëme de Racine. REMARQUE S. On peut voir par ce morceau & par plu~. heurs autres que nous avons rapporté, que, la Poëfie travaillée par une main habile eft très-capable de parler le langage de la piété, & de la piété la plus tendre & la plus affectueufe, ce que bien des perfonnes croyoient impoffible. Sonnet de Des Barreaux. C'eft le langage d'un Pécheur pénitent. Grand Dieu, tes Jugemens font remplis d'é quité, Toujours tu prens plaisir à nous être propice; |