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La commission a été unanime à reconnaître le mérite de son travail, et l'Académie, ratifiant ce jugement, lui a décerné le prix.

L'auteur du mémoire est M. l'abbé Genet, de Charleville, déjà couronné en 1876 par l'Académie, pour son étude sur Lévesque de Pouilly.

L'histoire naturelle aura aussi cette année une part dans nos récompenses. Il y a quelques mois à peine, l'un de nos membres correspondants les plus actifs, M. Lescuyer, de SaintDizier, obtenait une médaille d'argent lors de la réunion annuelle des sociétés savantes des départements, pour ses patientes recherches sur les oiseaux de la vallée de la Marne. « Depuis plusieurs années, disait le rapporteur des travaux scientifiques du Congrès, M. Lescuyer, observateur zélé, étudie avec une rare persévérance les mœurs de ces mignonnes créatures; il enregistre avec l'exactitude d'un statisticien l'époque du retour des espèces voyageuses, le moment de leur départ pour des climats plus doux, l'heure du réveil matinal de chacune d'elles; il s'applique à bien connaître l'industrie déployée par ces habiles architectes, dont la science est innée et dont les œuvres sont admirables; il écrit leur biographie, et il a vu de ses propres yeux tout ce dont il parle.

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L'Académie ne peut que s'associer à ces éloges, et elle est heureuse de témoigner à M. Lescuyer son estime pour ses savants travaux en lui accordant une médaille d'or.

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RAPPORT

SUR LE

CONCOURS DE POÉSIE

Par M. LESEUR, Membre titulaire.

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MESSIEURS,

Que de fois n'entend-on pas répéter: la poésie se meurt la poésie est morte! La poésie ne peut pas mourir. Ne répond-elle pas à un besoin trop intime du cœur de l'homme? N'est-elle pas comme un don du ciel? Aussi vieille que le monde, elle ne périra qu'avec lui.

Mais, sans m'arrêter autrement à soutenir cette thèse tant de fois traitée et dont les développements m'entraîneraient trop loin, qu'il me suffise d'opposer à ces tristes médecins tantpis le démenti que vient encore de donner à leur pessimisme notre concours de cette année.

A votre appel dix-sept concurrents ont répondů et se sont empressés de soumettre leurs œuvres à vos suffrages. A côté des deux pièces que vous avez jugées dignes de récompense, presque toutes les autres se sont recommandées à vos bienveillants encouragements par des

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lités diverses, que vous avez été heureux de constater comme autant d'avant-coureurs non douteux de succès prochains.

Nous allons, si vous le voulez bien, les passer, suivant l'usage, rapidement en revue.

Nous commencerons par ce que j'appellerai la poésie historique.

La première œuvre que nous rencontrons de ce genre est la pièce no 1, avec ces mots pour épigraphe, Monumentum ære perennius. C'est un chant dédié à la cathédrale d'Amiens; le poète y célèbre, sur un mode lyrique, l'origine du magnifique édifice, sa structure, ses proportions, les richesses de son ornementation et son histoire. L'ouvrage n'est pas sans valeur; on y rencontre de belles pensées; le style, quoique mouvementé, a néanmoins quelque peu de lourdeur, et la construction laborieuse et tourmentée des vers nuit parfois à son harmonie. La partie où le poète évoque le souvenir des personnages qui, depuis saint Louis jusqu'au premier Consul, ont passé sous les voûtes de l'auguste basilique, a de la verve, et la façon dont il vous y introduit a de la grandeur.

Lorsque, pour arriver à l'enceinte sacrée,

De ton porche béant on a franchi l'entrée,

L'œil, de ton vaste ensemble admirant la grandeur,
En pénètre d'un trait l'immense profondeur;

De tes piliers hardis s'élançant à tes voùtes

Le regard les saisit et les embrasse toutes;

On dirait, à te voir, qu'en un jour, d'un seul jet,
Réalisant soudain le merveilleux projet

Que Robert enfanta, l'architecte sublime !
Tu jaillis d'un seul coup de la base à la cîme,

Le n° 7, qui a pour épigraphe ces mots, empruntés à M. Wallon, parlant de Jeanne d'Arc, « Le plus beau nom de l'histoire », est une ode consacrée à chanter l'héroïne de Domremy. Quel sujet difficile ! Il y a, dans la vie de Jeanne d'Arc, tout à la fois tant du héros et tant de la vierge, tant de grandeur et tant de simplicité, qu'il est bien malaisé de trouver la note juste pour célébrer cette admirable vision de notre histoire nationale. Il est à remarquer que Jeanne d'Arc, qui a inspiré tant de pages exquises de nos grands historiens, n'a pas encore trouvé, chez nos poètes, un chant vraiment digne d'elle. Pas plus que ses devanciers, notre auteur n'a échappé aux inévitables difficultés de son sujet. Cependant sa pièce est sagement composée, l'allure en est simple, la forme concise; on y voudrait plus de chaleur et plus de force. H termine par un vœu auquel tout Français ne peut que s'associer :

Un jour, dans les combats, si la France t'implore,
Jehanne, le nimbe au front, viens la guider encore.
Eh! pourrais-tu jamais, fille des champs lorrains,
Oublier, même au ciel, le doux pays de France?
Viens, et lui rends la foi, l'honneur et l'espérance
En rouvrant le chemin qui la ramène à Reims.

Le n° 15 nous transporte en pleine histoire contemporaine; il a pour épigraphe: Sursum corda, et pour titre, Léon XIII; l'élection du successeur de Pie IX en est le sujet. C'est un ouvrage important, qui ne compte pas moins de deux cents vers. La conception a de l'am

pleur; après le prologue, l'extase: Pie IX est mort; avant l'élection, celui qui doit être son successeur a une vision révélatrice de l'état troublé du monde; partout il voit la guerre promise à l'idée catholique; le trône pontifical sera un calvaire; qu'importe? Dieu l'appelle :

Et son regard planait de l'un à l'autre bout,
De l'Occident qui râle à l'Orient qui sombre;
Mais la croix de Jésus, debout dans sa pénombre,
Dominait Rome encore, cet autre Golgotha
Qui domine le monde; et le Pape y monta.

L'élection s'accomplit; l'élu est proclamé :

Et soudain l'univers s'entendit appeler

Par des voix qui parlaient aux foules catholiques :
Oh! faites retentir l'airain des bas liques,
Car le pape était mort, il est ressuscité.

Enfin, dans une sorte d'épilogue, le poète jette un coup d'œil sur l'avenir, et, s'il y voit la lutte, il y salue le triomphe de l'Eglise.

L'auteur, qui signe un chrétien, ajoute : « Poète d'hier, qu'on me pardonne mes imperfections. » Sans doute son œuvre en compte, et plus d'une; on peut lui reprocher une certaine obscurité, fruit accoutumé de l'inexpérience, de l'emphase, l'ordinaire défaut de la jeunesse; mais il y a aussi, et plus encore, des pensées fortes, élevées, de la chaleur, et tous les sûrs indices du talent. Le poète d'hier pourra bien devenir le lauréat de demain.

Le n° 14, avec ces mots, In manus, pour épi

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